Le 28 mai, l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) française a ordonné le retrait de tous les produits contenant de l’époxiconazole. La raison ? Ce fongicide largement utilisé dans l’agriculture mondiale présente un “danger préoccupant” pour l’homme en raison de son “caractère perturbateur endocrinien”. En France, il est utilisé pour prévenir et traiter les parties aériennes des végétaux contre les champignons sur environ 50% des surfaces céréalières (blé, orge, seigle, avoine), et 70% des surfaces de betteraves, a fait savoir l’agence sanitaire française. Après évaluation, elle a estimé que cette substance “toxique et persistante” présente “un niveau de danger préoccupant pour l’homme et l’environnement”, précise-t-elle dans un communiqué. Au total, 76 produits sont concernés en France par la matière présumée toxique pour la reproduction humaine, mais aussi cancérigène.
Qu’en est-il au Maroc ? L’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) n’a encore fait aucune annonce à ce sujet, ce qui porte à croire que ce fongicide est encore utilisé par les agriculteurs du royaume. En effet, sur le site web de l’ONSSA, un index phytosanitaire contenant “les données sur les produits pesticides à usage agricole homologués au Maroc indépendamment qu’ils soient commercialisés ou non” est mis à la disposition du public.
Sur les 376 matières actives listées par l’index en question, l’époxiconazole est bel et bien présent. 17 produits fongicides sont concernés.
Contacté, le service de communication de l’ONSSA n’a pas encore répondu à nos questions. Un autre index phytosanitaire publié par le site spécialisé Agrimaroc, en collaboration avec l’ONSSA, fait également état de plusieurs produits à base d’époxiconazole autorisés au Maroc. Aussi, la société AMAROC, qui importe, développe et commercialise une “gamme étendue de spécialités phytosanitaires” propose sur son site web trois fongicides contenant de l’époxiconazole. Il s’agit de Opéra Max, Opus et Osiris.
En France, l’ANSES s’est “autosaisie sans délai” du sujet, près l’adoption fin 2017 d’une nouvelle règlementation européenne sur les perturbateurs endocriniens, rappelle l’AFP. Sur la base d’un guide européen publié en juin 2018 établissant les critères scientifiques pour définir si une substance est un perturbateur endocrinien, “on peut établir et confirmer” que l’époxiconazole en est un, a expliqué Caroline Semaille, directrice générale déléguée de l’ANSES, à l’agence de presse.
Les perturbateurs endocriniens, composés chimiques présents dans de nombreux produits de consommation courante (jouets, plastiques, produits phytosanitaires) sont encore mal connus. Mais la liste des maux qui leur sont attribués est longue (problèmes de fertilité, croissance, comportement, origine possible de certains cancers…), alimentant l’inquiétude de la population et des ONG, souligne encore l’AFP.