La Chine semble juger l’épidémie sous contrôle : le président Xi Jinping est arrivé mardi 10 mars à Wuhan (centre). Il s’agit de sa première visite dans la ville à l’épicentre du Covid-19.
Juste avant l’annonce de l’arrivée surprise du chef de l’État dans cette municipalité totalement bouclée depuis le 23 janvier, le ministère de la Santé avait publié des chiffres encourageants. Le nombre de nouvelles contaminations s’est établi mardi à seulement 19, semblant indiquer que les mesures drastiques de confinement et de quarantaine prises dans le pays portent leurs fruits.
Une chute spectaculaire par rapport aux centaines de nouveaux cas annoncés quotidiennement en février. À titre de comparaison, l’Italie, pays d’Europe le plus touché, a annoncé près de 1.800 cas supplémentaires lundi 9 mars.
Une visite symbolique
Extrêmement discret au début de l’épidémie, Xi Jinping est dépeint depuis mi-février par les médias d’État comme le chef d’orchestre de la lutte contre le Covid-19, livrant quasi quotidiennement “instructions” et “discours importants”.
À Wuhan mardi 10 mars, il s’est rendu “dès sa descente d’avion” vers l’hôpital de Huoshenshan, celui qui avait été construit en 10 jours par une armée d’ouvriers au plus fort de l’épidémie, a indiqué la télévision CCTV. Selon des images de l’agence de presse Chine nouvelle, Xi Jinping, masque sur le visage, a dialogué avec des malades et du personnel soignant lors d’une visioconférence.
“Maintenant que la situation s’est améliorée, il y va pour recevoir tous les éloges”
Également au programme de sa “visite d’inspection” à Wuhan (11 millions d’habitants), des rencontres avec des habitants, des responsables politiques et des fonctionnaires chargés d’appliquer les quarantaines. “Au plus fort de l’épidémie, Xi a évité de se rendre à l’épicentre, car il ne voulait pas être critiqué”, déclare à l’AFP Bruce Lui, spécialiste des médias chinois à l’Université Baptiste de Hong Kong. “Mais maintenant que la situation s’est améliorée, il y va pour recevoir tous les éloges.”
Le nouveau coronavirus est apparu en décembre à Wuhan, avant de se propager à la province du Hubei (centre) dont elle est le chef-lieu, puis à l’ensemble du pays et dans le monde. La Chine a pris des mesures de restriction draconiennes depuis fin janvier. La quasi-totalité des villes ont été bouclées dans le Hubei. Et des dizaines de millions de personnes ont été placées en quarantaine préventive dans le reste du pays. Des mesures globalement approuvées par la population.
La vie reprend
La venue de Xi Jinping intervient quelques jours après que le plus haut responsable communiste de la ville a exhorté les habitants à exprimer leur “gratitude” envers le parti au pouvoir pour sa gestion de la crise, provoquant des moqueries d’internautes. Le chef d’État n’est pas le premier haut dirigeant à se rendre dans la ville : le Premier ministre Li Keqiang et la vice-Première ministre Sun Chunlan y sont déjà allés.
“Sa venue est là pour remobiliser la population, et pour signifier que c’est le moment de reprendre une vie normale”
La visite de cette dernière avait été perturbée vendredi 6 mars par des cris de colère d’habitants confinés à domicile, selon des vidéos circulant sur Internet.
“La venue de Xi Jinping à Wuhan est organisée pour signifier que l’épidémie est sous contrôle”, déclare à l’AFP Hua Po, analyste politique indépendant basé à Pékin. “Sa venue est là pour remobiliser la population, et pour signifier que c’est le moment de reprendre une vie normale et le travail.”
À Wuhan, plusieurs signes laissent espérer une normalisation : 14 des 16 hôpitaux de campagne ont fermé, des employés de l’aéroport ont repris le travail, et le nombre de nouveaux cas quotidiens chute depuis ces dernières semaines. Un haut responsable a laissé entendre la semaine dernière que le bouclage du Hubei pourrait bientôt prendre fin.