"Gad et le malaise", l’enquête de Society qui confirme les accusations de plagiat

Dans son numéro actuellement en kiosques, le magazine français Society s’intéresse aux nombreuses accusations de plagiat visant Gad El Maleh depuis le début d’année. Une enquête de 11 pages, étayée par de nouveaux témoignages accablants, dont certains recueillis à Casablanca.

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L'humoriste Gad El Maleh Crédit: AFP

C’est une forme de talent de savoir ce qu’est une très bonne vanne, de se la réapproprier pour coller à son propre style et d’être suffisamment malin pour que ça ne se voie pas… il fait des putains de samples et c’est un interprète de génie. Là-dessus, rien à dire”. Telle est l’explication fournie en guise de résumé au bimensuel  Society par un humoriste français “de renom” que Gad aurait plagié à trois reprises.

Dans son numéro du 11 juillet, le magazine français s’intéresse de près aux accusations de plagiat qui se multiplient depuis le début d’année contre  l’humoriste franco-maroco-canadien. Parmi ses accusateurs, on retrouve notamment le youtubeur Ben, qui est le visage derrière la chaine CopyComic.

Dans cette enquête de onze pages, de nouveaux témoignages, anonymes ou pas, dénoncent les procédés utilisés par Gad El Maleh. Parmi les personnages créés par l’humoriste pointés du doigt, il y a d’abord le Blond.

Selon le magazine, c’est Kamel Bennafla, humoriste marseillais aujourd’hui âgé de 62 ans qui est le créateur de ce personnage. Il raconte l’avoir créé à la fin des années 90 “à l’époque sur le Vieux Port” quand Gad Elmaleh était encore méconnu du grand public. Pendant une émission de radio qu’animait alors l’humoriste français Tex, Gad Elmaleh aurait demandé à Bennafla une copie de la bande pour progresser. Sauf que lorsque quelques années plus tard, le Marseillais joue son sketch à Toulon, le public lui signale que le texte appartient à Gad Elmaleh. “J’ai tout de suite compris, mais j’ai gardé mon calme”, a-t-il confié à Society. Mais ce n’est pas tout.

La Gazouille

Bien avant le Blond, c’est à Casablanca que tout aurait commencé, plus exactement devant la porte du lycée Lyautey. C’est là où l’humoriste français aurait puisé son inspiration pour les sketchs sur Abderrazak El Merhaoui et Madame Tazi, deux personnages célèbres de son premier One-man-show “Décalages” en 1996. Si personne ne s’en est rendu compte en France, à Casablanca, ce n’est pas le cas.

Quand on l’a vu, on s’est tous dit : Mais ce n’est pas possible, c’est Youssef la Gazouille !”, confie une ancienne du lycée Lyautey au magazine français. La Gazouille est particulièrement célèbre au Maroc, surtout chez l’ancienne “jeunesse dorée” de Casablanca. Il a notamment fait une apparition dans le film Marock de Laïla Marrakchi (2005) et dans d’autres sitcoms. Il tient même une page Facebook qui rassemble quelque 1.300 abonnés. Society a fait le déplacement à Casablanca pour le rencontrer. “A l’époque, j’étais une sorte de parasite, je trainais souvent devant plusieurs lycées de Casablanca et je vivais de petits boulots. Je vendais du Kit-Kat, des Snickers aux jeunes et je faisais des blagues”, explique-t-il. “En boite, je rentrais comme je voulais, les gens étaient fiers de dire à leurs amis qu’ils connaissaient La Gazouille”, ajoute-t-il

Comme dans le film Marock, très souvent, le personnage finissait ses soirées dans des fêtes organisées par la jeunesse de la métropole. Pendant ces soirées, La Gazouille faisait beaucoup de blagues sur ses hôtes en inventant des personnages qui leur ressemblaient, explique le magazine. Madame Tazi en fait partie. “Il nous la faisait souvent, il aimait singer la bourgeoisie et nous on rigolait”, se rappelle Hicham, ancien habitué de ces soirées, rencontré lui aussi par le magazine français.

La cinquantaine aujourd’hui, Youssef se rappelle le temps où Gad et lui étaient potes. “On était amis. On trainait ensemble. Moi, je donnais des idées naturelles, vivantes et lui, il écrivait. C’étaient des idées qui me venaient spontanément”, confie-t-il. Le magazine révèle également que La Gazouille est apparu dans un épisode du magazine Envoyé spécial diffusé en 2006, et consacré à l’ascension de Gad. Il y était présenté comme sa “source d’inspiration”, “C’est moi, oui”, reconnait-il encore.