Donald Trump remercie son conseiller John Bolton, spécialiste du dossier du Sahara

John Bolton, conseiller du président américain à la sécurité nationale, a présenté sa démission à Donald Trump aujourd'hui. Il était l’un des officiels américains les plus impliqués dans le dossier du Sahara.

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AFP

Une démission qui pourrait faire réagir du côté de Rabat. C’est à travers deux tweets publiés cet après-midi que le président américain Donald Trump a annoncé la démission de son conseiller à la sécurité nationale, John Bolton. “La nuit dernière, j’ai dit à John Bolton que ses services n’étaient plus requis à la Maison-Blanche”.

J’étais en désaccord avec certaines de ses suggestions, comme ce fut le cas pour d’autres administrations”,  a écrit le président américain dans un premier tweet. Les deux hommes avaient des visions opposées quant à l’action diplomatique américaine en Afghanistan, mais aussi en Iran.

Dans un second tweet, Donald Trump explique avoir “demandé à John (Bolton, NDLR) de présenter sa démission, ce qu’il a fait ce matin ( le 10 septembre, NDLR)”.  L’actuel locataire de la Maison Blanche indique dans la même publication  qu’il nommera un nouveau conseiller à la sécurité nationale, “la semaine prochaine”.

Dans un tweet qui semble faire office de réponse au président américain, John Bolton affirme avoir présenté sa démission à Donald Trump dans la soirée du 9 septembre avant que ce dernier ne lui propose “d’en parler demain” ( le 10 septembre, NDLR).

Ce changement d’effectif à la Maison Blanche pourrait avoir un impact sur le dossier du traitement du Sahara aux États-Unis, mais aussi aux Nations Unies. En effet, John Bolton était l’un des membres de l’administration américaine les plus impliqués dans ce dossier et a influencé la diplomatie US sur ce dossier. C’est sous sa houlette que les États-Unis ont réclamé une réévaluation du rôle des missions de la paix, dont la Mission des Nations Unies au Sahara (MINURSO), aux Nations Unies.

John Bolton semblait également prôner une résolution rapide du conflit comme en témoignent ces propos prononcés en décembre dernier par le désormais ex-responsable américain : “27 ans de déploiement de cette opération de maintien de la paix (La MINURSO, NDLR) ! 27 ans après, et ils sont encore là-bas ? Comment justifier cela ?[…] N’y a-t-il pas un moyen de résoudre cela ? Les ressources, le temps et l’attention octroyés aux forces de maintien de la paix peuvent être plus productifs s’ils sont utilisés dans le développement économique des populations de la région”.

Depuis sa nomination au poste de conseiller présidentiel, la durée de prorogation du mandat de la MINURSO est passée d’un an à six mois, contre l’avis du secrétaire général de l’ONU et de la diplomatie française. Avant d’être nommé au  poste de conseiller du président américain, John Bolton était  l’un des conseillers de l’ancien envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara, James Baker. Ce prédécesseur de Horst Köhler est à l’origine du plan de résolution du conflit régional, dont le plan Baker II, l’un des plus contestés par Rabat.

John Bolton fut également l’ancien représentant permanent des États-Unis auprès des Nations unies entre août 2005 et décembre 2006, durant la présidence de George W. Bush. À ce poste, il souhaitait mettre fin à la Mission des Nations unies pour le Sahara (MINURSO) et entamer le processus pour mettre en place un référendum au Sahara.

John Bolton  est le second acteur important dans le dossier du Sahara à avoir quitté ses fonctions en l’espace de quelques mois. Au mois de mai dernier, l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara, Horst Köhler, avait présenté sa démission pour des raisons de santé. Cette démission avait entraîné le report sine die de la troisième table ronde de Genève sur le Sahara réunissant le Maroc, l’Algérie, le Polisario et la Mauritanie.

Près de quatre mois après cette démission, le secrétaire général de l’ONU n’a toujours pas désigné de successeur alors que  le sort des tables rondes genevoises, premier processus de dialogue entre les parties au conflit entamé en l’espace d’une décennie, reste en suspens.