Le raisonnement par l’absurde de Bourita sur l’adhésion de la RASD à la ZLECA

A l’issue d’un sommet de l’Union africaine consacré à la Zone de libre-échange africaine, le 7 juillet à Niamey, le ministre marocain des Affaires étrangères a cherché à démontrer “l’aberration” de l’adhésion de la RASD à ce marché commun.

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Nasser Bourita, le 7 juillet 2019 au sommet de l'UA à Niamey. Crédit: MAECI / Twitter

Le 7 juillet à Niamey, au Niger, à l’issue du 12e sommet extraordinaire de l’Union africaine (UA) sur la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA), le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita a dénoncé “l’aberration flagrante” de l’adhésion de la RASD à cet accord, sans la nommer. “Le Maroc a adhéré de manière forte à l’exercice d’établissement de la ZLECA, mais sa signature et sa ratification de cet accord ne sauraient être interprétées comme une reconnaissance d’une situation, d’un fait ou d’une entité qui ne reconnait pas et qui menace son intégrité territoriale et son unité nationale”, a-t-il déclaré à l’agence MAP.

Le Maroc agit selon une doctrine et des principes clairs lorsqu’il s’agit de faire la différence entre l’appartenance à une organisation et la reconnaissance des entités qui pourraient en faire partie mais que le Maroc ne reconnait pas”, a-t-il ajouté. Et de dérouler un raisonnement par l’absurde, à commencer par l’absence de territoire : “Si cette entité va faire du commerce à partir de Tindouf, ça va être du commerce interne dans un autre pays de l’Union africaine qui est l’Algérie”, ironise-t-il.

Avec quelle monnaie cette entité va-t-elle le faire ? Si ce commerce a lieu, c’est avec la monnaie algérienne”, poursuit Bourita. Pas de territoire, pas de monnaie, et pas de douane non plus : “Si les marchandises doivent passer par une douane, ça sera celle de l’Algérie, donc c’est ça l’aberration que le Maroc a tenu à soulever”.

Enfin, le ministre rappelle que la pierre angulaire de la ZLECA repose sur les communautés économiques régionales. Or, “cherchez parmi les membres de l’Union africaine qui est l’entité qui n’appartient à aucune communauté économique régionale et vous allez comprendre l’aberration”, note-t-il.

Cette pique pourrait être une réponse au Commissaire en charge du Commerce et de l’Industrie de l’UA, le Zambien Albert Muchanga. Lors de la cérémonie de clôture du sommet, celui-ci a en effet fait un état des lieux des signatures et des ratifications du traité de la ZLECA. Il a d’abord listé “par ordre alphabétique” les “27 pays qui ont signé et ratifié” l’accord instituant la ZLECA, citant la RASD. Le Commissaire a ensuite listé les “28 pays qui ont signé, mais pas ratifié” l’accord, et dont le Maroc fait partie.

Avant de conclure son intervention, le commissaire a ajouté, sans lire ses notes : “Aujourd’hui, les délégations de la République arabe sahraouie démocratique et du Maroc ont indiqué que, pour la RASD elle déposerait ses instruments de ratification demain, et le Maroc dans quelques jours. Donc d’ici la fin de la semaine, ces deux pays devraient avoir ratifié également”. Une comparaison qu’exècre la diplomatie marocaine.

Depuis le sommet de l’UA de janvier 2017 actant le retour du Maroc au sein de l’organisation, ces conclaves panafricains successifs ont été le théâtre de passes d’armes sur la question du Sahara, le Maroc s’efforçant notamment d’éradiquer un “vocabulaire” hostile à la marocanité du Sahara et de faire en sorte que l’UA reconnaisse le monopole de l’ONU sur la résolution du conflit.

Avec MAP