Le plaidoyer d'Abdellatif Ouahbi pour défendre l'Etat

Abdellatif Ouahbi, qui représente l'Etat marocain au procès du double meurtre d'Imlil, réfute toutes les “défaillances” invoquées par les avocats de la partie civile. Lors de l'audience de ce jeudi, il a demandé à la cour de se “déclarer non compétente”. Le verdict sera connu le 18 juillet prochain.

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L'avocat et secrétaire général du PAM, Abdellatif Ouahbi

Le procès des 24 accusés jugés dans le cadre du double meurtre terroriste des deux touristes scandinaves en décembre dernier à Imlil entre dans sa dernière ligne droite. Après les plaidoiries des avocats de la partie civile et le réquisitoire du ministère public, c’était au tour de l’Agent judiciaire du royaume, Abdellatif Ouahbi, de plaider en faveur de l’Etat.

“Risque zéro”

Devant une audience encore empathique à la lecture de la lettre émouvante de la mère de Louisa Vesterager Jespersen par son avocat Khalid Fataoui, Me Ouahbi a entamé sa plaidoirie en présentant ses condoléances aux familles des deux touristes scandinaves. “Je suis désolé. Depuis ce crime, nous appartenons tous à la famille des deux victimes. Tout le Maroc a été meurtri par ce drame”, a-t-il déclaré avant de louer “l’expertise antiterroriste” du royaume à l’échelle internationale.

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S’il soutient que seul le tribunal administratif est compétent pour statuer sur la demande des avocats de la partie civile à engager la “responsabilité pour faute de l’Etat”, le député PAM rejette néanmoins toutes les “défaillances” invoquées. Il insiste notamment sur la “cohésion” des forces de l’ordre. “Le gouvernement veille jour et nuit sur la sécurité des citoyens et des 10-15 millions de touristes qui franchissent le sol marocain”, plaide-t-il.

Il a ensuite énuméré les attentats terroristes perpétrés aux quatre coins du monde, de l’attaque contre le journal Charlie Hebdo au camion-bélier de Nice, en passant par l’attentat de Christchurch en Nouvelle-Zélande. Son objectif : démontrer l’absence du “risque zéro”. “Le terrorisme est indomptable et n’est lié à aucune religion. Il peut sévir à n’importe quel moment, à n’importe quel endroit”, admet Ouahbi.

Ministre ou homme politique ?

Durant sa plaidoirie, Me Abdellatif Ouahbi a également défendu le ministre d’Etat chargé des droits de l’Homme, Mustapha Ramid. En effet, les avocats de la partie civile ont demandé lors des audiences précédentes la convocation de l’ex-ministre de la Justice. Une convocation justifiée par la participation de Ramid à l’une des rencontres de la controversée Association de prédication du coran et de la sunna, présidée par Mohamed Maghraoui, et que fréquentaient certains des accusés.

Même si cette requête a depuis été rejetée par la cour, l’avocat de l’Etat n’a pas manqué de rappeler le règlement interne de l’Exécutif en vertu duquel “chaque ministre est mandaté par le chef du gouvernement pour prendre part à n’importe quel événement”. Ouahbi a surtout souligné que “dans le cas dudit ministre, il a participé avec sa casquette politique, muni de ses convictions et son appartenance à un parti politique”.

De l’image du Royaume

Lors de cette audience marquée par l’affluence de plusieurs journalistes, Ouahbi a également estimé que la convocation de l’Etat dans ce procès était “injuste”. Il souligne d’ailleurs que “la couverture médiatique à l’échelle internationale de ce procès entraîne par conséquent la multiplication des discours de nos ennemis”. “Aux yeux de la communauté internationale, cette convocation sonne comme si l’Etat avait failli à son devoir”, poursuit l’avocat. Pour lui, les institutions de l’Etat “ont fait le nécessaire. Aucune faiblesse ni abandon n’est à signaler”.

Alors que la famille de la victime danoise réclame à l’Etat dix millions de dirhams de dommages, Me Abdellatif Ouahbi soutient que “la loi et le montant sont moins importants que l’image de l’Etat entachée par sa convocation à ce procès”. Il a conclu sa plaidoirie en demandant à la Cour de se “déclarer non compétente”.

Les accusés dans le cadre de ce procès seront de nouveau entendus par le juge, le 18 juillet, avant le rendu du verdict.