États-Unis : les démocrates discutent en vue de l'imminent procès en destitution de Trump

La cheffe de file démocrate Nancy Pelosi devrait transmettre cette semaine les chefs d’accusation en vue du procès historique en destitution de Donald Trump. Les républicains étant majoritaires au Sénat, le président américain va l’emporter.

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Jeff Kowalsky/AFP

La présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, réunit ses troupes ce mardi 14 janvier en vue de la transmission au Sénat de l’acte d’accusation de Donald Trump, signalant ainsi l’imminence du procès en destitution du président américain.

Nous pensons qu’il y a assez de preuves pour destituer le président”, a-t-elle déclaré, interrogée par la chaîne ABC le 12 janvier. “Nous avons confiance dans ‘l’impeachment’. Et nous croyons qu’il y a assez de témoignages pour le destituer”, a encore estimé la cheffe de file des démocrates.

L’élue de Californie a entamé dans la matinée des discussions à huis clos avec les membres de sa majorité pour fixer les modalités et le calendrier de cette procédure historique. Selon les médias américains, qui citent des sources au sein du parti, Nancy Pelosi a dit à ses élus qu’un vote aurait lieu mercredi 15 janvier en séance plénière pour officialiser l’envoi au Sénat des chefs d’accusation retenus contre le président républicain.

Troisième “impeachment” de l’histoire

La résolution devrait, selon ces médias, également définir quels élus de la Chambre joueront le rôle de procureurs lors du procès de Donald Trump, accusé d’avoir abusé de sa fonction pour convaincre l’Ukraine de salir un de ses rivaux, puis d’avoir entravé l’enquête du Congrès. Une fois cette résolution adoptée, plus rien n’empêchera l’ouverture du procès du président, le troisième seulement de l’histoire des États-Unis.

Les démocrates ont voté l’“impeachment”, convaincus que Donald Trump a usé des moyens de l’État pour faire pression sur l’Ukraine, afin qu’elle annonce une enquête sur Joe Biden, qui pourrait être son adversaire lors de la présidentielle de novembre. Ils reprochent notamment à Donald Trump d’avoir gelé une aide militaire cruciale pour ce pays en conflit armé avec son voisin russe, afin d’arriver à ses fins.

Donald Trump a été mis en accusation pour “abus de pouvoir” et “entrave à la bonne marche du Congrès” le 18 décembre par un vote à la Chambre qui a scrupuleusement suivi les lignes partisanes. Nancy Pelosi a retardé l’étape suivante pour tenter d’obtenir des garanties sur l’équité du procès. Les démocrates ont notamment demandé à Mitch McConnell de convoquer plusieurs conseillers de Donald Trump qui avaient reçu comme consigne de la Maison Blanche de ne pas répondre à leurs convocations.

Aucune chance de destitution

Le chef de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, qui ne fait pas mystère de son intention de faire acquitter le locataire de la Maison Blanche, s’est dit prêt à agir vite. “La Chambre a fait suffisamment de mal, le Sénat est prêt à assumer ses responsabilités”, a-t-il déclaré lundi 14 janvier dans l’enceinte de la chambre haute. “Ce pari étrange n’a mené à rien”, mais a démontré que l’enquête de la Chambre était précipitée, faible et incomplète’, a-t-il rétorqué en renvoyant la question des témoins à une date ultérieure. Compte tenu du climat électrique au Congrès, un consensus sur la question paraît peu probable.

Les démocrates, qui ne disposent que de 47 sièges sur 100 au Sénat, sont conscients qu’ils n’ont quasiment aucune chance d’obtenir la destitution du président, une majorité des deux tiers étant nécessaire. Mais ils espèrent faire émerger des informations embarrassantes pour le locataire de la Maison Blanche. Sans témoins ni documents additionnels, “le procès au Sénat deviendra une farce, une réunion télévisée pour un procès fictif”, a reconnu leur chef au Sénat, Chuck Schumer.

Les républicains, qui font bloc autour de Donald Trump, dénoncent une “chasse aux sorcières” orchestrée par des démocrates qui, selon eux, ne se sont jamais remis de la victoire en 2016 de ce président atypique. Le président a caressé lundi l’hypothèse d’un vote des sénateurs pour refermer le dossier sans même mener le procès à terme. “Beaucoup pensent qu’organiser un procès sans preuve ni crime (…) plutôt que de prononcer un non-lieu donne du crédit à la chasse aux sorcières des démocrates”, a-t-il tweeté.

Mais, selon des sources citées dans les médias, les élus républicains ne souhaitent pas voter sur une motion de non-lieu d’emblée, par peur de prêter le flanc aux critiques. Le procès devrait donc bien avoir lieu.