Benchamach concède des “erreurs” pour mieux tacler les frondeurs

Profitant de la présentation de sa nouvelle feuille de route, “la voie de la résurrection (ou du renouveau)”, Hakim Benchamach a vaguement concédé des “erreurs” du PAM. Dans un style nettement plus frontal, Milouda Hazib a choisi de tacler le camp dit de “l’Appel de l’avenir”.

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Hakim Benchamach, SG du PAM. Crédit : Yassine Toumi

Après avoir porté les conflits internes de son parti en justice, Hakim Benchamach est revenu à la charge ce lundi à Rabat pour présenter sa feuille de route “la voie de la résurrection (ou du renouveau)”. Cette stratégie doit lui permettre de remettre sur pied un PAM vacillant, à l’approche des élections législatives de 2021. L’heure est donc à l’introspection pour le patron contesté du parti au tracteur, alors même que les dissensions internes ne faiblissent pas.

Assumer ou renoncer

Publiée sur le site officiel du parti le 3 juillet dernier, en pleine crise avec les frondeurs de l’“Appel de l’avenir”, la feuille de route de Hakim Benchamach revient, entre autres, sur les dysfonctionnements qui minent, selon lui, le parti. Pour remédier à ces maux, le secrétaire général du parti propose de redéfinir la notion de responsabilité partisane, de former et d’encadrer les leaders de demain. Il insiste en outre sur le fait que son projet est à l’opposé du projet de l’islam politique.

Après dix ans d’existence, il est important qu’on se remette, de manière collective, en question. Nous devons être courageux, nous ne pouvons pas mener la prochaine bataille électorale sans résoudre les maladies internes du parti”, a-t-il expliqué aux militants de son parti. “Nous avons la responsabilité de dire aux Marocains qu’on a aussi fait des erreurs. Nous devons leur affirmer que nous allons y remédier (…) et si on n’arrive pas à le faire, qu’on brandisse un drapeau blanc!” a-t-il ajouté.

Nous avons été catalogués par nos adversaires comme un parti qui n’a pas de référentiel. Certaines personnes au sein même du parti y ont contribué (…) Je donne un exemple : le fait de provoquer des conflits personnels, de déclarer être prêt à former des alliances avec les forces de l’islam politique au détriment de l’identité de notre parti…”, poursuit Benchamach.

Haro sur les opportunistes

Au cours de son intervention, le patron du PAM a reconnu que son parti “a failli (…) à former une nouvelle élite politique”. “Nous n’avons pas investi dans une nouvelle génération de leaders qui porteront le flambeau”, a-t-il encore reconnu. Selon lui, la structure de la jeunesse du PAM est émaillée par “des dysfonctionnements”, dont “l’opportunisme”. “Nous avons constaté que certains jeunes ont appelé à avoir une voix décisionnelle au sein du parti et des postes à pouvoir, mais dès qu’ils y ont accédé, ils ont tenté de brûler l’ascenseur qui les a propulsés à ces postes”.

Face aux profondes dissensions qui opposent le camp du secrétaire général et celui de l’“Appel de l’avenir” depuis plusieurs mois, Milouda Hazib, l’ancienne présidente du groupe parlementaire du PAM, venue en renfort, n’y est pas allée par quatre chemins pour tacler le clan des frondeurs. “Nous n’acceptons pas cette situation absurde, nous n’acceptons pas non plus d’être divisés comme du bétail”, dit-elle tout de go. “Au sein du parti, nous n’avons pas un autre courant, une autre position, mais nous avons des individus effrontés comme celui qui s’est autoproclamé président (du comité préparatoire du 4e congrès du parti, NDLR), car il a quelqu’un d’en haut qui le protège… Nous n’allons pas accepter cela”, a-t-elle poursuivi.

Egalement présent lors de la présentation de la nouvelle feuille de route, Hassan Benaddi, ancien secrétaire général du PAM, et signataire de l’appel incendiaire mettant notamment en cause le secrétaire général du parti, a choisi d’alerter sur la situation actuelle du pays. “Nos jeunes sont sortis à Al Hoceima, à Zagora et à Jerada et ils pourraient ressortir si les problèmes continuent de s’amasser. L’Etat est certes responsable de la stabilité et la paix sociale, mais en même temps, l’Etat ne peut pas avoir uniquement une approche sécuritaire, mais aussi politique, qui nécessite un encadrement de la part des partis politiques”.

En parlant de l’épineuse question de l’élite, Hassan Benaddi a choisi de paraphraser Abdellah Laroui : “l’élite n’est que le résultat de l’histoire. Nos élites résultent d’une réalité et d’une évolution”. En somme, que nous avons les élites que l’on mérite.