Je suis sur le point de signer un décret que l’on pourrait appeler ‘Je reste à la maison’. Il n’y a plus de zone rouge ni de zone 1 ou 2. Seulement l’Italie.” Ces mots prononcés le 9 mars par le président du conseil italien Giuseppe Conte donnent le ton.
Après avoir placé 15 millions de personnes en quarantaine dans le nord du pays, mesure inédite en Europe, le gouvernement Conte est passé à la vitesse supérieure : l’Italie est à l’arrêt.
Rome, seule au monde
Le pays de la botte et ses 60 millions d’habitants sont placés en confinement et invités à limiter leurs déplacements au maximum jusqu’au 3 avril. “Sur tout le territoire national est interdite toute forme de rassemblement de personnes dans des lieux publics ou ouverts au public”, explique le décret de confinement.
Une décision sans précédent témoignant de la gravité de la situation. Le pays, connaissant une propagation record, a essuyé plus de 450 décès. Désormais, il est le foyer européen le plus touché, tant sur le nombre de personnes infectées que de décès recensés, en deuxième position derrière la Chine continentale.
Des décisions draconiennes avaient déjà été prises par Rome en début de mois, avec notamment la fermeture totale des structures scolaires, de la crèche à l’université. La ministre italienne de l’Éducation Lucia Azzolina avait annoncé la fermeture complète de l’appareil éducatif du 5 au 15 mars pour lutter contre la propagation, concernant plus de 8,5 millions d’élèves.
La contagion est aussi économique. Hier, la Bourse de Milan chutait de plus de 10 %, à l’instar de nombreuses places économiques mondiales, victimes de la crainte engendrée par le coronavirus. L’impact a également été ressenti sur le secteur du transport, notamment aérien. De nombreuses compagnies ont annoncé l’annulation de tous leurs vols en provenance et à destination de l’Italie.
Ce 10 mars, la Royal Air Maroc annonçait la suspension de ses vols à destination et en provenance d’Italie. Idem pour la compagnie low-cost irlandaise Ryanair et pour Air France. La contagion impacte donc fortement le pays et son économie. La semaine dernière, le ministre de l’Économie italien Roberto Gualtieri présentait un plan de 7,5 milliards d’euros d’aide aux familles et aux entreprises pour faire face à l’épidémie.
Madrid change de cap
Ce 10 mars, le quotidien espagnol El País titrait : La propagation incontrôlée du coronavirus en Espagne oblige à changer de scénario. En 48 heures, le pays est devenu le deuxième foyer européen, avec plus de 1.600 cas avérés de contamination et 35 décès engendrés par le Covid-19.
“Les mesures que nous avons adoptées dans le domaine de l’éducation nous semblent efficaces pour éviter la transmission et la contagion, conformément à celles prises par nos partenaires européens”, expliquait le 9 mars le ministre de la Santé espagnol, Salvador Illa.
En effet, le ministre a annoncé lundi 9 mars, la fermeture de toutes les structures scolaires de la région de Madrid et de la province basque d’Alava après que le gouvernement eut reconnu qu’il y avait “des flambées non maîtrisées de l’épidémie”. Le même jour, le bilan dans la région de Madrid concernant les individus touchés par le Covid-19 annonçait deux fois plus de personnes que la veille.
Alors que l’Europe connaît une nouvelle phase d’expansion du virus, la Chine, foyer initial de la souche Covid-19, semble avoir repris le contrôle.
Chine : le calme après la tempête ?
Avec plus de 80.000 cas de contamination et plus de 3.000 morts, la Chine semble être arrivée à un plateau en termes de propagation. Mardi 10 mars, seuls 19 nouveaux cas de contamination ont été recensés, preuve d’une accalmie sans précédent dans le pays depuis le mois de janvier.
Le président Xi Jinping s’est d’ailleurs rendu dans la ville de Wuhan, berceau de l’épidémie, pour apaiser les esprits. Alors que la région est bouclée depuis le 23 janvier dernier, le nombre de contaminations semble se stabiliser. “La venue de Xi Jinping à Wuhan est organisée pour signifier que l’épidémie est sous contrôle”, déclarait à l’AFP Hua Po, analyste politique indépendant basé à Pékin. “Sa venue est là pour remobiliser la population, et pour signifier que c’est le moment de reprendre une vie normale et le travail.”
“Au plus fort de l’épidémie, Xi a évité de se rendre à l’épicentre, car il ne voulait pas être critiqué”, estimait Bruce Lui, spécialiste des médias chinois à l’Université baptiste de Hong Kong. “Mais maintenant que la situation s’est améliorée, il y va pour recevoir tous les éloges.”
Une visite du président chinois qui intervient dans un contexte de ralentissement économique fort. L’industrie automobile sur le mois de février 2020 a accusé une chute de 78,4 % par rapport au même mois un an auparavant, selon les chiffres de la Fédération chinoise des constructeurs de voitures individuelles (CPCA) présentés lundi 9 mars.