S’il y a bien une chose qu’on ne pourra retirer à Youssoufi, c’est qu’il aura su rester fidèle à ses principes jusqu’à la fin de sa vie »
Ce que Nabil Benabdallah retient d’Abderrahmane Youssoufi, c’est avant-tout l’image “d’un homme bon”, mais aussi “affable, modeste, qui avait ce sens du mot en parlant peu, mais toujours avec une grande éloquence”. Disparu des suites d’une longue maladie dans la nuit du jeudi 28 au vendredi 29 mai, l’ancien Premier ministre Abderrahmane Youssoufi incarne “le produit de son temps” pour le secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme.
“Il a été éduqué dans de grandes écoles, tout en ayant fréquenté les plus grands, aussi bien au sein du mouvement national marocain que parmi les grands dirigeants du pays, mais aussi à travers le monde, notamment du fait de la situation d’exil qui a été la sienne pendant de nombreuses années”, explique Nabil Benabdallah. Avant de résumer : “Lorsque l’on a un parcours comme celui-ci, âpre, difficile, on apprend à avoir beaucoup de mesures et en même temps beaucoup de pertinence.”
“Je n’ai eu l’occasion de rencontrer Abderrahmane Youssoufi, de manière directe, qu’à la moitié des années quatre-vingt-dix où il m’a été donné de participer – très jeune – à certaines réunion de la Koutla démocratique. Monsieur Youssoufi avait alors succédé à un autre grand, Abderrahim Bouabid à la tête de l’Union socialiste des forces populaires.”
La trace politique laissée
“Il a eu des rapports privilégiés avec Hassan II et il a été le premier Premier minsitre de Mohammed VI et du nouveau règne. En ce sens, il a marqué.
De lui, sur le plan politique, je retiens surtout la constance. C’est un homme qui, très jeune, a épousé la cause de l’indépendance nationale, mais aussi la cause des plus déshérité. Il est ensuite resté attaché à une vision démocratique de l’indépendance et, pour cela, il a du affronter les conditions de l’exil. Il est resté sur la même ligne, tout en gardant respect et considération pour ce pays. Il n’était pas le genre à se répandre en insanité et en calomnie à partir de l’étranger, à l’égard du Maroc. Et ce, malgré sa qualité d’opposant. Il savait exprimer des positions et des principes, tout en respectant son pays et ses instituions.
Lorsqu’il a été question de préparer une certaine forme d’alternance, il a préféré claquer la porte et est revenu pour diriger un gouvernement d’alternance, de transition démocratique. À mon sens, il a probablement ouvert la voie, dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui.
Il est indéniable que sa marque sera indélébile. Tant pour le fait d’avoir dirigé cette expérience de transition démocratique avec tous les succès qu’il a pu rencontrer. Comme pour tout homme politique, d’aucuns retiendront quelques imperfections ici et là, ce qui est normal dans le parcours d’un homme et d’un militant. Mais s’il y a bien une chose qu’on ne pourra lui retirer, c’est qu’il aura su rester fidèle à ses principes jusqu’à la fin de sa vie.”