Le département agricole américain estimait, déjà le 11 février dernier, une baisse de la production de blé au Maroc pour la saison 2019-2020. Si les chercheurs du pays de l’oncle Sam s’attendaient à une production de 40 millions de quintaux pour la campagne agricole 2019-2020, soit une baisse de 34 % par rapport à la moyenne sur les cinq dernières années, le ministère de l’Agriculture se montre moins optimiste.
Le département de Aziz Akhannouch estime la production des trois céréales principales à 30 millions de quintaux, soit 42 % de moins par rapport à la campagne précédente.
La pluie et le beau temps
Selon un communiqué du ministère de l’Agriculture, la campagne agricole 2019-2020 a enregistré “une pluviométrie limitée” à 205 mm au 22 avril 2020, en baisse de 34 % par rapport à la moyenne de 30 ans (323,7 mm) et de 25 % par rapport à la campagne précédente (282,1 mm) à la même date.
Le taux global de remplissage des barrages au 20 février 2020 est de 48,26 %, contre 63,54 % l’an dernier
D’après le même département, l’impact de cette faiblesse du volume des pluies a été exacerbé par une répartition spatio-temporelle mauvaise et irrégulière. À en croire le ministère, la campagne a connu de faibles précipitations à tous les stades de développement des céréales et a été également caractérisée par de longues périodes sèches (près de 40 jours) pendant les périodes de tallage et de montaison.
Le déficit pluviométrique a touché toutes les régions céréalières à un degré plus au moins important, relève le ministère, notant que dans la Chaouia et le Haouz, ce déficit a été de 50 % en moyenne, alors que dans le Saïss, le Pré-Rif et le Nord, il a varié entre 30 et 45 % avec un niveau de précipitation relativement favorable pour la croissance et le développement des céréales. Ainsi, la campagne agricole a été moyenne dans le Saïss et le Gharb et faible dans le reste des régions.
Approvisionnement du marché assuré
Malgré cette baisse prévisionnelle, le ministère se montre rassurant. “L’approvisionnement du marché en céréales demeure assuré avec un stock couvrant l’approvisionnement du pays pour plus de 4/5 mois”, indique mercredi 22 avril un communiqué du ministère, ajoutant que ce stock est renouvelé en permanence afin de maintenir une régularité dans les disponibilités de céréales sur le marché national.
“Il n’y a aucune crainte à avoir côté consommateur”
La production estimée est issue d’une superficie céréalière semée au titre de cette campagne de 4,3 millions d’hectares dont 2 millions d’hectares complètement perdus en termes de production céréalière en Bour, précise la même source. D’ailleurs, une partie de cette superficie a été reconvertie en fourrage pour les animaux dans certaines zones.
Le ministère relève que la production céréalière prévisionnelle est composée de blé tendre (16,5 millions Qx), de blé dur (7,5 millions QX) et d’orge (5,8 millions Qx). Si la prévision a de quoi inquiéter les agriculteurs du pays, elle n’aura aucun impact sur le consommateur final et pourrait même alléger les finances de l’État.
Selon une source au sein de la COMADER, “le prix de la baguette est fixé par un système administratif. Qui plus est, l’État subventionne le pain via la Caisse de compensation donc il n’y a aucune crainte à avoir côté consommateur”.
Moins de dépenses pour l’État
Le risque est d’autant plus faible que le Maroc constitue des stocks de céréales importées, car les besoins de la population ne sont jamais complètement couverts par la production locale. “La pénurie n’arrivera donc pas, car le pays s’approvisionne à l’extérieur, même lorsqu’on produit 100 millions de quintaux”, nous expliquait en mars 2019 Mohamed Ouayach, président de la Confédération marocaine de l’agriculture et du développement rural (COMADER).
Selon le rapport du ministère de l’Agriculture, en 2017, les importations de céréales du Maroc se chiffraient à 10,7 milliards de dirhams. Sur dix ans, le rapport montre que ces dernières varient entre 8,9 milliards de dirhams en 2009 et 19,2 milliards en 2012. Des importations qui proviennent de France, d’Ukraine, de Russie, du Canada. “Des céréales, nous en trouvons partout”, ajoute le président de la COMADER, écartant ainsi le risque d’être dépendant d’un fournisseur étranger qui augmenterait ses prix.
(avec MAP)