Comme à Ahvaz dans le sud-ouest de l’Iran et Machhad dans le nord-est la veille, les habitants de Téhéran se sont déplacés en masse ce lundi 6 janvier pour honorer le général iranien Qassem Soleimani, chef des forces spéciales iraniennes abattu vendredi 3 janvier, au lendemain de l’annonce par l’État iranien d’une nouvelle réduction de ses engagements internationaux en matière de nucléaire, sur fond de tensions exacerbées avec Washington.
Hommage national
Sous un soleil glacial, la foule a envahi les avenues Enghelab (“Révolution” en persan) et Azadi (“Liberté”) et leurs alentours, agitant moult drapeaux rouges (couleur du sang des “martyrs”) ou iraniens, mais aussi libanais ou irakiens.
Visiblement ému, l’ayatollah Ali Khamenei, guide suprême d’Iran, a prononcé une courte prière en arabe devant les cercueils contenant les restes du général Soleimani, de l’Irakien Abou Mehdi al-Mouhandis, numéro deux du Hachd al-Chaabi (paramilitaires irakiens pro-Iran), et de quatre autres Iraniens.
Le guide suprême de la Révolution islamique et les autres dignitaires présents, comme le président Hassan Rohani, le chef du Parlement Ali Larijani, et Hossein Salami, chef des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique iranienne, ont quitté les lieux avant que les cercueils des “martyrs” ne commencent à se frayer un passage parmi la foule.
Figure charismatique en Iran, le général Soleimani était le chef de la Force Qods, unité d’élite chargée des opérations extérieures des Gardiens de la Révolution, et à ce titre l’architecte de la stratégie de la République islamique au Moyen-Orient.
Tension internationale
Depuis l’assassinat du Général Soleimani, les tensions entre l’Iran et les États-Unis ont grimpé en flèche. Face aux craintes d’une véritable déflagration, les ambassadeurs des pays de l’OTAN se réunissent ce lundi 6 janvier pour discuter de la crise entre les deux pays.
D’ailleurs et depuis le matin, la foule alterne entre moments de recueillement et de tristesse intense, et explosion de colère aux cris de “Mort à l’Amérique”. C’est le cas notamment de la fille de Soleimani, Zeinab, qui déclare que “le martyre de [son] père entraînera un regain de résistance et fera trembler l’Amérique et Israël”.
Depuis la mort du général Soleimani, le monde entier redoute une grave escalade. Téhéran a promis une “riposte militaire”, une “dure vengeance” qui frappera “au bon endroit et au bon moment”.
Alors que les appels à la “désescalade” et à la “retenue” se multiplient auprès de nombreuses capitales dans le monde, le président américain Donald Trump ne fait rien pour apaiser les inquiétudes. Si l’Iran fait “quoi que ce soit, il y aura des représailles majeures”, a-t-il lancé dimanche 5 janvier.
Donald Trump a également évoqué la possibilité d’imposer des sanctions “très fortes” à l’encontre de Bagdad après le vote dimanche par le Parlement irakien d’une résolution demandant le départ des troupes américaines d’Irak.
Téhéran continue toutefois de se soumettre volontairement au programme d’inspection onusien, particulièrement draconien, mis en place à la suite de l’accord nucléaire international conclu en 2015.