Les cinq mois de boycott des cours et des examens décidés par les étudiants des facultés de médecine du Royaume ont connu un dénouement pour le moins inattendu dans la soirée d’hier. Dans une diffusion en direct sur Facebook, la Commission nationale des étudiants en médecine (CNEM) annonce la signature d’un accord avec le gouvernement. Pourtant, le document soumis au vote des étudiants avait été rejeté par 52 % des voix exprimées.
Du côté des étudiants, l’heure est à la consternation. “Nous sommes choqués. Ils ont annoncé qu’ils acceptaient l’accord et qu’ils allaient le signer. Les raisons avancées étaient que le pourcentage n’était pas représentatif et que le nombre de votants non plus. Ils ont dit qu’ils n’allaient pas obtenir plus, quoi qu’il arrive”, témoigne une étudiante en médecine.
Silence radio
Pour comprendre la consternation des étudiants, il faut remonter au lundi 26 août. Ce jour-là, la CNEM organise une assemblée générale extraordinaire pour présenter aux étudiants, les détails et la nature d’un projet d’accord scellé avec le ministère de L’Éducation à l’issue de trois jours de négociation. Celui-ci est soumis au vote estudiantin dans l’après-midi.
Après plusieurs heures de scrutin, des résultats non officiels sont communiqués au compte-goutte aux étudiants réunis dans l’ensemble des facultés de médecine du pays. Certaines facultés ont voté contre l’accord, notamment la pharmacie de médecine de Casablanca ou encore celle de Tanger. Les facultés de pharmacie, médecine et médecine dentaire de Rabat de leur côté se sont prononcées en faveur de l’accord avec l’Exécutif.
Mais à l’issue de cette journée de vote, c’est le silence radio du côté de la CNEM. Une situation qui a provoqué la division au sein de la communauté estudiantine. “Le soir même, il y avait énormément d’inquiétude au sein des étudiants médecins. Le maintien du boycott avait été annoncé, mais beaucoup d’étudiants s’écharpaient sur les réseaux sociaux au sujet de l’accord”. Près de 24 heures après le vote, certains étudiants en médecines annonçaient la victoire du “non” et le maintien du boycott.
Retournement de situation
Néanmoins ces résultats n’étaient toujours pas officiels, car, ce mardi, la CNEM se refusait toujours à communiquer sur le sujet. “Il n’y a eu aucune intervention d’un membre de la CNEM pour nous dire quoi que ce soit sur les résultats. Il y a juste eu le décompte des voix effectué dans les universités qui nous ont donné des indications quant à l’issue du vote”, nous confie une étudiante en médecine.
Ce n’est que dans la nuit du 27 au 28 août que la CNEM finit par annoncer sa décision finale aux étudiants. L’accord scellé avec l’Exécutif devrait finalement être signé aujourd’hui. “La CNEM a annoncé que le PV sera signé par les doyens, qui représentent le ministère de l’Éducation, et les directeurs des CHU, qui représentent le ministère de la Santé. Le tout sera chapeauté par le ministère de l’Intérieur”.
Si l’accord répond à certaines demandes des étudiants (suspension de la 6e année de médecine dentaire, création de 150 postes de résidant supplémentaire par an pendant cinq ans), le doute subsiste néanmoins. “Durant le boycott de 2015, le PV avait été signé par les ministères. Celui-ci sera signé par les doyens et les directeurs de CHU donc cela crée le doute”, confie notre source.
C’est donc, de manière officielle que la CNEM a opté pour la fin au boycott estudiantin qui durait depuis le 25 mars dernier. Un communiqué du mouvement estudiantin et des départements ministériels concernés devrait paraître dans la journée avec les détails des modalités de reprise pour le passage des examens. Contacté par TelQuel, le bureau de la CNEM n’a pas répondu à nos sollicitations.