La Turquie d'Erdogan va envoyer des troupes en Libye

La Turquie a décidé d’envoyer des troupes militaires en Libye à la demande de Tripoli. Une annonce faite le 26 décembre par le président Recep Tayyip Erdogan, ajoutant qu’il soumettrait début janvier un projet de loi dans ce sens au Parlement. 

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Recep Tayyip Erdogan. Crédit : AFP

Jeudi 26 décembre, le président Recep Tayyip Erdogan a ouvert la voie à une intervention militaire turque directe en Libye, en annonçant le prochain vote au Parlement de l’envoi de troupes pour soutenir le gouvernement de Tripoli face à l’homme fort de l’Est libyen, Khalifa Haftar.

Un déploiement de soldats turcs sur le terrain est susceptible d’aggraver le conflit fratricide alimenté par des puissances régionales rivales, qui déchire le pays depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011. Pour justifier une telle intervention, la Turquie fait valoir que le Gouvernement d’union nationale libyen (GNA) est reconnu par l’ONU alors que le maréchal Haftar n’a aucune légitimité internationale, bien qu’il bénéficie de l’aide de certains pays.

Accord de coopération militaire et sécuritaire

Le maintien du GNA est d’autant plus crucial pour la Turquie qu’elle vient de signer avec lui un accord de délimitation maritime qui permet à Ankara de faire valoir des droits sur de vastes zones en Méditerranée orientale riches en hydrocarbures, au grand dam de la Grèce, de l’Egypte, de Chypre et d’Israël. “Nous allons présenter la motion pour l’envoi de soldats en Libye dès la reprise des travaux du Parlement” le 7 janvier, a déclaré Recep Tayyip Erdogan lors d’un discours à Ankara.

Si dieu le veut, nous pourrons la faire adopter le 8 ou le 9 janvier et répondre ainsi favorablement à l’invitation du gouvernement libyen légitime” de l’aider militairement, a ajouté le président turc. Et de poursuivre, concernant le maréchal Khalifa Haftar : “Nous soutiendrons par tous les moyens le gouvernement de Tripoli, qui résiste contre un général putschiste soutenu par des pays arabes et européens.

Le Parlement turc a déjà approuvé, samedi 21 décembre, un accord de coopération militaire et sécuritaire signé avec le GNA le 27 novembre, lors d’une visite à Istanbul de son chef Fayez al-Sarraj. Un accord entré en vigueur le 26 décembre, après sa publication au journal officiel.

Ingérences étrangères

L’accord permet aux deux parties d’envoyer dans l’un et l’autre pays du personnel militaire et policier pour des missions d’entraînement et d’éducation, ont indiqué des responsables turcs. Pour obtenir l’autorisation de déployer des forces combattantes en Libye, le gouvernement turc doit faire approuver par le Parlement un mandat séparé, comme il le fait tous les ans pour envoyer des militaires en Irak et en Syrie.

Ankara avait également signé, lors de la visite de Fayez al-Sarraj, l’accord de délimitation maritime qu’il entend mettre à profit pour s’imposer comme acteur incontournable dans l’exploitation des hydrocarbures en Méditerranée orientale. “L’objectif de l’accord signé avec la Libye n’est pas d’entraver les droits de quiconque en Méditerranée, au contraire, c’est d’empêcher que nos droits le soient”, a affirmé Erdogan jeudi.

Le maréchal Haftar est soutenu par l’Arabie saoudite, l’Egypte et les Emirats arabes unis, tous étant des rivaux régionaux de la Turquie et d’un autre allié du GNA, le Qatar.

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Ils soutiennent un chef de guerre. Quant à nous, nous répondons à l’invitation du gouvernement libyen légitime, telle est notre différence”, a affirmé Recep Tayyip Erdogan. Ce dernier affirme que les forces de Khalifa Haftar bénéficient également du soutien d’une compagnie de sécurité russe, donnant du crédit à des informations de presse, démenties par Moscou, sur la présence de mercenaires russes en Libye.

Interrogé sur les projets d’Ankara d’envoyer des troupes en Libye, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov a estimé ce 26 décembre qu’il était “peu probable que l’ingérence des pays tiers dans cette situation puisse contribuer au règlement”. Et d’ajouter : “Mais toute tentative des pays tiers de contribuer directement à régler le problème, et d’aider les parties du conflit à trouver une solution, est toujours la bienvenue.”

Selon le think tank Edam, basé à Istanbul, un déploiement militaire turc sur le terrain devrait être constitué de “forces spéciales” et de “personnels de combats hautement qualifiés” ainsi que d’officiers de renseignement et de liaison. “Depuis 2016, les forces armées turques ont acquis une expérience considérable pour ce genre de mission grâce aux opérations en Syrie”, affirme Edam dans une note d’analyse.

 

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