Les États-Unis font face à une accélération des contaminations. Le bilan quotidien se rapproche désormais de celui de l’Italie et de l’Espagne, alors que le pic de la pandémie, qui se profile dans ces pays du Vieux Continent, est encore loin côté américain.
“Je veux que chaque Américain soit prêt pour les jours difficiles qui nous attendent”, a lancé Donald Trump sur un ton grave. “Ce seront deux semaines très très douloureuses.” La Maison Blanche a présenté ses projections : la maladie devrait faire entre 100.000 et 240.000 morts aux États-Unis avec les restrictions actuelles, contre 1,5 à 2,2 millions sans aucune mesure.
Au niveau mondial, la crise sanitaire continue aussi de s’aggraver, avec plus de 42.000 morts. La pandémie du nouveau coronavirus a tué plus de 30.000 personnes en Europe, dont plus des deux tiers en Italie et en Espagne, selon un bilan établi par l’AFP à partir de sources officielles mercredi 1er avril à 8 heures. Avec un total de 30.063 décès (pour 458.601 cas), l’Europe est le continent le plus durement touché. L’Italie (12.428 décès) est le pays européen le plus atteint, suivi de l’Espagne (8.189) et de la France (3.523).
Les Américains s’attendent au pire
Le nouveau coronavirus a tué un nombre record de 865 personnes aux États-Unis au cours des dernières 24 heures, selon le comptage mardi 31 mars au soir de l’université américaine Johns Hopkins, qui fait référence. Les États-Unis sont par ailleurs, de loin, le pays du monde comptant le plus grand nombre de cas recensés (188.172), soit 24.743 de plus en une journée, d’après les chiffres de l’université, actualisés en continu.
Un total de 4.076 décès dus au Covid-19 a été recensé mercredi 1er avril depuis le début de la pandémie, contre 2.010 samedi, selon les données publiées par Johns Hopkins. Le record du nombre de morts en 24 heures a été observé le 27 mars en Italie (969 décès).
La Californie libère des prisonniers
L’État américain de Californie a annoncé mardi 31 mars au soir son intention de procéder à la libération anticipée de 3.500 prisonniers en vue de les protéger face à la pandémie du nouveau coronavirus. Quatre détenus et 25 employés de prisons californiennes ont été testés positifs au Covid-19, selon un communiqué de l’administration pénitentiaire.
Afin de libérer de la place dans les prisons, les prisonniers en fin de peine seront libérés sous conditions. Les détenus purgeant une peine pour des crimes violents, violence domestique ou des délits sexuels resteront par contre écroués, précise le communiqué. De plus, toute nouvelle arrivée de prisonnier est suspendue dans le but de réduire la population carcérale de 3.000 personnes dans les 30 jours. De son côté, le personnel des prisons sera soumis à des tests de température obligatoires avant son entrée dans l’établissement. Les visites en prison ont par ailleurs récemment été suspendues.
Avec plus de 120.000 détenus, les prisons de cet État américain de la côte ouest sont surpeuplées. Les avocats des détenus et les militants ont fait pression pour que les prisonniers soient libérés par anticipation, face à l’augmentation des cas de coronavirus.
En Californie, plus de 8.500 infections au Covid-19 ont été comptabilisées mardi 31 mars et 181 personnes sont décédées, selon les autorités sanitaires. À l’échelle nationale, les États-Unis dénombrent plus de 186.000 cas confirmés. La pandémie y a fait au moins 3.800 morts. Le pays a ainsi dépassé le bilan officiel chinois sur le nombre de morts.
Le Brésil se réveille lentement
Le président brésilien Jair Bolsonaro a admis mardi 31 mars que le Covid-19, qu’il qualifiait jusque-là de “petite grippe”, constituait “le plus grand défi” de notre génération, tout en maintenant que la lutte contre la pandémie ne devait pas nuire à l’économie.
“Le Brésil a beaucoup progressé ces quinze derniers mois (depuis son arrivée au pouvoir, ndlr), mais à présent, nous sommes face au plus grand défi de notre génération”, a reconnu le président d’extrême droite, lors d’une allocution solennelle. Jair Bolsonaro n’a cessé de minimiser l’ampleur de l’épidémie due au coronavirus et a fustigé les mesures de confinement prises dans le monde et par la majorité des États brésiliens, leur opposant la nécessité de préserver l’économie et l’emploi.
“Nous avons une mission, sauver des vies, sans oublier les emplois”, a-t-il déclaré lors de son discours, dans la nuit de mardi à mercredi 1er avril. À ce jour, 5.812 cas ont été recensés au pays de Bolsonaro, et 202 personnes ont déjà perdu la vie.
Chiffres alarmants pour la France
La France, qui a franchi le cap des 3.500 morts du coronavirus, continue ce mercredi 1er mars d’évacuer des malades pour soulager les régions les plus saturées avec, pour la première fois depuis l’Ile-de-France, deux TGV médicalisés qui rejoindront la Bretagne.
Le Premier ministre Édouard Philippe et le ministre de la Santé Olivier Véran seront auditionnés ce même jour à l’Assemblée nationale par la mission d’information, pour parler de “l’impact, de la gestion et des conséquences” de l’épidémie. Cette mission, créée la semaine dernière, a vocation à contrôler chaque semaine les mesures prises par le gouvernement.
Trois mois jour pour jour après la première alerte de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) sur des pneumopathies inexpliquées en Chine, la France a enregistré mardi 31 mars une nouvelle hausse record du nombre de morts du coronavirus : 499 en 24 heures, soit un décès toutes les trois minutes. Selon le dernier bilan des autorités, l’épidémie a tué 3.523 personnes. Le nombre de patients en réanimation a, lui, plus que doublé en une semaine et atteignait mardi soir 5.565 (+458).
Le chiffre des décès en France dépasse désormais le bilan officiel en Chine (3.305). Mais de nombreux experts, se basant notamment sur le nombre élevé d’urnes funéraires que les familles ont commencé à récupérer en Chine, jugent le nombre officiel chinois largement sous-estimé.
“Cette situation est totalement inédite dans l’histoire de la médecine française”, a souligné le directeur général de la Santé Jérôme Salomon lors de son point presse quotidien.
La Chine panse ses plaies
La Chine a publié mercredi 1er avril pour la première fois le nombre de personnes actuellement positives au nouveau coronavirus mais asymptomatiques, c’est-à-dire n’ayant pas la toux et la fièvre caractéristiques du Covid-19. Le pays ne faisait jusqu’alors état que des patients contaminés développant des symptômes cliniques qui sont 81.554, selon le dernier bilan du ministère de la Santé. À ce total s’ajoutent désormais les cas positifs détectés mais asymptomatiques : 1.367. Un chiffre qui n’est qu’une photographie à un temps T, et devrait donc fluctuer ces prochains jours.
Point important : ce chiffre ne tient évidemment pas compte des très nombreuses personnes qui, justement parce qu’elles ne montrent pas de symptômes, ne sont ni repérées ni testées. Ces porteurs sains pourraient tout de même transmettre le virus. Sept nouveaux décès ont par ailleurs été enregistrés en Chine lors des dernières 24 heures, portant le bilan officiel à 3.312 morts. À l’échelle nationale, seules 2.004 personnes sont encore officiellement malades du Covid-19.
Le pays, berceau du nouveau coronavirus, semble ainsi avoir largement jugulé l’épidémie. Il a pour priorité aujourd’hui d’éviter que la maladie ne revienne sur son sol depuis l’étranger. Mercredi 1er avril, 36 nouveaux cas “importés” ont encore été rapportés par le ministère de la Santé, portant le total depuis le début du comptage à 691. Pour faire face, la Chine a fermé temporairement ses frontières à la plupart des étrangers et réduit drastiquement ses vols internationaux. Toute personne entrant dans le pays se voit par ailleurs imposer une quarantaine de 14 jours.
Après deux mois de bouclage pour cause de coronavirus, la province du Hubei, épicentre de l’épidémie, a commencé la semaine dernière à rouvrir ses portes, fermées depuis fin janvier. Les personnes actuellement présentes à Wuhan, le chef-lieu provincial, pourront-elles quitter la ville le 8 avril ?