Coronavirus : derrière les drames, quelques conséquences positives

Une planète toujours plus confinée, qui compte ses morts tout en voyant l’économie s’effondrer : depuis l’apparition de la pandémie de Covid-19, les mauvaises nouvelles s’enchaînent à un train d’enfer, risquant de nous faire oublier quelques points positifs.

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24 mars 2020. "Tout ira bien", ont écrit des enfants sur une banderole accrochée au balcon d'un village du nord de l'Italie, Vertova, qui compte de nombreux décès. Crédit: Miguel Medina/AFP

Entre amélioration de l’hygiène, le recul de la pollution et le raffermissement des liens sociaux, quelques rayons de lumière réussissent à percer dans l’obscurité générale.

Lavez-vous les mains !

Dès les prémices de l’épidémie, le message martelé par les professionnels de santé a été clair : lavez-vous les mains. Un message désormais relayé tant par la classe politique que par les célébrités, quand des “wash your hands challenges” n’apparaissent pas sur les réseaux sociaux. Le but est faire entrer l’idée dans les habitudes de tous, et d’enseigner la bonne manière de se savonner longuement chaque partie des mains. Aussi, un peu partout, les gels hydroalcooliques se vendent comme des petits pains.

Ce sens de l’hygiène exacerbé semble porter ses fruits dans certains pays comme le Japon, où le nombre de cas de grippe s’est effondré. Certes, la saison n’est pas encore terminée mais début mars, le pays n’avait enregistré que 7,21 millions de cas, bien loin des années précédentes, dont un record à 21,04 millions en 2017-2018.

Nous pensons que l’une des raisons est que les gens font plus attention à bien se laver les mains, du fait de la propagation du nouveau coronavirus”, a expliqué à l’AFP Daisha Inoue, un responsable au ministère japonais de la Santé.

Chute des émissions de CO2

D’un point de vue économique, l’effondrement de la demande, les interdictions de voyage et la fermeture des usines est un cauchemar. Pour l’environnement c’est une bénédiction.

Un homme marche sur une avenue déserte au coeur de Pékin, le 3 mars 2020. © Nicolas Asfouri/AFP

Sur le mois de février, les émissions chinoises de CO2 ont chuté de 25 %, soit 200 millions de tonnes, comparées à la même période en 2019, selon le Centre de recherche sur l’énergie et l’air pur (CREA). Cette baisse est équivalente aux émissions annuelles de CO2 de l’Argentine, de l’Égypte ou du Vietnam.

Le ralentissement chinois a également entraîné une baisse de 36 % de consommation de charbon dans les centrales électriques en Chine, avec un effondrement quasi équivalent de la consommation de pétrole dans les raffineries.

Les eaux claires des canaux de Venise, en raison de l’absence de touristes et de l’arrêt des embarcations, le 17 mars 2020. © Andrea Pattaro

Côté transport aérien, la paralysie quasi totale du secteur contribue à réduire ses importantes émissions de CO2. Et d’autres effets positifs sont visibles : à Venise, l’eau est devenue claire avec l’arrêt du ballet incessant des bateaux bondés de touristes.

Un répit de courte durée cependant, selon des experts qui s’attendent à ce que l’ensemble des économies tentent, une fois la crise passée, de rattraper le retard pris en début d’année.

Sauver les pangolins

Si l’origine du Covid-19 reste sujette à débat, les premières pistes se sont concentrées autour d’un marché de Wuhan (centre de la Chine) où des animaux sauvages étaient vendus pour être consommés. Parmi eux, des chauves-souris ou du pangolin, une espèce en voie de disparition, sont cités comme possibles sources du virus.

La Chine a par conséquent décidé en février d’interdire totalement et immédiatement la vente et la consommation d’animaux sauvages, un geste salué par les organisations environnementales. Des mesures déjà prises au début des années 2000, lors de l’épidémie de SRAS, mais qui n’avaient pas duré. Cette fois l’interdiction est permanente, ce qui suscite l’espoir d’un arrêt complet de ce type de commerce.

Le marché de viande de brousse, dont la viande de pangolin, à Libreville, au Gabon, le 7 mars 2020. © Steeve Jordan/AFP

Je pense que le gouvernement a pris conscience que le prix à payer pour la société et l’économie est bien plus élevé que ce que peut rapporter ce commerce”, estime ainsi Jeff He, directeur pour la Chine du Fonds international pour la protection des animaux (Ifaw). Le lien possible existant entre le virus et le pangolin semble avoir aussi calmé les amateurs de viande sauvage ailleurs dans le monde : les vendeurs de gibier au Gabon ont ainsi vu leurs ventes plonger.

Si loins, si proches

Parmi les conséquences des confinements imposés pour ralentir la propagation du virus, l’éloignement, tant de la famille que des amis, reste sans nul doute un des plus difficiles à gérer. Mais pour certains, ces mesures renforcent au contraire le sentiment commun d’appartenance, les poussant à faire d’autant plus d’efforts pour prendre des nouvelles de leur famille et se rapprocher de leurs amis.

Message affiché aux fenêtres d’un appartement à Rennes, en France, le 24 mars 2020. © Damien Meyer/AFP

En Colombie, où le confinement dure depuis près de trois semaines, Andrea Uribe, 43 ans, a par exemple mis en place des cours de gym et concours de talents familiaux grâce à différents services de messagerie vidéo. “J’appelle mes parents plus souvent, je parle avec des amis que je n’ai pas le temps de contacter habituellement. J’ai organisé des réunions d’amis via la vidéo”, explique à l’AFP Mme Uribe, “c’est merveilleux de pouvoir être là les uns pour les autres. Cela nous montre que nous devons être présents dans la vie des autres.