Signe de l’engouement des professionnels du cinéma pour Parasite, Palme d’or à Cannes l’an dernier, Bong Joon-ho a également reçu l’Oscar du “meilleur réalisateur” pour cette 92e édition, dimanche 9 février.
En recevant son Golden Globe le mois dernier, le réalisateur avait lancé avec humour aux professionnels réunis pour l’occasion : “Quand vous aurez surmonté la barrière des deux centimètres de sous-titres, vous découvrirez des films étonnants.” Parasite l’a emporté notamment face au film Les Misérables du Français Ladj Ly.
Once Upon a Time… in Hollywood et Marriage Story étaient également candidats à l’Oscar du meilleur long-métrage, mais la précieuse statuette dorée pouvait aussi aller à The Irishman, du très respecté Martin Scorsese, auquel Bong Joon-ho a rendu un hommage émouvant dimanche soir.
Brad Pitt, Laura Dern, Renée Zellweger et Joaquin Phoenix grands gagnants
Côté acteurs, Joaquin Phoenix a été sacré meilleur acteur pour son rôle-choc de Joker sombrant dans la folie et le meurtre, tandis que Renée Zellweger a reçu la statuette dorée dans la catégorie meilleure actrice pour son incarnation de Judy Garland dans Judy.
Brad Pitt et Laura Dern ont de leur côté été primés pour les “meilleurs seconds rôles”. Avec son rôle de cascadeur tranquille dans Once Upon a Time… in Hollywood, Brad Pitt l’a emporté face aux vétérans Al Pacino et Joe Pesci (The Irishman), Anthony Hopkins et Tom Hanks. Dans le film de Quentin Tarantino, ode au cinéma et au Los Angeles de sa jeunesse, Brad Pitt donne la réplique à Leonardo DiCaprio, qui était également en lice.
Laura Dern a de son côté reçu le cadeau rêvé à la veille de son 53e anniversaire pour sa performance d’avocate impitoyable dans Marriage Story.
La diversité en question
La cérémonie des Oscars s’est ouverte avec un numéro mené par la chanteuse noire Janelle Monae, iconoclaste assumée qui n’a pas manqué de se joindre aux critiques sur le manque de diversité dans la sélection des Oscars, un reproche récurrent. Hormis la Britannique Cynthia Erivo (Harriet), tous les acteurs et actrices en lice cette année sont blancs et aucune femme n’a été retenue chez les réalisateurs.
Pour protester à sa manière, la star oscarisée Natalie Portman a fait broder sur sa cape le nom d’une demi-douzaine de réalisatrices qui ont, selon elle, été injustement snobées cette année. Pour sa défense, l’Académie des arts et sciences du cinéma avait souligné que les 8.500 membres appelés à voter cette année n’avaient jamais fait la part aussi belle aux femmes dans les nominations : 65 sur 209 candidats au total.
Malgré son entrée en campagne tardive, les experts donnaient 1917, de Sam Mendes, favori dans de nombreuses catégories. Le long-métrage, qui met en scène l’équipée désespérée de deux jeunes soldats durant la Première Guerre mondiale, construite comme un plan-séquence long de deux heures, a raflé l’Oscar de la meilleure photographie, pour Roger Deakins, et deux autres dans des catégories techniques (son et effets spéciaux).
Le grand favori n’est pourtant jamais assuré de gagner quand il s’agit de l’Oscar du meilleur film, attribué via un étrange et unique mode de scrutin “préférentiel” à plusieurs tours, qui fait parfois élire un outsider. Parasite l’a finalement emporté face à 1917 pour le meilleur scénario original et celle du meilleur réalisateur.
Dans la catégorie du meilleur film d’animation, c’est le quatrième et dernier épisode de Toy Story, favori des pronostics, qui l’a emporté, s’imposant notamment face au candidat français J’ai perdu mon corps.
Kirk et Kobe
La cérémonie des Oscars a aussi été l’occasion pour le gratin d’Hollywood de saluer la mémoire de Kirk Douglas, un des derniers monstres sacrés de l’âge d’or du cinéma, décédé mercredi 5 février à l’âge de 103 ans. C’est la jeune Billie Eilish, révélation des Grammy Awards, qui a chanté en l’honneur de Kirk Douglas et d’autres disparus célèbres.
Malgré son aura et une centaine de films à son actif, l’acteur de légende n’a jamais obtenu d’Oscar en compétition, contrairement à la vedette du basketball Kobe Bryant, à laquelle l’Académie a aussi rendu hommage. L’ex-star des Lakers, décédée fin janvier avec sa fille et sept autres personnes dans un accident d’hélicoptère près de Los Angeles, avait été primée en 2018 pour un court-métrage d’animation consacré à sa carrière.
Le réalisateur Spike Lee a salué Bryant en arborant un smoking violet et jaune, couleurs de son équipe, frappé du numéro 24 sous lequel il jouait.