Juan Carlos soupçonné d’avoir caché 100 millions de dollars en Suisse

Podemos, le parti de gauche radicale au pouvoir en Espagne, a réclamé une commission d’enquête parlementaire sur des “soupçons de blanchiment” visant l’ancien roi Juan Carlos.

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Juan Carlos a été roi d'Espagne du 22 novembre 1975 au 18 juin 2014. Crédit: AFP

Nous allons travailler pour créer une commission d’enquête (parlementaire) sur les activités présumées corrompues de Juan Carlos de Bourbon”, a indiqué vendredi 6 mars sur Twitter Pablo Echenique, dirigeant de cette formation ouvertement républicaine qui est entrée en janvier dans un gouvernement de coalition avec les socialistes du Premier ministre Pedro Sanchez.

Plusieurs petits partis de gauche ou indépendantistes catalans ont emboîté le pas de Podemos en réclamant eux aussi cette commission. Podemos avait déjà demandé, avant d’être au pouvoir, la formation d’une telle commission, mais s’était heurté au refus des socialistes et de la droite. Juan Carlos est par ailleurs protégé par son immunité durant ses années à la tête de l’État (novembre 1975 à juin 2014).

Un cadeau pour sa maîtresse 

Le quotidien suisse La Tribune de Genève a affirmé le 3 mars que Juan Carlos avait reçu, en 2008, 100 millions de dollars de la part du roi d’Arabie saoudite Abdallah, sur le compte en Suisse d’une entité panaméenne dont il était l’unique bénéficiaire. En 2012, une partie de cette somme (65 millions d’euros) a été donnée par le roi à son ancienne maîtresse, Corinna zu Sayn-Wittgenstein, toujours selon ce quotidien.

Dans une réaction transmise à l’AFP, l’avocat de Corinna zu Sayn-Wittgenstein, Robin Rathmell, a confirmé que sa cliente avait “reçu en 2012 un cadeau non sollicité de la part du Roi émérite, qui l’a décrit comme une forme de donation pour elle et pour son fils, pour qui il avait de l’affection”. Ce don était “clairement documenté” comme un cadeau, tandis que les banques ont effectué les vérifications nécessaires relatives à ces fonds, a-t-il ajouté.

Citant des sources proches du dossier, La Tribune de Genève a affirmé que ces transactions étaient au centre d’une enquête pénale ouverte en 2018 à Genève pour “soupçons de blanchiment d’argent aggravé”.

Contactés, les services du procureur de Genève n’avaient pas répondu le 5 mars aux sollicitations de l’AFP. “Nous ne savons pas pour quel motif” le roi a reçu cette somme, mais “une démocratie moderne ne peut pas se permettre que ce type de soupçons, de doutes, pèsent sur celui qui a été chef de l’État durant plusieurs décennies”, a souligné Pablo Echenique.

Juan Carlos a abdiqué en 2014 en faveur de son fils Felipe, après 39 ans de règne dont la fin a été entachée par des scandales.