Dans une note datée du 28 juin et signée par le directeur du protocole du ministère des Affaires étrangères (MAECI), il est « rappelé » aux « détendeurs de passeports officiels (passeport diplomatique, passeport de service et passeport spécial) qu’il est strictement interdit d’utiliser ces titres de voyage pour accéder au villes marocaines occupées de Sebta et de Melilia ».
Cette note, que TelQuel a consultée et authentifiée, est, selon nos informations, le premier écrit officiel du genre adressé à la diplomatie marocaine sur le sujet. De son côté, l’agence de presse espagnole EFE indique que ce n’est pas la première fois que le ministère des Affaires étrangères adresse ce rappel aux responsables.
Pour les fonctionnaires de l’avenue Franklin Roosevelt, la non-utilisation de ces papiers d’identité pour accéder à Sebta et Melilia fait en fait l’objet d’une règle tacite. La note du ministère signale à présent que « tout manquement au respect scrupuleux de cette note circulaire de rappel sera passible des sanctions et des mesures disciplinaires en vigueur ». Les détenteurs de passeports spéciaux sont donc invités à entrer dans l’espace européen à travers « les autres ports et aéroports du Royaume ».
Les passeports diplomatiques sont généralement accordés aux hauts fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères, en fonction de leur rang et de leurs missions, ainsi qu’à leurs familles, tandis que les passeports de services sont accordés aux autres membres de la diplomatie marocaine. Les passeports spéciaux sont, eux, généralement délivrés au personnel de maison accompagnant les diplomates à l’étranger.
Selon l’agence de presse EFE, une note similaire a été adressée aux élus des deux chambres du parlement signée, cette fois-ci, par le président de la Chambre des représentants. Au sein de l’hémicycle, seuls les présidents des deux chambres disposent de passeports diplomatiques tandis que les élus eux, se voient délivrer, un passeport de service. Ces deux types de passeport permettent d’accéder à plusieurs pays européens, sans restriction de visas parmi lesquels l’Espagne.
A noter que la famille royale dispose également de passeports diplomatiques.
Depuis l’indépendance en 1956, le Maroc a toujours revendiqué sa souveraineté sur Sebta et Melilia. Les deux villes, qui sont sous domination espagnole depuis le XVIIe siècle, sont d’ailleurs officiellement considérées comme des « territoires occupés ». Mais ces circulaires tranchent néanmoins avec l’état de la relation Maroc-Espagne. En effet, les deux pays collaborent dans les domaines sécuritaires, mais aussi diplomatiques comme en témoigne le dossier de la migration. D’ailleurs, le Maroc empêche régulièrement le passage de migrants vers Sebta et Melilia…