Dans la famille Attal, je voudrais… Nora Attal. La mannequin anglo-marocaine, passée par Prada, Céline, Versace, Dior, Valentino, ou Fendi entre autres, pose pour l’édition de juillet du magazine Vogue Italia consacrée à l’ADN, entourée de sa tribu. Sous l’oeil du photographe Oliver Hadlee Pearch — qui a récemment immortalisé la rockstar du graphisme Peter Saville, à qui l’on doit les sublimes pochettes de Joy Division et New Order —, trois générations. Toutes en Chanel.
La grand-mère, Fatna Badi, apparaît majestueuse dans sa cape clinquante ornée de perles (héritage stylistique de Coco), des lunettes XXL façon Iris Apfel. Le père, Charhabil Attal, port altier, mains sagement croisées, costume sévère au luxe exalté. La mère, Bouchra Attal, iconique en veste Chanel droite, structurée, fermée bord à bord, version 2019 : le sequin a détrôné le tweed. La soeur, Yesmin Attal, jupe mi-longue imprimée, brushing à l’américaine, la mine boudeuse. Le frère, Adam Attal, même allure que le père, une insouciance assumée en plus. Et puis il y a Nora Attal, l’élan décomplexé de la vingtaine, silhouette maladroite et éthérée, le regard sec. L’empreinte génétique des Attal : les étés passés entre Tanger et Larache.
Arabesques au plafond. Lustre baroque en verre. Dallage en marbre. C’est dans la maison familiale de Larache, où la jeune mannequin a passé ses longs étés entre surf et foot, que se sont retrouvés les Attal, éparpillés au Maroc, en Espagne et à Londres, le temps d’une séance photo intimiste. “Ma grand-mère était très excitée mais aussi nerveuse, car elle ne savait pas vraiment à quoi s’attendre. Mais elle était si heureuse de se faire prendre en photo ! Elle me répétait qu’elle voulait que les photographies soient accrochées dans toute la maison”, confie Nora Attal dans Vogue Italia.
Du haut de ses 20 ans, la jeune mannequin collectionne déjà trois couvertures du mythique magazine de mode : British Vogue en septembre 2017, aux côtés d’Edie Campbell, Kate Moss, Jean Campbell et Stella Tennant ; Vogue Arabia en décembre 2017, portant une tawnza ; Vogue Italia en juillet 2019, mains dans les poches de son ensemble Chanel en tweed cramoisi, bouche assortie. “À l’instant où j’ai vu Nora Attal pour la première fois sur les podiums, j’ai su qu’elle serait parfaite pour Vogue Arabia. Non seulement elle a les traits les plus magnifiques (y compris des sourcils glorieux), son charisme et sa concentration la rendent tout simplement unique. Parlez avec elle et vous la trouverez cool, contemporaine et une grande ambassadrice du monde arabe, toujours très attachée à sa culture”, déclarait le rédacteur en chef de Vogue Arabia, Manuel Arnaut, en 2017.
Repérée à l’âge de 14 ans par le photographe Jamie Hawkesworth pour JW Anderson, Nora Attal parle darija “avec quelques difficultés”, se destine à la criminologie, et admire Michelle Obama. “Elle n’a pas peur de dire ce qu’elle pense. Elle est impénitente. Son message est que les femmes devraient grandir en croyant pouvoir tout faire et que chacune devrait pouvoir poursuivre ce qu’elle veut”.
Le grand-père paternel était révolutionnaire, poète, réalisateur. Et berbère. Des racines que Nora Attal ne manque pas de célébrer au cours des quelques interviews qu’elle offre dans la presse internationale. “Tout le monde a une histoire. Les mannequins sont davantage reconnus pour leur individualité plutôt que pour leurs similitudes. Pour moi, c’est plus personnel qu’avant. Il ne s’agit pas seulement de vendre des vêtements, il s’agit également de s’identifier à la photo ou à la personne. Il est important de représenter toutes les cultures, surtout de nos jours”, raconte la mannequin, qui aime flâner dans la médina de Tanger.