Le seuil des 100 000 victimes dans le monde a été franchi

Le 9 janvier, un Chinois de 61 ans décède à Wuhan. C'est le premier mort officiel d'un virus que le monde va bientôt connaître sous le nom de SARS-CoV-2. Le 10 avril, trois mois plus tard, plus de 100.000 personnes ont succombé à la pandémie.

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Après l’Asie, c’est l’Europe, en mars, et désormais les Etats-Unis qui sont devenus l’épicentre d’une contagion qui a poussé plus de la moitié de la population mondiale à se confiner.

Dernière données

Malgré des règles parfois strictes mises en place, le nombre de décès quotidiens dans le monde continue d’augmenter : moins de 500 par jour mi-mars, plus de 5.000 début avril, jusqu’à près de 7.500 jeudi 9 avril. En huit jours, plus de morts ont été annoncés que durant les 84 précédents.

Au total, au moins 102 800 personnes ont été emportées par la maladie Covid-19, selon le tableau statistique de l’Université Johns Hopkins qui fait foi depuis le début de la crise. La barre des 1 700 000 cas de contamination va être franchie dans 193 pays et territoires, et 377 040 personnes ont été déclarées guéries.

Les données publiées partout dans le monde, aussi bien en terme de cas que de décès, sont toutefois loin de refléter totalement la réalité. Nombre de pays ne testent que les malades dans un état grave. Beaucoup n’ont pas de politique de tests à grande échelle, quand ce ne sont pas les moyens qui manquent, cruellement, comme en Afrique.

Des chiffres réalistes ?

« Il y a des problèmes avec tous les indicateurs, mais le nombre de cas dépend énormément du nombre de tests« , souligne l’épidémiologiste française Catherine Hill. « Le nombre de morts est un bon indicateur à condition de ne pas changer de périmètre en cours de route« , poursuit-elle. En France, par exemple, les décès dans les Ehpad (maisons de retraites pour personnes dépendantes, ndlr) n’ont été comptabilisés qu’à partir du 2 avril et il « faudrait reconstituer la série des décès quotidiens » dans ces établissements avant cette date.

Certains pays, comme l’Espagne, s’interrogent sur la sous-évaluation de leur bilan. Les personnes mortes à leur domicile ne sont généralement pas prises en compte. Avec 70 245 décès recensés pour 857 233 cas (respectivement 70% et 52% des totaux mondiaux), l’Europe, qui comptait encore moins de 10 000 morts le 22 mars, reste le principal foyer de la pandémie.

Progression fulgurante

La progression y a été fulgurante ces dernières semaines : en onze jours, le nombre des décès a été multiplié par deux pour dépasser les 70 000 le 10 avril. Un peu partout en Europe, les morgues ont été submergées, les cercueils s’alignent dans des églises de Bergame, une patinoire à Madrid, un hall du marché de Rungis en France…

L’Italie et l’Espagne sont les deux pays européens les plus durement touchés, avec respectivement 18.849 et 16 081 décès recensés. Signe d’espoir tout de même, après un pic à près de mille morts en 24 heures, le 27 mars en Italie et le 2 avril en Espagne, les chiffres quotidiens semblent avoir atteint un plateau et commencent lentement à diminuer. Ces dernières 24h, l’Italie a recensé 570 morts, l’Espagne 605.

Mais d’autres, comme le Royaume-Uni, avec 980 décès ces dernières 24h ou la Belgique, avec 496 sur la même période, voient encore la situation empirer.

Hécatombe américaine

C’est désormais aux Etats-Unis que la maladie progresse le plus vite, en particulier dans l’Etat de New York, qui a lui seul a dénombré plus de contaminations que le deuxième pays touché en nombre de cas (l’Italie) – plus de 160.000 dont 93.000 pour la mégalopole seule.

Plus de 28% des contagions mondiales étaient recensés sur le territoire américain (473.093 cas recensés) vendredi à 17h30 GMT. Même si le nombre de personnes nouvellement hospitalisées se stabilise enfin dans plusieurs États, ils étaient aussi en passe de devenir vendredi le pays comptant le plus de morts. Avec près de 2 000 nouveaux décès en 24h, les Etats-Unis enregistrent un total de 18 777 morts, 2e bilan le plus élevé au monde, derrière l’Italie.

Un modèle statistique publié par L’Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME), qui prend en compte la façon dont l’épidémie a évolué en Chine et en Europe, a toutefois revu à la baisse plusieurs fois le nombre total de morts que le coronavirus risque de faire aux Etats-Unis : de 93 000 à 82 000 puis à 60 000 décès. Ce modèle de prévision s’étend d’un total de 25 000 morts (scénario le plus optimiste) à 155 000 (le plus pessimiste).