Confinement : le comportement des Marocains à la loupe

En réponse à un appel de l’anthropologue Hassan Rachik, le journaliste et chercheur Mohamed Sammouni lance une étude sur le comportement des citoyens en temps de pandémie et leur rapport au pouvoir.

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Pour Hassan Rachik, “le plus dur, c’est d’adopter de nouveaux comportements en si peu de temps”. Crédit: Fadel Senna / AFP

En réponse à un appel de Hassan Rachik, anthropologue et membre de la Commission spéciale sur le modèle de développement (CSMD), le journaliste et chercheur Mohamed Sammouni a lancé un questionnaire en vue d’étudier le comportement individuel des Marocains en temps de pandémie. Dans le cadre de cette étude, il aborde également leur rapport au pouvoir, notamment aux autorités locales, à la police, au ministère de la Santé et au gouvernement.

 “Pendant cette pandémie, on remarque que les chercheurs en sciences dures n’arrêtent pas la production et qu’ils participent à la documentation de l’évolution de la situation épidémiologique, estime-t-il. Les chercheurs en sciences sociales doivent également participer à cet effort collectif avec les outils qu’ils maîtrisent dans leurs disciplines respectives”.

Réalisée sous la supervision de Hassan Rachik, l’étude qui adopte une approche quantitative invite les participants à répondre à un questionnaire disponible en ligne (en arabe et en français) sur leur ressenti et leurs habitudes du moment. “L’approche quantitative est d’ailleurs celle que j’ai utilisée pour ma thèse ‘Logique de contestation chez les jeunes militants du 20-Février’. À travers ce questionnaire, mon ambition est de collecter des données représentatives de la population marocaine qui a accès à Internet”, explique le cofondateur de mupresse.com.

L’individu face à la pandémie

Pour Mohamed Sammouni, le Maroc dispose de peu d’archives sur les épidémies qui l’ont traversé. “Si l’on revient aux données collectées pendant l’épidémie de variole qu’a connue le Maroc, on ne trouve pas assez de données. On ne trouve que les lettres de quelques sultans. Il n’y avait pas d’enquêtes qui suivaient la situation épidémiologique ou le comportement individuel des citoyens”, déplore le chercheur.

“Notre étude s’intéresse également au retour de l’homme au foyer”

Mohamed Sammouni, chercheur

Il explique que plusieurs des habitudes des Marocains ont été bouleversées, notamment avec les autorisations de sorties obligatoires, la restriction de la mobilité et les règles d’hygiène très strictes. “Ces changements ont sans aucun doute un impact sur les ménages. Sur les réseaux sociaux, on remarque que les hommes se mettent en scène en train de pétrir la pâte, en train de cuisiner. Notre étude s’intéresse également au retour de l’homme au foyer.

Les tensions au sein des ménages en raison du confinement sont également abordées dans le questionnaire. “Nous essayons de répondre à ces questionnements à travers la collecte des données. Notre ambition est de dégager des paradigmes de réponses en croisant ces dernières,” conclut notre interlocuteur.