C’est une prise de position qui promet de faire couler beaucoup d’encre de part et d’autre de la frontière. Dans une interview accordée au pure-player algérien TSA, l’ancien secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Amar Saadani a lancé : “le Sahara est marocain et rien d’autre”, parlant d’un point de vue historique.
“Il a été enlevé au Maroc au congrès de Berlin”, a précisé l’homme politique, à la tête de du FLN entre 2013 et 2016. Une référence à la conférence de Berlin qui s’est tenue de novembre 1884 à février 1885, et durant laquelle les pays européens colonisateurs se sont partagé l’Afrique. Il était alors question de codifier l’équilibre des puissances, afin d’éviter un affrontement.
Un propos surprenant, qui plus est venant d’un officiel algérien. L’occasion d’évoquer la position de l’Algérie et ses liens avec le Polisario, qu’elle finance. “Je pense que l’Algérie a versé pendant cinquante ans des sommes faramineuses à ce qui est appelé le Polisario, et cette organisation n’a rien fait et n’est pas parvenue à sortir de l’impasse”, a-t-il estimé. Et d’ajouter : “L’argent versé au Polisario, avec lequel ses membres se baladent depuis cinquante ans dans les hôtels de luxe, doit revenir à Souk Ahras, El Bayadh, Tamanrasset et autres villes. C’est mon avis, même s’il doit déplaire à certains.”
L’ancien président de la chambre basse du Parlement algérien appelle également à une “ouverture des frontières” entre les deux pays voisins, ainsi qu’à la “normalisation” de leur relation. Le but ? “Relancer l’unité maghrébine”, explique Amar Saadani en justifiant qu’il s’agissait là d’une volonté commune à tous les partis d’émancipation d’Afrique du Nord lors des décolonisations.
Maghreb united
“La relation entre l’Algérie et le Maroc est plus grande que cette question”, estime-t-il. Pour lui, le contexte maghrébin s’y prête : “Je pense que la conjoncture est favorable, car il y a l’élection d’un nouveau président et le changement de système en Tunisie, l’Algérie se dirige vers une élection [fixée au 12 décembre, malgré la ferme volonté de report du scrutin, exprimée par la rue lors des manifestations, NDLR] et un changement de système, la Libye aussi vit une transformation.”
C’est la deuxième fois en moins d’une semaine qu’un officiel, d’un côté ou de l’autre de la frontière, appelle à une évolution au Maghreb. Plus controversé, le désormais ex-président de la CGEM, Salaheddine Mezouar, déclarait dans ce sens : “Le Maghreb est en train de vivre des mutations structurelles porteuses d’espoir”, parlant d’un espace de résistance qui “se craquèle”. Des propos tenus le 12 octobre à la World Policy Conference et qui lui avaient valu, dès le lendemain, un sévère communiqué des Affaires étrangères marocain, entraînant sa démission.