Depuis l’arrêt de la saison footballistique le 14 mars dernier, les clubs marocains sont dans l’expectative. Mais pas à l’arrêt, puisque les entraînements se déroulent désormais individuellement, à domicile, avec pour seuls témoins les caméras de téléphone. Mais pour les cadres du ballon rond joints par TelQuel Arabi, il est difficile de se faire une idée précise de la situation des clubs et des joueurs après plus d’un mois de confinement. L’impact financier, lui, est certain.
À dix journées de la fin de la Botola (plus ses deux matchs en retard), la Renaissance Sportive de Berkane pointe à la quatrième place du classement. Son vice-président Abdelmajid Madrane s’est attardé sur les contrats de sponsoring, une ressource financière importante pour les clubs de l’élite. “Pour l’instant, nous n’avons aucun contact avec nos sponsors, tout le monde attend la décision finale au sujet de l’état d’urgence sanitaire”, confie-t-il.
Selon lui, la crainte est que les clubs ne perçoivent pas la troisième tranche de la part des sponsors, qui ont été eux-mêmes impactés par la crise. Avant cela, la Fédération royale marocaine de football avait versé aux clubs, toutes divisions confondues, la deuxième tranche de sa subvention, en prévision de l’arrêt de la saison et de la fermeture des stades.
Joueurs, le maillon faible
Alors que partout en Europe, les clubs professionnels ont entamé des discussions avec leurs joueurs afin de convenir d’une baisse de salaire pour faire face à la crise, au Maroc, “la question n’a pas encore été posée”, assure Mohamed Rezki, président de l’Union nationale des agents sportifs (UNAS).
“La plupart des joueurs touchent des salaires ne dépassant pas les 6000 dirhams par mois”
D’après lui, “une telle chose est difficilement applicable au Maroc” en raison des disparités financières entre les clubs. “Chaque club devra déterminer le pourcentage en fonction de ses revenus et des salaires de ses joueurs, ajoute-t-il, d’autant plus que le joueur marocain est d’ores et déjà impacté car, en général, il vit de ses primes de matchs sachant que les salaires mensuels sont maigres.”
Bon nombre de joueurs professionnels ont fait état de difficultés financières, leurs clubs ne leur ayant pas versé de salaire, certains depuis plus de trois mois. Sont concernés le Moghreb de Tétouan, l’Ittihad de Tanger, le Kawkab de Marrakech ou encore le Widad de Témara, dont l’un des joueurs a dénoncé à TelQuel Arabi les méthodes de ses dirigeants.
“La direction communiquait quotidiennement avec nous pour nous rassurer quant au versement de nos salaires dès la perception de la troisième tranche de la subvention fédérale. Mais dès qu’ils ont reçu le virement, nos appels sont restés sans réponse”, regrette ce joueur de deuxième division ayant auparavant défendu les couleurs de plusieurs clubs de Botola 1. “À quoi bon donner de fausses promesses pour s’éclipser par la suite ?”, s’interroge-t-il, arguant que “la plupart des joueurs touchent des salaires ne dépassant pas les 6000 dirhams par mois”.
Être prêt pour la reprise
Pour les clubs, l’autre enjeu est l’état physique actuel des athlètes et leur aptitude à reprendre une activité soutenue à la levée du confinement. “Ce serait une erreur de reprendre le championnat directement après la fin du confinement”, estime Diego Mejias, préparateur physique au Wydad Casablanca.
Le risque : les blessures musculaires après une période d’arrêt aussi longue. “Les joueurs doivent également faire attention à leur régime alimentaire. Nous sommes conscients des difficultés posées par le confinement, mais ils doivent garder un poids optimal afin de faciliter et d’éviter de rallonger la reprise”, insiste Diego Mejias.
Amina Moudden pour TelQuel Arabi