Six mois de prison avec sursis, trois ans d’inéligibilité et 10.000 euros d’amende. C’est le jugement prononcé par le Tribunal correctionnel de Rennes, ce mardi 6 août, à l’encontre du président du groupe parlementaire France-Maroc, Mustapha Laabid. Visé par une enquête depuis novembre 2017, le député de la République en marche (LREM) était poursuivi pour abus de confiance et détournement de fond public à hauteur de 21.930 euros, dont 15.000 euros de frais de bouche.
Bien qu’absent lors de l’énoncé du jugement, l’élu compte faire appel. L’avocat du député franco-marocain, maître William Pineau, en a fait part au sortir du jugement : “Cette décision par l’effet de l’appel va être mise en attente et ne sera pas exécutoire”. Un appel qui suspendrait la décision. “Tant que la cour d’appel n’aura pas statué, le député Laabid reste le député Laabid naturellement”, a ajouté la défense de l’élu.
“Manquements réitérés et particulièrement nombreux”
Mustapha Laabid, 50 ans, était soupçonné d’avoir utilisé “ à des fins personnelles ou indues, du 1er janvier 2015 au 31 décembre 2017”, des fonds de l’association rennaise Intermède, agissant dans l’insertion professionnelle et qu’il présida entre 2006 et juin 2017, veille de son élection comme député de la 1ère circonscription d’Ille-et-Villaine.
Selon le parquet de Rennes, l’élu se serait servi de cet argent en réglant diverses factures et achats à Rennes, Paris, mais aussi Marrakech. Pour l’avocat de Mustapha Laabid, son client “a géré cette association pour le besoin et dans l’intérêt des autres avant tout”, a-t-il répété ce 6 août.
Le 3 juin dernier, l’élu avait reconnu “des négligences dans la gestion” des fonds de l’association et avait nié toute volonté d’enrichissement personnel. Son avocat avait concédé que “Marrakech, c’est une totale erreur. Paris, une totale maladresse”.
Le procureur, lui, avait pointé les “manquements réitérés et particulièrement nombreux” qui ne pouvaient pas être considérés comme des erreurs, mais bien comme des “détournements volontaires”. Ce dernier avait alors requis six mois de prison avec sursis et cinq ans d’inéligibilité.