Driss Lachgar: "Grâce à Youssoufi, j'ai su qu'il fallait dépasser les règlements de compte dans notre gestion de l’USFP"

Actuel premier secrétaire de l’USFP, Driss Lachgar était proche de Abderrahmane Youssoufi qui fut l’un de ses prédécesseurs. Dans ce témoignage, il raconte comment le défunt Premier Ministre l’a soutenu lors d’une période critique pour l’USFP.

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Habib El Malki et Driss Lachgar lors des obsèques d'Abderrahmane Youssoufi. Crédit: AIC Press

Je m’informais régulièrement de son état de santé. Ses amis de l’étranger m’appelaient régulièrement pour demander de ses nouvelles. La dernière personne à m’avoir appelé à ce sujet est le secrétaire général de l’Internationale socialiste, Luis Ayala. Ssi Abderrahmane fait partie des figures remarquables de son époque.

Il a pu vivre des épisodes très importants de son pays. Il a connu Mohammed V, a participé à la guerre de libération au sein du mouvement national et dans toute l’Afrique du Nord. Il a ensuite accompagné Feu Hassan II et a mené, à ses côtés, le gouvernement d’Alternance démocratique qui a permis d’initier une nouvelle phase marquée par l’intronisation de Sa Majesté le roi Mohammed VI. Il a dû gérer des dossiers épineux durant l’Alternance. Rien n’était facile pour Abderrahmane Youssoufi.

L’attitude du roi vis-à-vis de Ssi Abderrahmane, et le fait qu’il s’informait régulièrement de son état de santé, témoignent de la valeur de cet homme. C’est un représentant de la classe politique dans le sens noble du terme. C’est grâce à lui que j’ai su qu’il fallait placer la nation en premier et qu’il fallait dépasser les règlements de compte dans notre gestion de l’USFP. Il a également montré la voie aux défenseurs des droits de l’Homme de toute la région pour traiter  avec les organisations internationales.

L’un de mes souvenirs les plus marquants avec Abderrahmane Youssoufi est le moment où il a su trouver les mots pour me convaincre de prendre la parole lorsque la méthodologie démocratique n’a pas été respectée (suite à la nomination de Driss Jettou au poste de Premier ministre malgré la victoire de l’USFP lors des élections législatives de 2002, ndlr). J’étais alors président du groupe parlementaire de l’USFP à la Chambre des représentants et, comme de nombreux dirigeants de l’époque, je n’avais pas encore assimilé la nature de notre participation dans le gouvernement Jettou.

J’avais initialement refusé d’intervenir en demandant à un membre du groupe de me remplacer. Mais Youssoufi a insisté pour que je prenne la parole en manifestant le soutien du Parti au gouvernement Jettou et en vue d’assurer la pleine participation du Parti et de l’ensemble de ses composantes.  Lorsque j’ai prononcé mon discours, un des camarades (du Parti, ndlr) m’a passé Abderrahmane Youssoufi au téléphone qui m’a félicité.  Il m’a également remercié d’avoir pris mes responsabilités dans de telles conditions.  Je serai toujours fier d’avoir soutenu l’Alternance dès le départ et jusqu’au passage du Parti dans l’opposition en 2007.