Theresa May doit affronter à midi (11H00 GMT) le feu des questions des députés, avant de défendre son plan, à la veille des élections européennes que lanceront le Royaume-Uni et les Pays-Bas, premiers pays à voter. La réunion du “comité 1922”, responsable de l’organisation des Tories, pourrait encore accroître la pression sur Theresa May, déjà sommée la semaine dernière par cette instance de préparer son départ.
Le plan de la “dernière chance”
Mardi, la Première ministre avait enjoint les députés à soutenir son plan. Selon elle, il s’agit de la “dernière chance” de respecter la volonté des Britanniques, qui ont voté à 52% pour la sortie de leur pays de l’Union européenne en juin 2016. Les élus ont déjà rejeté à trois reprises l’accord de Brexit qu’elle avait conclu en novembre avec Bruxelles.
Pour éviter une sortie sans accord, la sortie de l’UE, prévue le 29 mars, a été en conséquence repoussée deux fois, avec la date du 31 octobre désormais pour horizon. Un report qui a rendu furieux certains partisans de ce divorce historique et obligé le gouvernement à organiser le scrutin européen en catastrophe.
Theresa May a annoncé mardi une série de compromis, dont la possibilité de voter sur un second référendum et le maintien dans une union douanière temporaire avec l’UE, pour tenter de rallier à son plan de Brexit la majorité des députés. Mais à peine présentées, ces propositions, critiquées de tous côtés, semblaient déjà condamnées.
“La Première ministre doit, aujourd’hui, accepter que ce qu’elle a annoncé hier ne va pas fonctionner”, a déclaré mercredi matin Keir Starmer, le référent du Brexit pour le Labour, principal parti d’opposition au Royaume-Uni, sur la BBC. Les Travaillistes avaient rompu vendredi les pourparlers engagés avec Mme May pour trouver un compromis sur le Brexit.
Un rituel douloureux dans un processus tortueux
Éreinté par l’opposition, le plan de Theresa May n’était pas non plus épargné au sein de son parti conservateur. « On nous demande maintenant de voter pour une union douanière et un deuxième référendum. Le projet de loi va à l’encontre de notre programme, et je ne voterai pas en sa faveur », a tweeté l’ancien ministre des Affaires étrangères Boris Johnson, candidat à la succession de Theresa May.
“C’est devenu un rituel douloureux dans un processus tortueux: la Première ministre dévoile une vision pour le Brexit et les députés font la queue pour la démolir à la Chambre des communes”, analysait la BBC.
Signe du niveau d’opposition rencontré par la nouvelle offre de Theresa May, le ministre de l’Environnement Michael Gove a laissé entendre mercredi que le vote sur le projet de loi sur le Brexit, censé intervenir début juin, pourrait être remis en cause: “Au cours des prochains jours, nous réfléchirons à la façon dont les gens envisagent la proposition”.
Un scrutin européen aux allures de jeu de massacre
Dans ce contexte, le scrutin européen de jeudi s’annonce comme un jeu de massacre pour le parti de la Première ministre. Selon un sondage YouGov publié mercredi par le Times, les Tories finiraient à une humiliante cinquième place (7%), 30 points derrière le Parti du Brexit de Nigel Farage, en tête.
Dans le cas où les députés finiraient par approuver le projet de loi, Mme May entend les faire voter sur la tenue d’un second référendum sur le Brexit. Ce second référendum porterait sur l’accord de sortie négocié par Theresa May, mais la presse britannique soulignait que les députés pourraient inclure la possibilité d’un maintien dans l’UE.
Le Parlement britannique avait rejeté à la mi-mars cette idée d’un second référendum, défendue par plusieurs partis mais rejetée par les pro-Brexit et redoutée par d’autres, qui craignent que les divisions du pays s’aggravent. Si la Chambre des communes adopte le projet de loi et refuse encore la tenue de cette consultation, le Royaume-Uni pourra quitter l’UE fin juillet.