Saudi Aramco confirme son intention d’entrer au Tadawul, la Bourse nationale saoudienne”, a indiqué la compagnie sur Twitter, après le feu vert donné par le régulateur saoudien du marché financier à cette opération. “C’est une étape significative dans l’histoire de la société et un progrès important pour la réalisation de ‘Vision 2030’, le plan directeur du royaume pour une diversification et une croissance économiques durables”, a déclaré le président du Conseil d’administration d’Aramco, Yasir Al Rumayyan, dans un communiqué.
Vision 2030, vers une ère postpétrolière
Vision 2030 est un plan initié par le prince héritier Mohammed ben Salmane qui vise à préparer la plus grande économie arabe à une ère postpétrolière. Aramco devrait céder en tout 5 % de son capital, dont 2 % lors de son baptême boursier sur le Tadawul, avaient déclaré début octobre des sources proches du dossier à l’AFP.
Le calendrier prévoit une entrée en deux temps : d’abord sur le Tadawul, en décembre, puis, en 2020, sur une place financière internationale, selon une source proche du dossier. Mais M. Rumayyan a écarté dimanche 3 novembre ce scénario. “Pour la partie (internationale), nous vous le ferons savoir en temps utile. Jusqu’ici, ce n’est que sur Tadawul”, a indiqué le président du Conseil d’administration d’Aramco, sans préciser la date d’introduction sur la Bourse de Ryad.
L’entreprise a indiqué que ses actions seraient proposées sur le marché saoudien aux investisseurs institutionnels, aux citoyens saoudiens et aux résidents étrangers en Arabie saoudite, et aux citoyens des pays du Golfe. L’introduction en Bourse devrait valoriser l’entreprise entre 1500 et 1700 milliards de dollars, soit la plus grosse capitalisation mondiale, selon une source proche du dossier.
La Bourse saoudienne a reculé de près de 2 % dimanche après l’annonce de l’introduction prochaine du géant pétrolier sur le marché local, en raison de craintes de son effondrement sous le poids de l’opération, selon des analystes.
68 milliards de dollars de bénéfices en 9 mois
Aramco, décrite comme la compagnie la plus rentable du monde, a annoncé avoir réalisé sur neuf mois, jusqu’en septembre, un bénéfice de 68 milliards de dollars. La société n’a commencé à annoncer ses résultats que récemment. Pour 2018, elle a fait état de 111,1 milliards de dollars de bénéfices, soit plus que les bénéfices combinés d’Apple, de Google et d’Exxon Mobil.
L’introduction en Bourse avait été envisagée depuis 2016 et le prince Mohammed ben Salmane avait réclamé une capitalisation à 2 000 milliards de dollars. En 2018, l’homme fort du royaume avait décidé de reporter l’opération parce que la capitalisation calculée par les banquiers, après des rencontres avec de potentiels investisseurs, était en dessous de ce seuil. Par la suite, Aramco, qui devait lancer en octobre la première partie de son introduction, avait décidé de repousser la date à décembre ou à janvier.
La semaine dernière, le bulletin spécialisé Energy Intelligence a cité des sources disant s’attendre à ce que les Saoudiens acceptent une évaluation de 1600 à 1700 milliards de dollars de l’entreprise. En ce qui concerne l’évaluation d’Aramco, les autorités saoudiennes doivent trouver “un compromis entre la préférence déclarée du prince héritier et les réalités du marché”, a estimé Kristian Ulrichsen, chercheur à l’Institut Baker de l’Université Rice aux Etats-Unis. “Comme le processus a été retardé à plusieurs reprises et qu’il fait partie intégrante du plan du prince héritier visant à transformer l’Arabie saoudite, les investisseurs internationaux seront très attentifs à la performance d’Aramco sur le marché (financier) intérieur”, a déclaré M. Ulrichsen à l’AFP.
10 % du pétrole mondial
Aramco, qui produit environ 10 % du pétrole mondial, est considéré comme le joyau économique du royaume et le pilier de sa stabilité économique et sociale. Ryad cherche à encourager des familles saoudiennes riches à acheter des participations dans la firme, tandis que certains commentateurs saoudiens ont cherché à présenter cet investissement comme un devoir patriotique. L’Arabie saoudite a redoublé d’efforts pour séduire les investisseurs en promettant des dividendes annuels de 75 milliards de dollars, selon le site internet de l’entreprise.
“Une fonction importante de l’introduction sur la Bourse locale est de projeter de la confiance dans l’entreprise à destination du marché international”, a déclaré à l’AFP Cinzia Bianco, chercheur à l’European Council on Foreign Relations. “Cela permet au prince Mohammed de montrer qu’il tient ses promesses et qu’il fait ce qu’il a à faire, une nouvelle étape pour rassurer les investisseurs internationaux sur le fait que l’introduction en Bourse aura lieu après tout”, a ajouté M. Bianco.
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