Après quatre matchs amicaux marqués par des résultats mitigés (1 victoire, 2 nuls et une défaite), le nouveau sélectionneur national, Vahid Halilhodzic, était en mauvaise posture au moment d’entamer la campagne qualificative pour la Coupe d’Afrique des Nations 2021 (CAN 2021). A l’issue de deux rencontres disputées face à la Mauritanie (0-0) et au Burundi (3-0), le Bosniaque n’est pas parvenu à dissiper les doutes quant aux performances de sa sélection, même s’il existe quelques motifs de satisfaction.
Quand la Mauritanie inquiète
Pour affronter la Mauritanie, Vahid Halilhodzic a décidé de miser sur un 4-3-3 avec un trident offensif composé de Nordin Amrabat, Hakim Ziyech et Youssef En-Nesyri. Un schéma tactique qui a permis au milieu offensif de l’Ajax de prendre le jeu à son compte et d’offrir à ses coéquipiers des solutions vers le but. Sauf qu’aucune des actions initiées par le milieu de terrain marocain n’a trouvé le fond des filets. Les actions se sont enchaînées, mais les Lions de l’Atlas ont fini par perdre deux points à domicile face à une sélection qui, sur le papier, leur est inférieure. Pourtant, la sélection nationale avait alors livré sa meilleure sélection depuis la prise de fonction du Bosniaque.
Ce dernier n’a d’ailleurs pas caché sa désillusion en conférence de presse. “J’ai été attaquant et je ne savais pas qu’on pouvait rater autant d’occasions”, a lancé le sélectionneur après le match nul face à la Mauritanie. Mais alors, quelle est l’origine du problème ? Pour le sélectionneur, c’est une question de confiance, qu’il faut retrouver pour débloquer les têtes et les jambes.
Selim Amallah, la belle révélation
Tout juste arrivé dans le groupe des Lions, le milieu de terrain du Standard de Liège semblait à l’aise dès ses premières prises de balle. Titularisé aux côtés de Taarabt dans l’entrejeu et juste devant Sofyan Amrabat placé en sentinelle devant la défense, Amallah n’a jamais hésité à faire les efforts nécessaires dans la construction et la récupération.
Athlétique, du haut de son 1 mètre 86, le Belgo-Marocain est très habile balle au pied, et peut faire preuve d’un superbe sens du placement entre les lignes. De quoi faire oublier un certain Younès Belhanda, écarté du groupe par choix du sélectionneur ? L’avenir nous en dira certainement plus, mais en tout cas, ce joueur de 23 ans qui a récemment opté pour la nationalité sportive marocaine aux dépens de la belge, a fait une belle première impression, même si Halilhodzic a choisi de le placer sur le banc pour la deuxième sortie, face au Burundi.
Qui pour prendre le brassard ?
Dans une équipe ayant entamé un nouveau cycle, la quête du leader n’est pas souvent chose aisée. Lors des quatre derniers matchs du Maroc, le brassard a été autour du bras de quatre joueurs différents : Nabil Dirar contre le Burkina Faso, Adel Taarabt face au Niger, Yunis Abdelhamid contre la Libye et Nordin Amrabat face au Gabon. Face à la Mauritanie, Vahid Halilhodzic a opté pour un choix similaire à celui du voisin algérien, champion d’Afrique 2019 : introniser son meneur technique en tant que joueur. Du côté des Fennecs, cela a permis au joueur de Manchester City de devenir l’un des éléments déterminants dans la conquête de la CAN 2019.
C’est ainsi que Hakim Ziyech a hérité du brassard contre la Mauritanie. Auteur d’une prestation correcte et volontaire face aux Mourabitounes, le sociétaire de l’Ajax Amsterdam n’a cependant pas réussi à évacuer les doutes sur son leadership. Probablement encore trop tendre, la tête encore en Egypte et ce penalty raté face au Bénin, le leader technique des Lions devra s’affirmer et s’étoffer encore avec le temps.
Le brassard a également été confié à Romain Saïss. Le milieu de terrain défensif, reconverti défenseur tant avec Wolverhampton qu’avec le Maroc, s’est montré à vue face au Burundi. Calme et serein, l’ancien Angevin a convaincu dans ce rôle et pourrait prétendre tout logiquement à reprendre la suite de Mehdi Benatia, dans une équipe toujours à la recherche de ses leaders. A moins que la solution ne vienne cette fois du Brésil de Tite, avec un capitanat tournant, dans le but de mobiliser l’ensemble des cadres de la sélection.
“Le groupe vit bien” et c’est déjà bien ?
Pour le dernier match de l’année 2019, les ouailles de Vahid Halilhodzic ont réalisé leur performance la plus aboutie. Sérieux et volontaire, le Maroc s’est défait du Burundi, à l’extérieur, en s’imposant sur le score de 3-0. De quoi terminer l’année civile sur une bonne note. Au terme de ce rassemblement, les Lions n’ont encaissé aucun but et c’est peut-être bien là l’une des satisfactions. L’efficacité offensive aperçue au Burundi reste cependant en trompe-l’œil, du fait des ratés face à la Mauritanie.
Plus que les chiffres et le jeu déployé, la réelle victoire de cette double confrontation pourrait être à chercher du côté de l’esprit de groupe. Tancés par les observateurs après la Mauritanie, les joueurs ont réagi collectivement au Burundi. La célébration d’Achraf Hakimi, qui s’est précipité sur le sélectionneur après avoir inscrit un but, est venue couronner ce constat. De même pour Noussair Mazraoui, large sourire aux lèvres, tombant dans les bras de Vahid Halilhodzic.
Cette image me fait doublement plaisir :
1- but de cette perle de Hakimi qui prouve que meme dans les Adghal il peut être decisif
2- ca réduit le doute sur Vahid et lui donne du temps de construire son groupe#DimaMaghrib pic.twitter.com/7kzzZo1H8H
— Sabitou Omar (@Sabitou_Omar) November 19, 2019
Le coach bosnien est davantage leader d’hommes que génie tactique. Ses multiples expériences, du Raja au Paris Saint-Germain en passant par l’Algérie et le Japon, l’ont montré. Le risque de cassure à l’après-Hervé Renard pouvait être à redouter, tant le sélectionneur français avait noué une relation privilégiée avec certains de ses joueurs. Il n’en est — en apparence — rien. Une base sereine pour enfin lancer la machine ?
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