M’hammed El Khalifa : "La libération des détenus du Hirak serait l’un des meilleurs cadeaux du roi"

Dans un entretien accordé à Akhbar Al Yaoum, l’ex-ministre Istiqlal M’hammed El Khalifa explique les origines du “Front contre la francisation de l’éducation”, et demande la libération de Taoufik Bouachrine et des détenus du Hirak rifain.

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Yassine Toumi/ TelQuel

Le 20 août, on espère la libération de Taoufik Bouachrine, de tout homme de média incarcéré pour son opinion et tous les détenus du Rif. Cela relève de l’intérêt de la nation”. Tel est le vœu formulé par M’hammed El Khalifa, ancien ministre et cadre de l’Istiqlal, à quelques jours du 66e anniversaire de la révolution du roi et du peuple.

Dans un entretien publié aujourd’hui dans le quotidien arabophone Akhbar Al Yaoum, il affirme que ces éventuelles libérations seraient les “meilleurs cadeaux que Sa Majesté le roi puisse offrir” lors de la commémoration de cet anniversaire.

Pour M’hammed El Khalifa, le souverain est la seule “référence” dans “tout ce qui concerne les atteintes aux libertés et aux droits fondamentaux de l’Homme”. L’ancien ministre affirme ainsi qu’un courrier a été adressé au monarque via le cabinet royal. Une missive dans laquelle des leaders d’opinion, des hommes politiques, des scientifiques, des oulémas, mais aussi des journalistes demandent la libération de Taoufik Bouachrine et des détenus du mouvement de contestation du Rif.

Contre la francisation de l’éducation

L’entretien était aussi l’occasion d’aborder le projet de loi-cadre sur l’enseignement adopté par les deux chambres du parlement au mois de juillet. Pour rappel, M’hammed El Khalifa avait reçu, au lendemain de l’adoption du texte, une vingtaine de personnalités politiques et académiques ayant créé le “Front contre la francisation de l’éducation”. Un rassemblement qui compte parmi ses membres l’ex-chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, l’ex-bâtonnier Abderrahmane Benamrou ainsi que l’ancien président du Mouvement unicité et réforme (MUR), Ahmed Raissouni.

El Khalifa considère ce front comme “une initiative très importante dans l’histoire du Maroc politique et contemporain”. Il voit dans ce groupement “une riposte instantanée, directe et forte”. Selon ce cadre de l’Istiqlal, le vote du projet de loi-cadre sur l’éducation au Parlement a été “orchestré”. Il explique que le texte a été programmé “à la fin de l’année législative, dans le but d’éviter la controverse et faire en sorte qu’il ne soit pas combattu avec tous les moyens possibles et les luttes légitimes”. Khalifa avait d’ailleurs appelé tous les élus de son parti à voter contre le texte.

Les membres du Front contre la francisation de l’éducation étaient d’ores et déjà conscients de l’obligation de réunir “toutes les volontés nationales et populaires dans un seul front afin de prendre une position collective”, poursuit l’ex-ministre. Une démarche nécessaire face à un “lobby francophone très organisé”, capable de “trouver des soutiens qui servent ses objectifs”, explique-t-il. Aux yeux de l’ex-ministre, ce lobby “anticipe avec prudence et attaque ardemment l’identité de la nation, en essayant de lui piller son identité linguistique”.

La constitution de ce front n’est-elle pas trop tardive? A en croire M’hammed El Khalifa, “la guerre contre la langue arabe” ne date pas d’hier. “Elle a commencé durant la colonisation et s’est poursuivie après l’indépendance avec des méthodes et des formes différentes (…) cette guerre imposée au peuple marocain ne prendra pas fin après l’adoption de la loi-cadre”. Pour Khalifa, le projet de loi-cadre fait “partie intégrante d’un complot dangereux entamé il y a au moins huit ans”.