En attendant l’officialisation de l’arrivée de Vahid Halilhodzic à la tête de l’équipe nationale A, la direction technique nationale a connu de grands changements concomitants au départ d’Hervé Renard. Patrice Beaumelle, l’ex-adjoint de Renard, dirigera l’équipe nationale olympique, Houcine Ammouta champion d’Afrique en 2017 avec le Wydad sera à la tête de l’équipe nationale locale, tandis que c’est Jamal Sellami qui aura la responsabilité de l’équipe nationale des moins de 20 ans.
Patrice Beaumelle et le cadeau empoisonné
“Il est temps pour lui de voler de ses propres ailes” avait déclaré début juillet le désormais ex-sélectionneur Hervé Renard en évoquant la situation de son adjoint et acolyte Patrice Beaumelle. Pour voler de ses propres ailes, le technicien français n’est pas parti très loin. C’est bien au Maroc, sa terre d’accueil depuis qu’il est arrivé aux côtés du double champion d’Afrique en 2016 que Beaumelle entamera sa première véritable expérience en tant que sélectionneur. Nommé à la tête de l’équipe nationale olympique, son bizutage ne sera pas de tout repos. Cette nomination peut être même perçue comme un cadeau empoisonné pour Beaumelle.
Victorieuse sur tapis vert de sa double confrontation comptant pour le 2e tour des éliminatoires de la CAN 2019 des moins de 23 ans face à la République démocratique du Congo — la RDC a fait jouer un joueur de plus de 23 ans —, l’équipe nationale olympique devra encore se défaire du Mali, pour espérer disputer la compétition qualificative aux Jeux Olympiques 2020.
Le match contre le Mali, prévu le 5 ou 6 septembre, sera déjà un premier test pour l’ex-adjoint de Hervé Renard qui n’aura pas le droit à l’erreur. Fin connaisseur du continent après y avoir passé plus de 10 ans, Beaumelle est forcément conscient que la tâche ne sera pas facile face à une nation réputée pour sa formation et ses équipes de jeunes. Quart de finaliste de la Coupe du Monde 2019 des moins de 19 ans en Pologne, c’est cette même génération de joueurs maliens qui portera les espoirs de leur pays pour décrocher une qualification à la CAN 2019 prévue en Égypte, et espérer atteindre le dernier carré de la compétition, synonyme de qualification pour les JO 2020 à Tokyo.
Un premier objectif déjà très corsé pour le tacticien qui pourra néanmoins compter sur quelques joueurs de l’équipe première comme Achraf Hakimi (20 ans) et Youssef En-nesyri (22 ans).
Les locaux en guise de tremplin pour Lhoucine Ammouta ?
Le nom de Lhoucine Ammouta figurait dans la liste des entraîneurs susceptibles de succéder à Hervé Renard à la tête de l’équipe nationale A. finalement, le champion d’Afrique 2017 avec le Wydad a pris la tête de l’équipe nationale locale. Précédemment tenue par Jamal Sellami, cette sélection de joueurs locaux a remporté le Championnat d’Afrique des Nations (CHAN) à Casablanca en février 2018. Difficile donc de faire mieux pour Ammouta, puisque c’est l’unique compétition majeure de la catégorie.
En plus de conserver le titre de champion d’Afrique en 2020 au Cameroun, Lhoucine Ammouta devra faire en sorte que sa sélection se transforme en une forme d’antichambre de l’équipe première. Selon nos informations, la FRMF ne compte pas répéter les erreurs commises lorsque Jamal Sellami tenait les rênes de l’équipe nationale locale. Cette fois-ci, le sélectionneur des locaux devra travailler en étroite collaboration avec le sélectionneur de l’équipe première, afin que cette sélection serve de tremplin et prépare les joueurs à intégrer l’équipe A.
Le tremplin, Lhoucine Ammouta en rêve aussi. D’après nos informations, le technicien marocain a décliné l’offre de la FRMF qui lui proposait d’être adjoint du prochain sélectionneur national, en l’occurrence Vahid Halilhodzic. Ammouta a néanmoins bien voulu se charger de l’équipe nationale locale, avec la ferme intention de gagner de l’expérience sur la scène internationale.
La dernière chance de Sellami
En remportant le CHAN 2018 avec l’équipe nationale locale, Jamal Sellami fait déjà partie de l’histoire du football marocain. Mais depuis cette soirée de sacre le 4 février 2018 à Casablanca, la cote du technicien marocain a chuté. Malgré un parcours brillant en Championnat d’Afrique des Nations, Sellami n’a en effet pas continué l’aventure avec les locaux. Il a pris la tête de l’équipe nationale des moins de 17 ans, avec l’objectif d’atteindre le dernier carré de la Coupe d’Afrique des Nations 2019, et décrocher un ticket qualificatif pour le Mondial au Brésil la même année. C’est raté pour les Lionceaux. Ils finissent bon derniers du groupe B, avec seulement 1 point au compteur, derrière le Cameroun, futur vainqueur de la compétition, la Guinée et le Sénégal.
Une bien pâle performance, difficile à digérer pour les composantes de la FRMF, d’autant plus que Sellami avait décidé de compter sur une équipe composée essentiellement de jeunes joueurs issus de l’Académie Mohammed VI de football. Mais pas de quoi entamer la confiance de ses dirigeants. Après une période de flottement qui dure depuis le mois d’avril, Sellami a été nommé sélectionneur de l’équipe nationale U20. L’objectif pour l’ex-joueur du Raja est clair : créer un groupe de joueurs soudés capables d’évoluer ensemble pour de longues années, se qualifier pour la CAN 2021 pour faire partie du dernier carré et ainsi se qualifier au Mondial.
Osian Roberts, l’homme à la baguette
Ces techniciens à la tête des sélections nationales devront régulièrement travailler en collaboration avec le nouveau directeur technique, Osian Roberts. Le Gallois a signé un contrat de 5 ans avec la Fédération royale marocaine de football avec l’objectif de faire mieux que son prédécesseur, Nasser Larguet.
Sa réussite dépend des résultats des équipes nationales de jeunes, et c’est tout naturellement qu’il aura comme mission de chapeauter le travail des sélectionneurs. Au four et au moulin, Osian Roberts doit effectuer un travail de titan pour espérer obtenir des résultats sur le court, moyen et long terme. Un défi qui n’effraye pas l’ancien adjoint de sélectionneur du Pays de Galles, qui se dit prêt à “laisser un héritage”.
“J’ai toujours été un peu ouvert d’esprit, mais au fur et à mesure que les choses se mettaient en place, il devenait de plus en plus clair que c’était une excellente opportunité que je ne pouvais tout simplement pas refuser,”a déclaré Osian Roberts au média gallois Wales Onlines. Au-delà du salaire qu’il ne cite pas, il révèle que c’est le discours du président Lekjaa qui l’a convaincu.
“J’ai carte blanche, car les années précédentes étaient décevantes. La première équipe a déçu en Coupe d’Afrique, tout comme les U17. Les U19 ne se sont même pas qualifiés. Ils m’ont dit ‘viens et construis quelque chose pour nous. Laisse un héritage’,” a ajouté Osian Roberts.
“Je ne peux pas simplement copier et coller le modèle du Pays de Galles que j’ai aidé à construire pour le transférer en Afrique. C’est une culture complètement différente, un défi,” estime néanmoins l’ancien directeur technique des Dragons, conscient des limites de son modèle qui avait fait gagner au Pays de Galles, 24e nation FIFA, plus de 40 places en 3 ans.