Le député PJD Ali El Asri se rétracte. 48 heures après son commentaire polémique sur le travail bénévole mené par de jeunes belges à Adar, un village situé dans la province de Taroudant, l’élu a présenté des excuses. Dans un post publié sur Facebook, celui qui est également membre du groupe d’amitié maroco-belge à la chambre des représentants s’était interrogé : “Depuis quand les Européennes font des travaux en tenue de baignade ? Sont-elles humanitaires ou auraient-elles d’autres buts, sachant que la région est encore connue pour son conservatisme et son intolérance face aux vagues d’occidentalisation et de nudité ? ”.
Aujourd’hui, l’élu n’assume plus ses propos. “Je réfute toute déformation de mes propos et notamment toute insinuation à une quelconque incitation à la haine ou à la violence, qui sont étrangères à mes convictions personnelles et aux principes auxquels j’adhère”, soutient-il dans un communiqué publié dans la soirée du 8 août. Ali El Asri “rejette toute mauvaise interprétation de (s)es propos et regrette sincèrement tout tort ou désagrément que ces interprétations auraient causé”.
Changement de discours
Dans son communiqué, le député “ salue” aussi toutes les initiatives humanitaires (…) dont celle entreprise par les jeunes femmes belges. Ces initiatives, qui favorisent notamment une meilleure connaissance mutuelle, devraient être encouragées”. Enfin, il “réitère (s)es excuses auprès de quiconque qui se serait senti blessé ou offensé (…) nos hôtes, jeunes femmes belges, ainsi que l’organisme auquel elles appartiennent”.
Quelques heures avant la publication de ce communiqué, le numéro 2 du PJD Slimane El Amrani avait invité l’élu à faire “davantage attention à ce qu’il écrit”, sans pour autant annoncer des sanctions à son égard. “Nous n’avons rien fait jusqu’à présent, mais si l’on remarque qu’il y a des dépassements, nous n’hésiterons pas à le convoquer pour l’interpeler”, nous avait indiqué le vice-secrétaire général du parti. Et d’ajouter : “Au sein du parti, nous avons opté pour un choix, celui de la liberté d’opinion. Monsieur El Asri a une page Facebook où il exprime librement son opinion et personne ne peut limiter ou censurer sa parole”.
Les propos du député avaient choqué de nombreux Marocains sur la Toile. Les concernées sont des bénévoles de l’association belge Bouworde, qui mène depuis 15 ans des projets au Maroc. Elles étaient apparues dans un reportage du journal arabophone Al Omk publié le 3 août, les montrant en train de réaliser des travaux de bénévolat à Adar. Avant Ali El Asri, un enseignant du primaire avait appelé dans un post Facebook “à couper les têtes” des bénévoles pour donner “une leçon à ceux qui ne respectent pas la foi musulmane”. L’homme, âgé de 26 ans et résidant à Ksar El Kébir, a été arrêté le 5 août par des éléments de la BNPJ. Il est soupçonné d’“implication dans une affaire d’apologie et d’incitation à des actes terroristes”.