La seule chose qui me gêne est d’avoir à un moment donné pu susciter la suspicion sur quelqu’un qui m’a fait confiance […] Si c’était à refaire, au vu du tort que cela a causé, je serais resté chez moi le 1er mai”. Dans une interview-fleuve accordée à Le Nouvel Economiste, l’ancien collaborateur d’Emmanuel Macron, Alexandre Benalla, toujours sous le coup d’une information judiciaire après les violences du 1er mai 2018, semble regretter. Mais l’heure est à l’entrepreneuriat pour l’ex-adjoint au chef de cabinet du président de la République.
“Il y a un temps politico-médiatique, il y aura un temps judiciaire, et il y a le temps économique. Le judiciaire ne me met pas le pistolet sur la tempe”, affirme le désormais chef d’entreprise qui se considère comme “un aventurier”. Un aventurier qui a décidé de mener sa nouvelle aventure entrepreneuriale loin de l’Hexagone. “J’avais la volonté de devenir entrepreneur pour concilier mes trois passions : l’aventure, la sécurité et l’intelligence économique, et l’Afrique”, explique Alexandre Benalla.
Sa société de conseil et de sécurité Comya (SARL à associé unique appelée Instra Conseil jusqu’au 8 avril 2019) a ainsi vu le jour au Maroc en novembre dernier. Elle est enregistrée auprès du tribunal de commerce de Marrakech. Un choix que celui qui est né Marouane Benalla explique par ses “origines” et son ambition de “créer une société de sécurité africaine pour des Africains (;) cela n’aurait pas eu de sens de démarrer depuis l’Europe”.
Le natif d’Evreux, âgé de seulement 28 ans, ne craint-il pas les répercussions de ce qu’il qualifie du “fait divers Benalla” sur son entreprise ? “Ce qui aurait pu être rédhibitoire pour mon projet d’entreprise est que l’on mette en cause mes compétences professionnelles, or personne n’a dit que Benalla ne savait pas travailler. C’est même le contraire”, se défend-il avec un aplomb renversant.
Pourtant, le choix du marché y est impacté. “Je ne pense pas que la marque Benalla soit positive en France, à l’étranger c’est différent, nuance Benalla. En Afrique, l’affaire est prise avec beaucoup plus de distance et on considère que les Français sont devenus fous sur ce sujet, même si tout le monde comprend là-bas qu’il y a eu instrumentalisation politique et manipulation médiatique”.
Dans le même entretien, l’ancien collaborateur d’Emmanuel Macron se considère également comme “un battant”, ayant eu “un sens du lead assez précoce”. Un leadership qu’il compte mener désormais en Afrique en tablant sur un chiffre d’affaires de 3 millions d’euros pour 2019 et un chiffre d’affaires qui pourrait atteindre 300 à 500 millions d’euros dans dix ans selon ses estimations.