La faillite du tour-opérateur britannique Thomas Cook a précipité le tourisme mondial dans l’inquiétude. Au Maroc, le voyagiste envoyait un peu plus de 100 000 touristes par an. Un manque à gagner important, comme nous le confiait le président de la Confédération nationale du tourisme (CNT) : “Le chiffre d’affaires potentiel de ces 102 000 clients est estimé à 800 millions de dirhams, 700 millions concernant les hôteliers et 100 millions sur le reste des activités touristiques terrestres, c’est-à-dire les randonnées, excursions, dépenses sur place, etc.”
Désormais, la question du remboursement ou des aides à apporter aux acteurs du secteur se pose. Mais à ce sujet, 10 jours après l’événement majeur, rien n’a été éclairci auprès de la profession hôtelière. Contacté par TelQuel, le président de la CNT, Abdellatif Kabbaj nous déclare : “Depuis la faillite de Thomas Cook, rien n’a été annoncé concernant les remboursements des hôteliers. Certains pays s’en sont remis à leur ministère et leur ambassade, mais personne n’a rien saisi pour l’instant nous concernant”.
“Nous avons exprimé nos doléances de façon officielle à l’Office national marocain du tourisme (ONMT) et au ministère pour trouver des solutions et éviter que certains hôteliers ne mettent la clé sous le paillasson”, ajoute le président du CNT. Il poursuit : “La priorité est donnée à la réorganisation du gouvernement. Ils ne portent pas d’intérêt, alors que les Tunisiens, les Turcs, les Grecs et les Égyptiens aident leurs gens et ne les laissent pas tomber.”
Quelle procédure de remboursement ?
Il y a donc encore une grande inconnue sur le procédé de résolution de ces impayés. Contacté par nos soins, Rachid Dahmaz, directeur du Conseil régional du tourisme (CRT) d’Agadir nous explique comment devrait se dérouler le procédé : “Aujourd’hui, nous ne savons pas comment nous allons être remboursés. Et il n’y a pas que les pertes liées à la faillite, il y a aussi les anciennes factures, car Thomas Cook ne payait plus depuis plusieurs mois. Logiquement, c’est aux compagnies d’assurance et au tribunal”. Il poursuit : “C’est une procédure normale pour une société qui fait faillite. Thomas Cook a des actifs au niveau des avions, des hôtels, etc. C’est un cas juridique légal et non plus commercial, la faillite a eu lieu, c’est terminé.”
Pour Rachid Dahmaz, la réponse sur le procédé à suivre résiderait dans les cabinets européens d’avocats : “Il faut désormais consulter un cabinet d’avocats étranger pour auditer le tout. Normalement, cette démarche doit être lancée par le ministère de tutelle. Ce n’est pas aux hôteliers de s’occuper de ça, qui n’ont pas les moyens de consulter un cabinet d’avocats européens. Eux seuls pourront nous dire quelle est la procédure à suivre. Il faut que le ministère et la Fédération nationale de l’industrie hôtelière (FNIH) se réunissent pour présenter aux acteurs du secteur les décisions qui seront prises”.
Un professionnel du tourisme nous confie qu’une lettre a récemment été adressée au ministre du Tourisme. Cette dernière fait état de la réclamation d’un fonds d’aide exceptionnel à débloquer auprès du ministère des Finances. La profession demande également l’octroi d’un fonds spécial auprès de l’ONMT, afin de lancer une campagne marketing et de communication pour la reconquête d’une clientèle sur les zones de Marrakech et Agadir. Une demande effectuée dans le but de sauvegarder des emplois et des entreprises du secteur. Notre source nous indique que depuis cette lettre, les doléances sont restées lettres mortes.
Contacté par TelQuel, le ministère du Tourisme n’a pas répondu à nos sollicitations.