Le port du voile intégral, tel que la burqa ou le niqab, est interdit aux Pays-Bas depuis jeudi dans les écoles, les hôpitaux, les bâtiments publics et les transports en commun, conformément à une nouvelle loi dont l’application fait débat.
La loi concerne, selon les estimations, entre 200 et 400 femmes qui portent la burqa ou le niqab, dans un pays qui compte 17 millions d’habitants. Elles encourent 150 euros d’amende. Dès l’entrée en vigueur jeudi, son application suscitait des critiques au sein de l’opinion publique.
Autorisé dans la rue
Après une quinzaine d’années de tergiversations politiques sur le sujet, le parlement néerlandais — dominé par une coalition centriste — a finalement voté la loi en juin 2018, plusieurs années après leurs voisins belges et français.
Le port du voile reste toutefois autorisé dans la rue, contrairement à la législation en vigueur depuis 2010 en France, où la burqa et le niqab sont interdits dans tous les espaces publics. La Belgique, le Danemark et l’Autriche ont adopté une législation similaire.
L’initiative aux Pays-Bas était venue du député anti-islam Geert Wilders, qui, fort de sa popularité à ce moment-là, avait proposé en 2005 le vote d’une législation sur le voile intégral. Le leader du Parti pour la liberté (PVV) — bien moins populaire depuis — a estimé jeudi dans un tweet que désormais, la « prochaine étape » devait être l’interdiction du simple voile recouvrant les cheveux.
“Ridicule. Je trouve que c’est ridicule. On devrait respecter les valeurs de chacun et je pense que c’est la loi la plus stupide à laquelle ils (les politiques) aient jamais pensé”, a déclaré à l’AFP Anne Spillner, 28 ans, dans les rues de La Haye.
“Je pense que le processus législatif a été mauvais parce que la loi ne peut pas être appliquée”, estimait de son côté Jan Jans, 57 ans.
Pas la priorité de la police
Pour faire appliquer la loi, le ministère indique qu’il incombe aux employés des écoles, des hôpitaux et des institutions et aux chauffeurs de refuser l’accès à une femme portant un voile intégral. Si celle-ci insiste pour entrer, “ils peuvent appeler la police”.
Mais cette dernière, qui demande régulièrement au gouvernement des moyens supplémentaires, a affirmé qu’elle ne considérait pas l’application de la loi interdisant le voile intégral comme étant une “priorité absolue”.
En réponse, le secteur des transports en commun a annoncé que les chauffeurs n’arrêteraient pas leur bus, tram, train ou métro pour faire descendre une femme en infraction ou pour attendre l’arrivée des forces de l’ordre, car cela entraînerait des retards.
Plusieurs hôpitaux du pays ont également déclaré qu’ils “ne refuseraient pas de prodiguer des soins à qui que ce soit, peu importe les vêtements portés”.