Nasser Bourita : 30 vols prévus cette semaine pour rapatrier les Marocains bloqués à l’étranger

Le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, fait le point sur la situation des Marocains bloqués à l’étranger lors de la séance des questions orales au Parlement. Extraits.

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Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères. Crédit: MAP

“Nous avons retardé le retour des Marocains bloqués à l’étranger en prévention de la propagation du coronavirus. À chaque fois que je viens au Parlement, au sujet des affaires diplomatiques du pays, ou de la cause nationale du Sahara, je veille à avoir une parole responsable, objective et transparente. Et c’est ce que je compte faire avec vous aujourd’hui, au sujet des citoyens bloqués à l’étranger.”

Bilan des mesures

“Si vous le permettez, je vais construire mon exposé autour de quatre observations initiales et vous faire part ensuite des trois étapes de gestion de cette crise.”

“La première observation est la réussite de notre pays grâce au leadership et à la sagesse de Sa Majesté le roi Mohammed VI dans la limitation de la propagation du coronavirus. Cette réussite est le fruit de décisions courageuses, bien étudiées et raisonnables. La fermeture des frontières fait partie de ces grandes décisions. Elle a été actée au début du mois de mars en guise de mesure préventive, un choix décisif pour le renforcement des autres mesures prises pour lutter contre le Covid-19. Cela a sans aucun doute permis à notre pays d’éviter plusieurs complications, et grandement contribué au contrôle de la situation épidémiologique du pays.”

“Nous avons tous été amenés, d’une manière ou d’une autre, à faire des sacrifices”

“La deuxième observation est que toutes les mesures décisives qui ont été prises dans la gestion de la pandémie ne nous ont pas laissés indemnes. Elles ont naturellement eu des conséquences, comme toutes les décisions et les mesures. Voilà pourquoi ces décisions sont difficiles à prendre. Je cite, à titre d’exemple, les restrictions de sortie, la fermeture des écoles, la fermeture des mosquées. Nous avons tous été amenés, d’une manière ou d’une autre, à faire des sacrifices dans la mise en place de ces décisions nécessaires. Le plus important reste la protection de la santé et de la vie du citoyen.”

“En troisième lieu, la pandémie a touché sans distinction tous les pays du monde. C’est inédit. Nous n’avions ni protocole préexistant à appliquer ni recette afin de faire face à la situation. Chaque pays a tenté de faire de son mieux selon ses moyens et ses contraintes. Des débats ont eu lieu sur des choses qui semblent aujourd’hui évidentes. Il y a eu débat sur le port obligatoire du masque, sur l’efficacité de la chloroquine, et même sur l’efficacité du confinement. Cela démontre que les comparaisons entre les manières de chaque pays dans la gestion de crise sont souvent simplistes et sans intérêt vu que chaque pays a réagi selon ses conditions propres. Les leçons à tirer sont dans les résultats. Devant ces situations sans précédent, les décisions sont prises selon un facteur unique : sauver les vies des citoyens.”

“En quatrième lieu, on constate que notre pays a connu une mobilisation nationale dans la gestion de la Covid-19. Cette réponse positive a pu voir le jour grâce à la vision éclairée de Sa Majesté le roi Mohammed VI, à la mobilisation des forces de l’ordre et de l’armée. Cela a également été possible grâce aux citoyens qui ont respecté les mesures de sécurité.”

Étapes du rapatriement

“L’opération de rapatriement des Marocains bloqués à l’étranger est passée par trois étapes.”

“La première étape a duré du 15 mars à la fin du mois d’avril. En toute clarté, transparence, et responsabilité durant cette étape, j’ai dit qu’il était impossible de rapatrier les citoyens bloqués à l’étranger pour des raisons purement objectives. La situation épidémiologique au Maroc posait plusieurs défis. Nous assistions à l’époque à une recrudescence du nombre de contaminations après un premier cas venu de l’étranger.”

“En deuxième lieu, la priorité était de protéger la population et d’utiliser les modestes ressources qu’on avait à disposition pour mettre en place les conditions adéquates afin de faire face à la pandémie.”

“Aurait-il été possible de rapatrier les citoyens bloqués à l’étranger alors que nous étions incapables de faire passer plus de 100 tests de dépistage par jour en mars et 2000 en avril ?”

“En troisième lieu, la formule qu’envisageait le Maroc dans le rapatriement des citoyens nécessitait des ressources logistiques et de structures hospitalières en mesure d’absorber tous les besoins. À l’époque, ces ressources n’étaient pas du tout disponibles. Était-il concevable de rapatrier les citoyens bloqués à l’étranger alors que le niveau de létalité dépassait les 7 % et que la production de masques en quantité suffisante n’était pas assurée ? Aurait-il été possible de rapatrier les citoyens bloqués à l’étranger alors que nous étions incapables de faire passer plus de 100 tests de dépistage par jour en mars et 2000 en avril ? Le stock de tests de dépistage ne suffisait parfois pas à couvrir les besoins de trois jours.”

“En toute objectivité, qui aurait pu assumer la responsabilité de rapatrier les citoyens bloqués à l’étranger, les exposant ainsi eux et leurs proches à un danger sanitaire ? Du 15 mars au 20 avril, nous n’avions que deux options : tenter d’alléger les souffrances des citoyens bloqués et travailler en interne pour préparer le retour des citoyens.”

“La deuxième étape, qui a commencé le 15 mai, donne la priorité aux citoyens les plus précaires. C’est le critère déterminant pour l’ordre de rapatriement. Nous avons établi un protocole strict qui nécessite une préparation minutieuse.”

“La troisième étape a commencé dimanche 21 juin. On n’exploitait jusqu’à présent que les 2/3 de la capacité des avions, maintenant nous allons passer à 100 % de la capacité des avions, ce qui nous permettra d’augmenter de 50 % le nombre des rapatriés.”

“Nous allons ainsi augmenter le nombre de rapatriés à 4644. Ils étaient 3051 jusqu’à présent”

“Du 21 juin au 27 juin, nous prévoyons de faire 30 vols. Ce qui correspond à ce qu’on a fait durant le mois et demi passé. Cette semaine, l’opération concernera les Marocains de beaucoup d’autres pays. En plus de pays avec un nombre important de Marocains bloqués, comme la France par exemple, nous allons rapatrier des Marocains des pays voisins.”

“Cette opération de rapatriement va concerner 17 pays au total (sic) : Turquie, Serbie, Hongrie, Autriche, Tunisie, Émirats arabes unis, France, Belgique, Italie, Portugal, Suisse, Pologne, Pays-Bas, Sénégal, Mauritanie et Royaume-Uni.”