Quatre conclusions à tirer du rapport sur l'égalité des genres de l'UNESCO

D'après un récent rapport de l'UNESCO, des progrès ont été réalisés dans l’accès à l’éducation. Il reste toutefois du chemin à parcourir pour arriver à la pleine égalité des genres.

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AFP

Intitulé “Bâtir des ponts pour promouvoir l’égalité des genres”, l’édition 2019 du rapport de l’UNESCO  sur l’égalité des genres montre “des évolutions remarquables ces vingt dernières années au niveau de la parité dans les écoles”. Les auteurs pointent néanmoins une persistance de certaines inégalités. “Les jeunes filles et jeunes femmes continuent d’être discriminées, notamment à la sortie de l’école”, précise le document. Le rapport a été présenté officiellement le 5 juillet à l’occasion de la réunion des ministres du Développement et de l’Education du G7 et de la Conférence internationale G7-UNESCO qui se tient au siège de l’organisation à Paris.

45% de femmes ingénieures

Pour réaliser son rapport, l’UNESCO a décortiqué plusieurs dimensions liées à l’égalité des genres, “à l’intérieur, comme à l’extérieur du système éducatif”. Les données de 209 pays et territoires, tous Etats membres ou membres associés de l’UNESCO, ont été compilées. Parmi eux : le Maroc. 

Le premier point de l’étude, “la parité dans les possibilités d’éducation”, met en lumière le constat suivant : “Dans plus de 120 pays, on recense à peine plus de 25% de femmes dans les programmes d’enseignement en ingénierie, ainsi que dans les programmes axés sur les technologies de l’information et de la communication (TIC)”.

Le Maroc se distingue des autres pays du globe, puisqu’avec la Tunisie et l’Algérie, il figure parmi les “pays les plus proches de la parité”. En effet au Maroc, près de 45% des diplômés de l’enseignement supérieur dans le domaine de l’ingénierie sont des femmes. Elles représentent également 46% des effectifs universitaires dans le domaine des technologies de l’information et de la communication. 

Autre critère, l’indice de parité concernant les tests de lecture des élèves de 4e année dans l’enseignement primaire. Le Maroc figure ici à la 9e place du classement des pays où les filles obtiennent un meilleur résultat que les garçons. 

Dans l’enseignement, la part des femmes diminue à mesure que le niveau augmente

Les “systèmes et les processus éducatifs” sont également décortiqués. Des éléments pouvant être “intrinsèquement inégalitaires”, comme en témoignent les chiffres de l’étude concernant la part des femmes enseignantes dans les différentes strates du cursus scolaire. Dans le préprimaire au Maroc, 94 % du corps enseignant est constitué de femmes. Ce taux passe à 58% dans le primaire et 36% dans le secondaire. Selon l’UNESCO, “l’enseignement est considéré comme un ‘métier de femme’, tout particulièrement aux premiers niveaux de l’éducation”. Lerammort montre ainsi que la part des femmes tend à diminuer à mesure que le niveau d’enseignement augmente. Un constat lié à la “persistance des normes et des stéréotypes” associés au genre. 

20 millions de femmes analphabètes en plus depuis 2000

Même si l’UNESCO relève des “progrès notables” en matière d’accès à l’éducation, l’organisme recommande aussi de ne pas s’arrêter aux seuls indices de parité. D’après les auteurs du rapport, ces indices “restent parfois à la surface des questions fondamentales relatives à l’égalité des genres dans l’éducation.” 

L’étude met également en évidence d’importantes disparités et des progrès inégaux dans les différentes régions. Et en dépit des progrès significatifs en la matière, le nombre de femmes adultes analphabètes dans les pays à faibles revenus a augmenté de 20 millions depuis 2000”, précise l’étude.

“Être épouse est aussi épanouissant qu’avoir un travail rémunéré”

Au niveau des inégalités structurelles qui constituent un “frein à l’égalité des genres dans l’éducation” selon le rapport, le constat est le suivant : plus de 80% des personnes interrogées en Afrique du Nord partagent l’idée selon laquelle “être épouse est aussi épanouissant qu’avoir un travail rémunéré”. Pour l’UNESCO, “de telles opinions risquent de créer un cercle vicieux qui limite les chances d’emploi et d’éducation”. 

Autre précision pour le Maroc, plus de 20 % des personnes interrogées sont “d’accord”, ou “entièrement d’accord” avec l’énoncé selon lequel “il est plus important de faire des études universitaires pour les garçons que pour les filles.” Pour l’UNESCO, ces “normes patriarcales”, qui accordent peu ou pas d’importance à l’éducation des filles et des femmes, “restreignent les chances d’accès à l’éducation dans des conditions d’égalité