Le premier cas de coronavirus en Afrique sub-saharienne annoncé au Nigéria

Un cas de contamination au nouveau coronavirus a été confirmé à Lagos, la capitale économique du Nigeria, rappelant les peurs déclenchées pendant l’épidémie d’Ebola qui avait touché cette mégalopole tentaculaire de 20 millions d’habitants il y a six ans.

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Aéroport de Lagos, fin février. Le Nigéria était le premier pays d'Afrique sub-saharienne touché par le coronavirus. Crédit: Pius Utomi Ekpei/AFP

Le ministre de la Santé Osagie Ehanire a annoncé “un cas de coronavirus (Covid-19) dans l’État de Lagos. Ce cas qui a été confirmé le 27 février 2020 est le premier à être recensé au Nigeria depuis le début de l’épidémie”, a-t-il indiqué sur Twitter.

Pas de symptômes inquiétants

Le ministre a précisé qu’il s’agissait d’un Italien travaillant au Nigeria, où il est revenu depuis la ville italienne de Milan le 25 février. L’Italie est en Europe un des principaux foyers de contamination du coronavirus. “Le patient est dans un état clinique stable et ne présente pas de symptômes inquiétants”, a assuré le ministre, en précisant qu’il était hospitalisé dans un centre spécialisé pour les maladies infectieuses de Lagos.

Il s’agit de la première contamination confirmée et officielle en Afrique subsaharienne, jusque-là apparemment préservée de l’épidémie mondiale. Le Nigeria, pays le plus peuplé du continent avec près de 200 millions de personnes, est un des pays les plus vulnérables au monde avec un système de santé fragile et une très forte densité de population (près de 7.000 habitants au km2, selon World Population Review).

Les leçons d’Ebola

De nombreux Nigérians partent en Chine pour acheter des biens qu’ils revendent ensuite sur les marchés de ce hub économique qui dessert toute l’Afrique de l’Ouest, et les autorités sanitaires nigérianes s’étaient déjà préparées à faire face à une potentielle contamination. “Nous avons des centres de quarantaine à Abuja (capitale fédérale), et aussi à Lagos”, avait déclaré à la mi-février le ministre de la Santé Olorumibe Mamora, assurant que le pays était “sous surveillance” et que des laboratoires pour détecter le virus ont été ouverts dans plusieurs villes du pays.

Nous avons tiré des leçons d’Ebola”, a, de son côté, assuré le directeur général de Waho (West African Health Organization), Stanley Okolo. La “principale préoccupation” de l’OMS “continue d’être le potentiel de dissémination du Covid-19 dans les pays dont les systèmes de santé sont plus précaires”, a déclaré son patron, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

L’OMS avait salué “le succès spectaculaire” face à ce qui aurait pu devenir “une épidémie urbaine apocalyptique” : les autorités de l’État de Lagos avaient réagi à temps, du personnel médical de fondations internationales en poste à Abuja avait été déployé, et la maladie était restée confinée dans les quartiers huppés de la ville.

Situé dans une zone tropicale non loin de l’équateur, le Nigeria est un terrain propice aux virus et il a dû affronter des maladies aussi rares que dangereuses (Ebola, poliomyélite, méningite, fièvre de Lassa…). Il est mieux préparé à la gestion des épidémies que de nombreux autres pays de la région, selon les experts.

Dans un pays où la moindre ville “moyenne” frôle le million d’habitants et qui compte deux mégalopoles de plus de 10 millions d’habitants, la pression des partenaires internationaux, et notamment de l’OMS, est très importante. Le Nigeria a prévu un montant de 427,3 milliards de nairas (800 millions d’euros) pour le secteur de la santé en 2020 (soit 4,1 % de son budget, bien loin des recommandations de l’OMS qui s’élevaient à plus de 13 % du budget).

Le manque d’infrastructures, la vétusté des équipements, mais aussi l’incapacité des patients à payer leurs traitements ou le départ massif de ses médecins vers l’étranger, font du premier exportateur de pétrole en Afrique un des plus mauvais élèves du continent en matière de santé.