Avec le décès de Ssi Abderrahmane, le Maroc perd un véritable homme d’État qui mettait toujours les intérêts supérieurs de la nation au dessus de toute autre considération. Ssi Abderrahmane n’était pas un politicien ordinaire. C’était un homme d’État dans la mesure où un politicien classique pense constamment aux prochaines élections, alors qu’un homme d’État pense d’abord aux prochaines générations.
C’était un défenseur infatigable des libertés et il a payé un lourd tribut pour son engagement et son combat en faveur des droits de l’homme tels que définis universellement. Il était également un partisan acharné de l’égalité des sexes et des droits de la femme. Personnellement, je peux témoigner qu’il était mon principal soutien dans le combat pour le « Plan d’Intégration de la femme au développement » (prélude à la Moudawana). Je me souviens qu’il se préparait à recevoir l’ex-secrétaire d’état américaine, Madeleine Albright. Mais juste avant cela, il a tenu à m’appeler pour me demander de lui faire une note sur l’évolution de la situation de la femme, et ce, afin de montrer sa fierté du fait que son gouvernement était porteur d’un projet aussi avant-gardiste. Il en faisait un indicateur emblématique de l’engagement du Maroc pour la modernité.
Sur un plan purement personnel, Ssi Abderrahmane était mon parrain. C’est à lui que je dois mon poste de ministre, car c’est lui qui avait demandé à recevoir mon CV alors que je ne figurais pas sur la deuxième liste des ministrables. Son décès est une perte cruelle pour nous tous. Mais sa mémoire restera vive et vivante. Il nous a quittés par le corps mais son histoire, son âme et son engagement demeureront toujours avec nous.