Cinq choses à savoir sur la généralisation de la couverture médicale

Les 18 et 19 juin, le ministère de la Santé et le chef du gouvernement organisaient une Conférence nationale sur le financement de la santé à Salé. Objectif : penser un nouveau modèle de financement pour la couverture sanitaire universelle.

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Le Chef du gouvernement, Saad Eddine El Othmani avec le ministre de la Santé, Anas Doukkali Crédit: Tniouni/TelQuel

A l’heure où nous engageons un chantier d’une aussi grande envergure, je me réjouis de voir autant de membres présents”, déclarait Anass Doukkali, ministre de la Santé, aux 200 présents à l’ouverture de la conférence. L’événement, qui s’est déroulé sur deux jours à Salé, avait pour thème “Le modèle de financement pour la Couverture sanitaire universelle » (CSU). Le plan Santé 2025 doit en effet répondre aux dispositions de la Constitution de 2011, qui comprend le droit de l’accès aux soins pour tous. TelQuel a répertorié les cinq choses à savoir pour une effectivité de la CSU.

1. La CSU se définit par six critères

Selon l’Organisation mondiale pour la santé (OMS), la couverture sanitaire universelle se définit par six “besoins pour être en bonne santé” : l’accès aux professionnels de santé qualifiés, aux traitements de qualité, aux médicaments et autres produits nécessaires aux soins, la possibilité de paiement de ces soins, l’existence de politiques permettant l’accès à des services de qualité à tout moment, et la possession par le gouvernement de données permettant une gestion de l’ensemble du système de santé.

2. Au Maroc, une forte contribution des ménages dans la santé

Les dépenses sanitaires annuelles au Maroc (65 milliards de dirhams) sont financées à 25% par l’Etat à travers ses recettes fiscales, à 22% par l’assurance maladie, et à 50% par les ménages. La TVA sur les médicaments constitue 36% de la dépense des ménages en santé. “La forte contribution des ménages à la prise en charge des soins constitue un lourd fardeau, notamment pour la population vulnérable”, concède le ministre de la Santé. Anass Doukkali ambitionne de ramener le taux de contribution des citoyens “à moins de 25%”. 

3. Le RAMED a contribué à l’amélioration du taux de couverture médicale

Près de 19.000 prestations médicales ont été dispensées en 2018 au profit d’immigrés installés dans quatre régions du Maroc, grâce au RAMED. Sa généralisation a contribué, en plus de la mise en place de l’Assurance maladie obligatoire (AMO) pour les fonctionnaires et les salariés du secteur privé, à atteindre une couverture médicale de 62% en 2018 contre 16% en 2005. Cependant, ces chiffres atteignent 76% en Algérie et 80% en France. À Salé, le ministre Doukkali a exposé son objectif : atteindre les 90%.

4. Le budget de la santé a connu une évolution constante

Actuellement, le Maroc consacre 6% de son PIB au secteur de la santé, contre 9% dans les pays de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques). L’OMS recommande 8% pour le Maroc d’ici 2025. Passant de 11,88 à 16,33 milliards de dirhams entre 2012 et 2019, le budget de la santé a reçu un investissement conséquent. Les subventions allouées aux établissements publics et hôpitaux organisés en Services de l’Etat gérés de manière autonome (SEGMA) ont quant à elles atteint 3,3 milliards de dirhams. S’y ajoutent les montants additionnels mobilisés pour accompagner la mise en œuvre du régime d’assistance médicale RAMED, soit près de 9 milliards depuis 2007. Le ministre de la Santé précise : “On ne peut pas dire que le budget de la santé est suffisant. Nous allons encore faire subir de la pression à notre budget”. Plus qu’une augmentation mécanique, il faudra apporter “des moyens de financement innovants et alternatifs”.

5. La CSU, troisième des 36 recommandations issues de la conférence

Le ministère de la Santé a rendu un rapport “synthétique” comprenant les recommandations “pour une stratégie de financement de la santé viable et crédible”. Parmi elles, en troisième position, l’unification des régimes obligatoires d’assurance maladie de base, afin de mettre en place un régime national universel de base. Il permettrait d’intégrer le dispositif public et l’offre privée dans le cadre de cartes sanitaires régionales, tout en veillant à investir dans les soins de santé primaires. Ces recommandations s’articulent également autour de la révision du positionnement actuel de l’Agence nationale de l’assurance maladie (ANAM) et de l’évolution des textes juridiques au niveau de ses missions et de sa gouvernance, pour la transformer en une véritable autorité de régulation de toute la couverture médicale de base.

Selon OXFAM, les Marocains doivent pallier les insuffisances d’un État en retrait et financent directement la majorité de leurs dépenses de santé (51%)

Pour la représentante du bureau de l’OMS au Maroc, Maryam Bigdeli, le système national de santé marocain est arrivé à un stade de maturité qui nécessite une réflexion sur son avenir : “si en termes de couverture médicale des actions, comme la généralisation du Ramed ou la volonté de couvrir les indépendants ont été entreprises, les défis du système sont encore nombreux et exigent une transformation”.