“Matpartagich”, chasseur de fake news

En ligne depuis mars dernier, une page Facebook s'est lancée dans la chasse aux fake news. Créée par un jeune marocain de 27 ans, “Matpartagich” (Ne partage pas) s'est lancé le défi titanesque de limiter leur portée.

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Exemple des publications de la page Matpartagich

Matpartagich (Ne partage pas). C’est la nouvelle page Facebook marocaine qui s’est mise à la chasse des fake news sur le web. Elle ne s’attaquera pas aux pages qui font de la naïveté des nouveaux utilisateurs de Facebook leur fonds de commerce en leur demandant de “liker” une publication pour préserver leurs comptes d’éventuel pirate, ou encore pour voir le mot “Allah” s’inscrire sur une pomme de terre, loin de là. Matpartagich s’est fixé comme objectif titanesque de démentir les fausses informations partagées en masse, et qui se répandent plus vite que les informations vérifiées.

منذ الأمس، هناك صفحات ومواقع مغربية تروج لإشاعة من شأنها أن تخلق عداوة بين المتابع التونسي والحكم رضوان جيد، دون مراعاة…

Publiée par ‎ماتبارطاجيش – Matpartagich‎ sur Lundi 15 juillet 2019

Matpartagich est née du ras-le-bol d’un jeune Slaoui de 27 ans, Mohamed Mahda, commerçant et accro, comme beaucoup, aux réseaux sociaux.

Les rumeurs et les fausses nouvelles circulent et se propagent à une vitesse impressionnante sur les réseaux sociaux. Faute d’y mettre un terme, je me suis dit qu’il fallait trouver un moyen de limiter leur portée”, nous explique-t-il.

Son principe est simple, et redoutablement efficace : il fait une capture d’écran de la rumeur, la colle avec la vraie information, et la publie sur sa page. Dans la zone réservée aux commentaires, il ajoute un lien qui mène à sa source.

En 2017, j’ai essayé de faire des vidéos YouTube pour contrer les fausses informations. Mais elles se propageaient trop vite pour avoir le temps de tourner des vidéos et faire les montages nécessaires. Je me suis dit autant combattre le feu par le feu”, raconte le jeune homme.

لا تستعجل نشر كل ماتصادفه أمامك، وكلف نفسك دقيقة واحدة فقط، راسلنا فيها بالمحتوى الذي لا تراه معززا بأي مصدر، وسنبحث لك عن الحقيقة..

Publiée par ‎ماتبارطاجيش – Matpartagich‎ sur Jeudi 4 juillet 2019

À présent, la page compte plus de 46.000 abonnés sur Facebook, une petite communauté qui grandit au fil des publications. Une fierté pour l’administrateur de la page qui affirme n’avoir eu besoin de la sponsoriser que lors des premières semaines qui ont suivi la création. “Depuis, les fans s’abonnent à nos publications, interagissent avec, et les partagent. Vu le nombre de commentaires positifs, la prochaine étape c’est la création d’un site”, nous déclare-t-il. Mohamed Mahda se dit déterminé à poursuivre sa chasse aux fake news, précisant qu’il ne compte pas sur la rentabilité immédiate de ce site.

J’ai mon propre commerce. Je ne compte pas sur mon site web pour vivre. Au contraire, je vais investir mon propre argent pour atteindre plus de gens. Les revenus que le site est susceptible de générer me serviront ensuite à payer les salaires aux personnes qui pourraient travailler avec moi”, nous confie le jeune homme.

Avec une moyenne d’une publication par jour, il se dit conscient que pour poursuivre, et surtout réussir sa mission d’intérêt général, il faudra augmenter la cadence. “Actuellement, la page tourne à une publication par jour. Mais tout devrait évoluer très vite avec le recrutement de quelques jeunes qui se sont déjà proposés pour travailler de façon bénévole dans un premier temps”, indique l’administrateur de Matpartagich, qui, pour recruter, compte sur ses followers les plus impliqués. “Pour recruter, je demanderais, à ceux qui se proposent, de vérifier une information comme ce que je fais régulièrement”, précise Mohamed Mahda, qui ne manque pas de détracteurs.

En effet, certains comptes qu’il a visés en essayant de dissocier le vrai du faux n’hésitent pas à signaler sa page, et donc perturber son fonctionnement. Mais cet acte “lâche” selon lui, ne le découragera pas pour autant. Tout au contraire. “Ça prouve que c’est du bon travail. Certains ont même lancé des rumeurs comme quoi je travaille pour l’intérêt de X ou Y, alors que je suis totalement indépendant. Il suffit de faire un tour sur la page pour voir que personne n’est épargné”, ajoute notre interlocuteur qui espère que d’autres pages du même genre verront le jour.