Une maladie touchant les enfants potentiellement liée au coronavirus

Des scientifiques britanniques et italiens tentent d’établir un lien entre le coronavirus et une maladie inflammatoire infantile après des cas d’enfants présentant des symptômes.

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Une unité Covid-19 en Italie, le 24 mars. Crédit: Alberto PIZZOLI/AFP

Que ce soit dans le nord de l’Italie, un des pays européens les plus touchés par le Covid-19, ou au Royaume-Uni, de nombreux médecins ont signalé des cas de nourrissons et enfants de moins de 9 ans présentant des cas sévères de fièvre assortie d’une dilatation anormale des artères, typique de la rare maladie de Kawasaki.

Des questions se posent

Les autorités sanitaires britanniques tentent d’établir un lien entre la pandémie de coronavirus et une maladie grave touchant depuis peu un petit nombre d’enfants, a indiqué ce mardi 28 avril le ministre de la Santé Matt Hancock.

“C’est une nouvelle maladie qui, selon nous, peut être causée par le coronavirus”

Matt Hancock, ministre de la Santé

Cette maladie apparue récemment ressemble à la maladie de Kawasaki, un syndrome vasculaire affectant les jeunes enfants et dont la cause reste indéterminée. “C’est une nouvelle maladie qui, selon nous, peut être causée par le coronavirus”, a déclaré le ministre à la radio LBC. “Nous ne sommes pas sûrs à 100 % parce que certaines des personnes qui l’ont contractée n’ont pas été testées positives (au coronavirus). Nous faisons donc actuellement beaucoup de recherche. Mais c’est quelque chose qui nous préoccupe”, a-t-il ajouté. Le ministre a indiqué qu’il y avait “un petit nombre de cas”.

Dans le même temps, dans une déclaration à l’agence Reuters, le cardiologue pédiatrique Matteo Ciuffreda travaillant dans un hôpital de la ville de Bergame, dans le nord de l’Italie, a annoncé “un enregistrement de plus de 20 cas d’inflammation vasculaire sévère au cours du mois dernier, soit six fois plus que ce à quoi il devrait s’attendre en un an”. Le médecin italien a par ailleurs annoncé que le premier cas de ce genre qu’il a détecté était un enfant de 9 ans testé négatif au coronavirus. “Une analyse a montré que l’enfant avait une hypertrophie coronarienne (atteinte des artères du cœur, ndlr), caractéristique des cas graves de la maladie de Kawasaki.

Le service public en alerte

Il s’agit d’une maladie très rare, mais je pense qu’il est tout à fait plausible que cela soit dû à ce virus, du moins dans certains cas”, avait déclaré lundi 27 avril le chef des services sanitaires britanniques Chris Whitty, lors de la conférence de presse quotidienne du gouvernement sur le coronavirus.

Parmi les symptômes, des douleurs abdominales, des troubles gastro-intestinaux et une inflammation cardiaque

La société britannique de soins intensifs pédiatriques (PICS) avait relayé lundi 27 avril une alerte du service public de santé anglais, NHS England, concernant une petite augmentation du nombre de cas d’enfants gravement malades, certains atteints du Covid-19, d’autres non. Leurs syndromes se rapprochaient de ceux de la maladie de Kawasaki et du syndrome du choc toxique. Parmi les symptômes des jeunes patients figurent des douleurs abdominales, des troubles gastro-intestinaux et une inflammation cardiaque.

Le professeur Russell Viner, président du Royal College of Paediatrics and Child Health (RCPCH), a rappelé qu’il y avait une faible probabilité pour que des enfants atteints du coronavirus deviennent gravement malades. “Nous savons qu’un très petit nombre d’enfants peut devenir gravement malade du Covid-19, mais c’est très rare”, a-t-il déclaré dans un communiqué, soulignant que “les enfants semblent faire partie de la population la moins touchée par cette infection”.

Il y a 16 ans, la maladie de Kawasaki était liée de façon anecdotique à un autre coronavirus connu, bien que ce lien n’ait jamais été prouvé. La recherche a été effectuée après qu’un autre coronavirus apparenté, appelé NL63, a été trouvé chez un bébé présentant des symptômes de la maladie de Kawasaki en 2004, note l’agence Reuters dans un communiqué publié ce jour.

Selon Ian Jones, professeur de virologie à l’Université de Reading en Grande-Bretagne, le virus NL63 utilise le même récepteur que le nouveau coronavirus pour infecter les humains, mais il a également souligné qu’il était trop tôt pour tirer des conclusions.

(avec agences)