C’est l’histoire du premier cinéma de la ville de Mogador qui tombe depuis des décennies en ruine, sans que ses propriétaires se résolvent ni à le remettre sur pieds ni à le vendre. Dans les années 40, le cinéma Scala appartenait à David Kakon, un Souiri passionné par le cinéma dont les enfants ont quitté le Maroc dans les années 60. « J’ai un rapport assez particulier avec ce cinéma même si je n’y ai jamais mis les pieds. Ma grand-mère m’en parlait souvent. Ce lieu représente beaucoup pour moi, mais en même temps je suis peiné de voir qu’aujourd’hui un endroit aussi chargé d’histoire fermé » nous explique Mikael Buch arrière-petit-fils de David Kakon et réalisateur.
SKALA-CINEMA programme du mois d'avril 1955
Il était une fois à Mogador, retour au passé avec la seule et unique cinema à Mogador, "SKALA – CINEMA" de son propriètaire: M.KAKON.J'ai trouvé un document précieux qui parle de programme du mois d'avril 1955 et de ses affiches des films…aujour'hui il n y a aucune salle de CINEMA ni Théatre à Essaouira… voiçi la liste des films qui ont été projeté à cette époque: du 01 au 03 avril 1955 : " Adorables créatures" de christian-jaque.du 05 au 07 avril 1955: " le souffle sauvage" de Hugo fregonese.du 08 au 10 avril 1955: " Le salaire de la peur" de Henri-georges clouzot.du 12 au 14 avril 1955: " La taverne des revoltés" de Felix Feist.du 15 au 17 avril 1955: " Mara Maru" de Gordon douglas.du 19 au 21 avril 1955: " Du sang a l'aube" de Rafael gil.du 22 au 24 avril 1955: " les diables de guadalcanal" de Nicholas ray.du 25 au 28 Avril 1955: " Ament B'allah". réalisateur ???du 29 au 01 Mai 1955 : " Le masque arraché" de David Miller.Aimez Likez Partagez / page sous les vents de Mogador.
Publiée par Sous les vents de Mogador sur Samedi 20 avril 2019
Avant le départ de la famille Kakon, le cinéma Scala était un des poumons culturels de la ville. Située face aux remparts de Mogador, cette salle obscure diffusait aussi bien des films américains et français que des longs-métrages égyptiens ou indiens. « Des posters de films classiques avec des stars comme Humphrey Bogart, Errol Flynn, James Steward, Jean Gabin, Fernandel étaient affichés au cinéma », écrit un portail dédié à la ville d’Essaouira. Et d’ajouter : « le cinéma égyptien, mettant en scène de grands noms de la musique comme Farid El Atrach, Mohamed Abdel Wahab, Abdelhalim Hafez, était apprécié auprès du public ».
Sur Internet, on retrouve aussi le programme du mois d’avril 1955 du cinéma Scala, numérisé puis publié par l’association culturelle Sous les vents de Mogador. À l’époque, le cinéma a diffusé Le salaire de la peur du cinéaste français Henri-Georges Clouzot (avec Yves Montand) ou encore Flying Leathernecks de l’Américain Nicolas Ray (avec John Wayne et Robert Ryan). Selon le même site spécialisé, le cinéma a fermé en 1999.
Mon arrière-grand-père David Kakon était le propriétaire du seul cinéma d’Essaouira au Maroc. Je rêve souvent de lui et de sa rencontre avec Orson Welles qui a tourné Othello là-bas. La salle est aujourd’hui en ruines mais elle est là. Ce serait beau que ce cinéma revive un jour! pic.twitter.com/iZvqrdzJ4y
— Mikael Buch (@mikabuch) June 26, 2019
Fin juin 2019, Mikael Buch a fait part sur Twitter de sa frustration de voir le cinéma de son arrière grand père fermé. « Je rêve souvent de lui (de son arrière grand-père, NDLR) et de sa rencontre avec Orson Welles qui a tourné Othello là-bas. La salle est aujourd’hui en ruines, mais elle est là. Ce serait beau que ce cinéma revive un jour! » espérait-il. Des tentatives pour redonner vie à cette salle obscure ont pourtant été entreprises, mais en vain.
En 2004, Ali Hajji coordinateur général du Festival international du film de Marrakech (FIFM) a souhaité récupérer la salle. « J’avais rencontré à plusieurs reprises un des héritiers du cinéma. On a discuté de l’éventualité de restaurer et d’exploiter le cinéma Scala, mais ça n’a pas abouti. Il me semble que le cinéma appartient à plusieurs personnes et ils n’arrivaient pas à se mettre d’accord sur l’avenir du lieu, » nous précise Ali Hajji. Il ajoute : « ça ne les intéressait pas de le transformer en un espace. Ils souhaitaient en faire un restaurant ou un hôtel culturel donc j’ai laissé tomber ».
Mikael Buck a lui aussi tenté de « faire revivre » le lieu, sans succès. « J’en ai parlé avec plusieurs personnes afin de remettre en marche le cinéma, ça n’a pas marché. Pourtant un espace comme Scala a sa place dans la ville, mais je pense qu’il faut une véritable volonté politique pour y arriver ». Pour tâter le terrain, il entreprend de revenir sur les pas de son arrière grand-père au cours de cette année.
Une source proche du dossier nous confirme que les héritiers ont enfin consenti à vendre le cinéma. « Ils n’arrivaient pas à se mettre d’accord, mais récemment, ils ont décidé de céder le lieu. La question qui se pose aujourd’hui, c’est de savoir qui serait enclin à reprendre ce cinéma mythique, » nous confie notre source. Avis aux cinéphiles, les paris sont ouverts !