L’Algérie est sur le point de se doter de sa première fabrique d’armement. Un décret présidentiel paru le 11 juillet dernier donne le feu vert à la création d’une unité de recherche et de développement de missiles. Contrôlé par l’Armée nationale populaire (ANP), cet établissement aura pour mission « d’assurer les études, la conception, l’engineering et la fabrication des systèmes d’armes et des munitions spécifiques », indique le décret. Il sera situé à Magra, ville de la région de M’Sila, dans l’est algérien.
Bien que le décret ne livre aucun détail technique sur la nature du projet, « il est facile de comprendre qu’il s’agit de mettre en place un process permettant de fabriquer localement des systèmes de missiles, surface-surface, air-sol ou sol-air, ainsi que des obus et des roquettes guidés », croit savoir Menadefense, un site d’actualité militaire. Selon le média spécialisé, le sérieux du projet ne fait aucun doute au vu des sociétés impliquées. C’est le cas de la SCAFSE (fabrication de systèmes radars, électroniques, optiques et de communications), l’ERIS (qui fabrique les munitions) et l’ONEX (qui produit les explosifs spéciaux). Trois entreprises qui collaborent avec des partenaires internationaux, chinois notamment.
Course à l’armement ?
À une trentaine de kilomètres de ce nouveau centre de recherche et de développement de missiles, le ministère algérien de la Défense nationale avait déjà lancé, en octobre 2018, les travaux d’une usine de projectiles. Une fabrique qui devrait bientôt commencer à produire des munitions de gros calibres et autres obus, d’après Menadefense. En mars dernier à Alger, les ministères algériens et italiens de la Défense s’était entendu pour la création, dans la région de Sétif, d’une société mixte de fabrication d’hélicoptères de combat de type Agusta Westland.
Dans un entretien pour le média Sputnik, Mokhtar Saïd Mediouni, un ex-officier supérieur de l’armée de l’air algérienne, avait nié l’idée que l’Algérie faisait une course à l’armement avec le Maroc. Selon lui, le vaste programme de modernisation de l’équipement militaire algérien, initié par Gaïd Salah lorsqu’il a pris la tête de l’ANP en 2004, provient d’une volonté des producteurs d’armes étrangers. « L’armée algérienne ne veut pas juste utiliser des moyens militaires, mais elle veut également comprendre et maîtriser les systèmes technologiques de pointe, et développer sa propre industrie avec ses propres moyens », a expliqué l’ex-officier.