Le changement climatique, « une menace que nous nous devons d’affronter conjointement ». C’est en substance le propos du discours porté par Mohammed VI et lu par la princesse Lalla Hasnaa lors de la cérémonie d’ouverture du sommet spécial des Nations unies sur le climat, le 23 septembre.
Le climat, focale de l’action collective : c’était là tout l’objet du raout onusien sur le climat, où le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, attendait « des solutions, des garanties et de l’action » de la part des dirigeants, plutôt que des « beaux discours ». D’autant que le niveau d’alerte est monté d’un cran. Un rapport publié dimanche par l’ONU estime que « les efforts des pays doivent être multipliés par cinq pour s’en tenir à + 1,5 °C d’ici 2100 ».
Le Maroc, lui, s’est activé dans ce sens. Côté tribune : s’afficher en porte-voix de l’Afrique, « une priorité de l’action collective », pointe le discours lu par Lalla Hasnaa, rappelant le rôle du Royaume depuis son retour à l’Union africaine en janvier 2017. Côté coulisses : asseoir ses positions sur ses fondamentaux diplomatiques, Sahara et lutte antiterroriste en tête.
La question du Sahara de nouveau sur la table
Le Maroc veut montrer l’exemple en matière de lutte contre la dégradation de l’environnement. Ainsi, en tant que « pays faiblement émetteur de gaz à effet de serre », Lalla Hasnaa a rappelé que le Royaume s’était engagé « à réduire ses émissions de 42 % d’ici 2030 » et avait lancé « un processus inclusif et exhaustif pour pouvoir dépasser ce seuil ».
Un son de cloche repris par le Chef du gouvernement, Saâd Eddine El Othmani, en escale à New York. Le mercredi 25 septembre, lors de la 74e session de l’Assemblée générale de l’ONU, adossée au sommet sur le climat, le chef de l’exécutif a réitéré « l’attention particulière » dont doit faire l’objet le continent africain et appelé à « la création d’un fonds pour le développement de l’Afrique ». Ce dernier devrait permettre à l’Afrique d’avancer à pas sûrs vers la réalisation des 17 Objectifs de développement durable (ODD) alors que « les résultats dans certains pays ne sont toujours pas à la hauteur des ambitions ».
L’Afrique oui, mais lorsque le Maroc s’exprime, la question du Sahara ne reste jamais très loin. N’hésitant pas à adresser un tacle au voisin algérien sur « la situation déplorable des populations des camps de Tindouf », El Othmani a rappelé que « la souveraineté totale » du Royaume sur ses provinces du sud était une question « absolument non négociable ». « Le Maroc œuvre avec sérieux en vue d’une solution politique définitive au différend régional autour du Sahara marocain », a-t-il ajouté.
C’est que la question figure sur la table de l’Assemblée générale, chargée d’examiner un rapport sur les droits des peuples à l’autodétermination, soumis le 15 août par le secrétaire général António Guterres. Sur le Sahara, le document pointe « les difficultés auxquelles se heurtent les opérations de la MINURSO, et des mesures prises pour s’attaquer à ces problèmes ». « Le Maroc espère que les résolutions du Conseil de sécurité et de la 4e commission de l’Assemblée générale soient au diapason pour donner l’impulsion, tant souhaitée par la communauté internationale, au processus politique pour parvenir à une solution politique réaliste, pragmatique et durable », confie une source au fait du dossier à TelQuel.
D’autant que le Maroc a pu compter sur un revirement inattendu. Dans son discours, le président du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, a défendu « la centralité des Nations unies » et la disposition de l’Espagne à « contribuer aux efforts du Secrétaire général de l’ONU pour parvenir, en application des résolutions du Conseil de sécurité, à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable ».
De quoi trancher avec la dernière sortie en date sur le sujet, du chef de gouvernement socialiste. Le 5 septembre, il avait fait part de son soutien à l’élargissement du mandat de la MINURSO au contrôle des droits de l’Homme dans la région. La sortie avait irrité du côté de Rabat, et le porte-parole du gouvernement de rappeler que le Conseil de sécurité de l’ONU avait fait part de sa « confiance » dans des rapports fournis par les commissions régionales de Laâyoune et Dakhla.
Le Maroc, de nouveau à la tête du GCTF
Ailleurs, en marge de l’assemblée, c’est au ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, de multiplier les rencontres avec ses différents homologues. Il a également co-présidé une rencontre du Forum global de la lutte contre le terrorisme (GCTF), d’où il a appelé à « la nécessité absolue » de maintenir un engagement fort dans la lutte antiterroriste.
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— Moroccan Diplomacy 🇲🇦 (@Marocdiplo_EN) September 25, 2019
Créé en 2011, le GCTF est un forum international réunissant 29 pays et l’Union européenne, avec comme mission principale de réduire la vulnérabilité du monde au terrorisme en prévenant, combattant et poursuivant les actes terroristes, et en luttant contre l’incitation au terrorisme. L’organisme fonctionne selon une logique de présidence co-assurée par un pays du nord et un pays du sud. Jusque-là co-présidé par le couple marocco-néerlandais depuis 2016, avec qui des avancées ont pu être réalisées, notamment sur le phénomène des « combattants terroristes étrangers », le Royaume s’est vu renouveler la confiance des Etats membres et est maintenu à la tête de l’entité, avec le Canada.
Interrogée en mars 2018 au sujet de l’importance du GCTF, une source marocaine proche du dossier confiait à TelQuel : « Notre expertise interne nous crédibilise à l’international. Et le GCTF a permis d’accentuer notre rayonnement, grâce à la bonne coordination entre les services. C’est un bel exemple de bonne politique interne et une bonne promotion externe. »