Révolution du roi et du peuple : 4 enseignements du discours royal

Dans son discours prononcé à l’occasion du 66e anniversaire de la Révolution du roi et du peuple, le souverain a insisté sur la nécessité pour le Maroc de se doter d’un nouveau modèle de développement. Pour lui, celui-ci doit également s'accompagner d'un développement du monde rural et de la formation professionnelle pour permettre l'émergence du Royaume.

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MAP

C’est un discours consacré au développement économique du Maroc que le roi Mohammed VI a prononcé dans la soirée du 20 août pour le 66e anniversaire de la révolution du roi et du peuple. Une occasion pour le souverain de suggérer des pistes susceptibles selon lui de mener “le Maroc sur la voie du progrès”.

Le nouveau modèle de développement, une priorité royale

C’est lors d’un discours prononcé en octobre 2017 à l’occasion de l’ouverture de la session d’automne du parlement que Mohammed VI a évoqué pour la première fois la nécessité pour le Royaume d’adopter un nouveau modèle de développement pouvant “satisfaire les demandes pressantes et les besoins croissants des citoyens, réduire les disparités catégorielles et les écarts territoriaux et réaliser la justice sociale”.

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Un an plus tard, toujours lors d’un discours prononcé devant le parlement, le souverain avait annoncé qu’une “commission ad hoc” avait reçu pour mission de lui soumettre “le projet du nouveau modèle de développement, en spécifiant les objectifs fixés, les leviers de changement proposés et les mécanismes de mise en œuvre retenus”.

Si aucune information ne circule sur les travaux menés par ladite commission, le roi a annoncé lors du discours du trône prononcé le 29 juillet dernier la mise en place d’une “commission spéciale” chargée du modèle de développement. Le souverain annonçait l’installation de cette dernière “à la rentrée prochaine”.

Après le discours royal de ce mardi, on sait désormais que cette commission, qui pour rappel  rassemblera des “compétences nationales issues du public et du privé” aura une “triple mission de réajustement, d’anticipation, de prospective”. Elle est appelée à élaborer un modèle “authentiquement marocain” que les citoyens devront “s’approprier”, selon les termes du souverain.

Le nouveau modèle de développement fera également office  de “contrat social” auquel l’ensemble des composantes de la société est appelé à adhérer, aussi bien le secteur privé que les formations politiques, les syndicats, ou les associations.

Le monde rural et les périphéries, comme levier de développement

Pour Mohammed VI, l’élaboration du nouveau modèle de développement doit également être accompagnée d’un élan de développement dans le monde rural et dans les périphéries urbaines. C’est dans ce sens que le roi a mentionné le Programme national de réduction des disparités en milieu rural. Ledit programme a été créé suite aux instructions données dans le discours du trône prononcé en juillet 2015.

Ce programme, doté d’un budget de 50 milliards de dirhams, doit permettre le désenclavement des populations rurales de celles établies en zone montagneuse, ainsi que la mise en place de plus de 20.000 projets de développement.

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Interrogé sur son avancée en janvier 2019 au parlement, le porte-parole du gouvernement Mustapha El Khalfi a déclaré que 1,2 milliard de dirhams ont été alloués à ce programme. Le ministre avait également affirmé que “662 projets [étaient] en cours de mise en œuvre au titre de ce programme” et que le lancement de 300 autres chantiers avait été programmé. Depuis, plus aucune évolution.

Pour le roi, le développement du monde rural passe aussi par un investissement renforcé du secteur privé dans ces zones. Un élan qui permettrait de dynamiser l’investissement agricole, les filières professionnelles et les services connexes. A noter que dans un rapport consacré aux disparités de développement sur la période 1999-2014 présenté en 2018, le ministère de l’Aménagement du territoire national relevait que la population rurale contribuait à seulement 12% du PIB.

Soutien à la formation professionnelle

Durant son discours, le roi Mohammed VI a de nouveau souligné l’importance de la formation professionnelle insistant sur son importance dans la qualification des jeunes, notamment en milieu rural. Selon le souverain, celle-ci doit assurer “une insertion professionnelle réussie” de jeunes amenés à devenir “productifs” pour le développement du pays.

Le roi a notamment insisté sur la nécessité de développer les métiers de l’artisanat “qui assurent aux praticiens un revenu décent et une vie digne”. Il a aussi milité pour les métiers de l’industrie agroalimentaire et les professions agricoles. Mohammed VI a par ailleurs souligné le besoin de “compétences nationales” dans les secteurs du tourisme, de l’automobile , de l’aéronautique et des nouvelles technologies.

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A noter que selon une étude publiée en 2018  par le Haut-commissariat au plan, les lauréats de l’Office de la Formation professionnelle et de la Promotion du Travail (OFPPT) enregistrent un taux de chômage de 24,5%. Et lorsqu’ils trouvent un emploi, 33% des diplômés de la formation professionnelle ont des emplois sous-qualifiés.

Le ministère de l’Éducation avait présenté le 4 avril dernier la feuille de route du gouvernement pour une réforme de la formation professionnelle au roi Mohammed VI. Celle-ci prévoit la création de “cités des métiers et des compétences” dans les 12 régions du Royaume.

Ces “cités des métiers”  devront disposer de “structures spécifiques à l’instar des chaînes de production pédagogiques, des centres de simulation et des halls technologiques”. 3,6 milliards de dirhams seront mobilisés pour ces structures dont l’ouverture est  prévue à l’horizon 2021. On pourrait conclure que le discours du souverain fixe les priorités de ces nouvelles Cités des métiers et des compétences.

Une nouvelle critique des indicateurs internationaux

Dans son discours, le roi Mohammed VI affirme que durant les deux dernières décennies, “le Maroc a connu un taux de croissance économique qui incite à l’optimisme”. Le souverain a néanmoins tancé la classification du développement économique du Maroc, affirmant que le Royaume est “classé selon les indicateurs et critères appliqués aux pays pétroliers et gaziers”.

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Cette sortie n’est pas sans rappeler le discours du trône prononcé par le souverain en juillet 2014, lors duquel Mohammed VI avait appelé à la mise en place de nouveaux outils pour évaluer la richesse du Maroc prenant en compte le patrimoine matériel et immatériel du pays. Le Conseil économique social et environnemental (CESE) et Bank Al Maghrib avaient hérité de cette tâche. Depuis, aucune étude n’a été publiée à ce sujet.