La perte de Syrte, ce mardi 7 janvier, représente un sérieux revers pour le Gouvernement d’union nationale (GNA) reconnu par l’ONU, dont les forces contrôlaient la ville depuis 2016 quand elles en avaient chassé le groupe Etat islamique (EI), après plusieurs mois de combats.
La chute de Syrte
Ville côtière située à 450 km à l’est de la capitale libyenne, “Syrte a été totalement libérée”, a annoncé Ahmed al-Mesmari, porte-parole des forces pro-Haftar, lors d’une conférence de presse à Benghazi (est). Les forces pro-Haftar sont entrées dans Syrte quasiment sans combat.
L’“opération militaire”, annoncée plus tôt par les pro-Haftar, n’a duré finalement que trois heures. Plusieurs combattants pro-GNA ont été faits prisonniers et leurs équipements saisis, alors que d’autres se sont enfuis, selon les forces pro-Haftar. Le GNA n’a pas réagi jusqu’ici à ce revers.
Mais un commandant militaire pro-GNA qui était dans Syrte a confirmé, sous couvert d’anonymat, la perte de la ville et le retrait de leurs forces hors de Syrte. Il a dénoncé une “trahison” d’un groupe armé salafiste, qui a changé de camp lors de l’entrée des forces de Haftar.
Raids aériens réguliers
Mesmari a fait état, lui, d’une “préparation minutieuse qui a duré des mois”, avec des raids aériens réguliers contre la “Force de protection de Syrte” qui contrôlait la ville et composée essentiellement de combattants venus de Misrata (250 km à l’ouest de Syrte).
En septembre, deux combattants ont été tués dans des raids aériens des forces pro-Haftar contre des troupes loyales au GNA à Syrte. Le maréchal Haftar, qui tente depuis le 4 avril de s’emparer de Tripoli, avait déjà donné un “ultimatum” aux combattants de Misrata, qui composent l’essentiel des forces du GNA, pour se retirer de Tripoli et de Syrte. Il a annoncé aussi vendredi 3 janvier la “mobilisation générale” et le “jihad” contre une intervention militaire turque en Libye en soutien au GNA.
Ballet diplomatique
Le maréchal Haftar est soutenu notamment par l’Egypte et les Émirats arabes unis qui lui fournissent un appui diplomatique et militaire. Ces deux pays sont des rivaux régionaux de la Turquie et d’un autre allié du GNA, le Qatar. La Russie est également soupçonnée d’avoir envoyé des mercenaires pour prêter main-forte aux pro-Haftar. Mais Moscou avait démenti ces informations.
L’émissaire de l’ONU pour la Libye, Ghassan Salamé, a affirmé lundi sa “colère” en réclamant une énième fois l’arrêt des interférences étrangères dans le conflit libyen, à l’issue d’une réunion de deux heures avec le Conseil de sécurité à New York. L’émissaire s’est aussi montré sévère à l’égard du Conseil de sécurité, incapable de s’entendre depuis le début de l’offensive de Haftar en avril sur une résolution réclamant un cessez-le-feu.
Dans le cadre de ce ballet diplomatique, le chef du GNA, Fayez al-Sarraj, s’est rendu lundi 6 janvier à Alger où il a discuté avec le nouveau chef d’État Abdelmadjid Tebboune de “l’aggravation de la situation en Libye”, selon la présidence algérienne. Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, s’est lui aussi rendu le 6 janvier dans la capitale algérienne pour une visite officielle de deux jours.