Depuis le début du mois, Omar Balafrej fait l’objet d’une vague de critiques de la part de certains prédicateurs sur les réseaux sociaux. En cause, sa position concernant les libertés individuelles au Maroc, exprimée pendant l’un de ses podcasts qu’il publie sur Facebook. Invité le 6 octobre dans Confidences de presse (CDP), émission hebdomadaire diffusée en direct sur 2M, le député de la Fédération de la gauche démocratique (FGD) a tenu à “éclairer l’opinion publique” sur le sujet et à remettre les choses dans leur contexte. “En 2016, Monsieur Ramid avait préparé un projet de loi pour réformer le Code pénal. Les députés parlementaires avaient initialement jusqu’au 10 septembre dernier pour proposer leurs amendements”, explique-t-il.
“J’ai donc fait mon travail de député parlementaire et j’ai déposé les amendements qu’il fallait à mon sens apporter. Le 19 septembre, j’ai été surpris d’apprendre que le délai qu’on nous avait fixé avait été prolongé”, poursuit-il. “J’en ai parlé dans mon podcast (…) on m’a accusé de vouloir la débauche dans le pays”, déplore Balafrej.
“Je n’encourage pas les relations sexuelles”
Dans son podcast, le député FGD avait estimé que plusieurs articles du Code pénal devaient être supprimés ou réformés. “Le plus important” selon lui est l’article 490, qui punit “d’un mois à un an de prison toutes les personnes de sexe différent qui, n’étant pas unies par les liens du mariage, ont entre elles des relations sexuelles”.
“Je suis contre la criminalisation des relations sexuelles consenties entre deux personnes majeures. Cela ne veut pas dire que je suis en train d’encourager les relations sexuelles”, précise Omar Balafrej.
Selon lui, le fait que le Maroc, comme d’autres pays, punisse les relations sexuelles dans l’espace public (outrage à la pudeur) est déjà suffisant. “Mais en ce qui concerne des relations entre deux personnes majeures, dans un endroit privé, j’estime que le rôle de l’Etat n’est pas de s’immiscer dans la vie des gens pour voir ce qu’ils font ou pas. Et pour les gens qui m’accusent d’être contre la religion, je leur dis que plusieurs pays musulmans comme l’Egypte et la Turquie ne criminalisent pas les relations sexuelles entre deux personnes consentantes”, poursuit le député. Idem pour l’homosexualité. “Il y a des pays qui tuent les homosexuels, d’autres qui les mettent en prison, le Maroc en fait partie, malheureusement. Certains pays ne font rien, cela ne veut pas dire qu’ils encouragent l’homosexualité”, souligne-t-il.
Le député a ensuite été interrogé par les directeurs du site d’information Al 3omk et du quotidien Al Massae, également invités à l’émission, sur le conservatisme de la société marocaine. “Je ne suis pas fqih. Mon rôle en tant que politicien, c’est de trouver des solutions à des problèmes qui se posent déjà dans la société, sans hypocrisie politique. La réalité est qu’aujourd’hui, la moyenne d’âge du mariage au Maroc est de 28 ans. La commission qui avait rédigé les articles du Code pénal actuel l’a fait en 1962 et elle était à moitié composée de Français. Et à l’époque, l’âge moyen de mariage était de 19-20 ans”, détaille Omar Balafrej.
Aujourd’hui, pour le député, “la question des libertés individuelles est une priorité du pays. Il y a six mois, je ne le pensais pas. Regardez ce qui s’est passé avec votre consœur, Hajar Raissouni !”, fait remarquer l’élu aux autres journalistes présents sur le plateau. “N’y a-t-il pas d’autres crimes plus importants à arrêter, plutôt que de voir si elle a des relations hors mariages ou pas ?”
L’adultère au civil
Sur l’avortement, Omar Balafrej a fait savoir que le jour où le sujet “sera soumis à une discussion au Parlement”, il présenterait ses amendements aussi. “Est-ce qu’il y a une femme au Maroc ou dans le monde aujourd’hui qui se fait avorter par plaisir ? La femme ne fait ça que lorsqu’elle est dans l’impasse. Près de 800 avortements sont pratiqués chaque jour au Maroc et une fois de plus, c’est la classe populaire qui est concernée par ce problème. Ceux qui ont les moyens prennent l’avion et vont le faire dans les pays où c’est légal”, a plaidé le député, dénonçant une fois de plus l’hypocrisie de la société autour de ces sujets.
Omar Balafrej a également estimé que l’adultère ne devait pas être jugé au pénal. “Là encore, je ne l’encourage pas, je suis bien évidemment contre l’adultère, mais la solution à mon sens ne se trouve pas dans la prison. Le problème devrait être réglé entre les deux époux au civil”, explique-t-il.
Pendant que vous êtes là…
Pour continuer à fournir de l’information vérifiée et approfondie, TelQuel a besoin de votre soutien à travers les abonnements. Le modèle classique de la publicité ne permet plus de financer la production d’une information indépendante et de qualité. Or, analyser notre société, réaliser des reportages et mener des enquêtes pour montrer le Maroc « tel qu’il est » a bel et bien un coût.
Un coût qui n’a pas de prix, tant la presse est un socle de la démocratie. Parce qu’à TelQuel nous en sommes convaincus, nous avons fait le choix d’investir dans le journalisme, en privilégiant l’information qui a du sens plutôt que la course aux clics. Pour cela, notre équipe est constituée de journalistes professionnels. Nous continuons aussi à investir dans des solutions technologiques pour vous offrir la meilleure expérience de lecture.
En souscrivant à une de nos formules d’abonnement, vous soutenez ces efforts. Vous accédez aussi à des avantages réservés aux abonnés et à des contenus exclusifs. Si vous êtes déjà abonné, vous pouvez continuer à encourager TelQuel en partageant ce message par email
Engagez-vous à nos côtés pour un journalisme indépendant et exigeant