Selon Oxfam, 500 millions de personnes dans le monde pourraient basculer dans la pauvreté

L’ONG appelle à la mise en place d’un “plan de sauvetage économique pour tou-t-es”.

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Le siège du FMI à Washington. Crédit: FMI

Un demi-milliard de personnes pourraient basculer dans la pauvreté à cause du coronavirus”, alerte l’organisation non gouvernementale (ONG) Oxfam. Une conséquence économique de la pandémie de Covic-19 “si rien n’est fait pour aider les pays en développement”, selon un communiqué rendu public ce jeudi 9 avril.

Soutien économique

Dans son communiqué, l’ONG qui lutte contre la pauvreté appelle, en amont d’une rencontre prévue ce mois-ci entre la “Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) d’un côté, et entre ministres des Finances du G20 de l’autre” à la mise en place d’un “plan de sauvetage économique pour tou-t-es”. Oxfam précise en effet que la Banque mondiale et le FMI se réuniront en visioconférence entre le 17 et le 19 avril, la réunion entre les ministres des Finances des États du G20 et les gouverneurs de la Banque centrale étant fixée le 15 avril.

Il s’agit de créer des “réserves internationales d’au moins 1.000 milliards de dollars (…) afin d’augmenter considérablement les fonds disponibles pour les pays”

Le plan réclamé par Oxfam aurait entre autres pour objectif de permettre d’attribuer des “subventions en espèces aux personnes” en perte de revenu ainsi qu’aux petites entreprises. L’ONG avance des propositions concrètes quant aux modalités de financement de ce plan. Elle invite ainsi à annuler de manière immédiate “le remboursement de la dette des pays en développement en 2020 à hauteur de 1.000 milliards de dollars”. Il s’agit de créer des “réserves internationales d’au moins 1.000 milliards de dollars (…) afin d’augmenter considérablement les fonds disponibles pour les pays”. 

Oxfam estime que des fonds peuvent également être mobilisés en s’appuyant, par exemple, sur un “impôt de solidarité, comme un impôt sur les bénéfices ou sur les grandes fortunes”, et insiste sur le fait que l’effort financier ne doit pas reposer sur les citoyens ordinaires.

En termes d’estimation chiffrée, l’ONG déclare que “fournir les 2.500 milliards de dollars nécessaires, selon les Nations unies, pour soutenir les pays en développement pendant la pandémie requiert 500 milliards de dollars supplémentaires en aide au développement”. Sur ces 500 milliards de dollars, Oxfam estime que 160 milliards sont “nécessaires pour renforcer les systèmes de santé publique des pays pauvres, et 2 milliards en faveur du fonds humanitaire des Nations unies”.

Explosion de la pauvreté

Des mesures indispensables puisque seule une personne sur cinq dépourvue d’emploi a accès à des allocations chômage, selon Oxfam, et que “deux milliards de personnes travaillent dans le secteur informel sans aucun droit à une indemnité maladie”.

“Selon les estimations des Nations unies, ce sont près de la moitié des emplois qui pourraient disparaître en Afrique”

Oxfam

L’ONG se réfère à son dernier rapport intitulé “Le prix de la dignité” dans lequel elle relève “qu’entre 6 et 8 % de la population mondiale pourrait basculer dans la pauvreté”, un chiffre qui représente “un recul potentiel de 10 ans pour la lutte contre la pauvreté, voire de 30 ans dans certaines régions comme l’Afrique subsaharienne, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord”.

Résultat, ce serait “plus de la moitié de la population mondiale” qui passerait en dessous du seuil de pauvreté après la pandémie. “Selon les estimations des Nations unies, ce sont près de la moitié des emplois qui pourraient disparaître en Afrique”, relève par ailleurs Oxfam.

Les femmes particulièrement exposées

Par ailleurs, l’ONG rappelle que dans ce contexte de crise sanitaire et économique, les femmes sont encore plus vulnérables puisqu’elles représentent “70 % du personnel de santé dans le monde et fournissent 75 % du travail de soin non rémunéré, notamment auprès des enfants, des personnes malades et des personnes âgées”.

Elles sont par ailleurs “plus susceptibles d’occuper des emplois précaires faiblement rémunérés, qui sont les emplois les plus menacés par la crise actuelle”. D’autant plus que, bien souvent, la nature des activités professionnelles qu’elles exercent les expose au risque d’attraper le Covid-19.