L’environnement de plus en plus concurrentiel représente une menace pour la Royal Air Maroc”, a déclaré le PDG de la compagnie aérienne nationale Abdelhamid Addou, le 21 mai devant la commission du contrôle des finances publiques de la première chambre. Cette audition s’est faite en présence de son ministre de tutelle, le ministre du Tourisme Mohammed Sajid, et intervient selon nos informations dans la continuité du rapport de la Cour des comptes de juin 2016 sur les établissements et entreprises publics.
Concurrence acharnée
Parmi les plus grands concurrents de la RAM, la compagnie Air Algérie. Celle-ci a investi l’équivalent de 25 milliards de dirhams pour acquérir de nouveaux avions, et a ouvert de nouvelles lignes vers le Tchad, le Cameroun, et le Gabon. Selon le Addou, la compagnie algérienne veille à se trouver là où le Maroc est présent.
L’autre concurrent est Turkish Airlines qui prévoit de renforcer sa flotte pour arriver à 500 appareils à l’horizon 2023 contre 331 actuellement. Le PDG de la RAM a ainsi expliqué que douze ans auparavant, le transporteur national et Turkish Airlines disposaient d’un nombre comparable d’avions, et que la compagnie aérienne turque a réussi à se développer rapidement grâce au soutien direct de l’Etat. Actuellement, la flotte de la RAM est de 61 avions. Le PDG a expliqué aussi que Turkish Airlines a réussi à séduire beaucoup de clients marocains, grâce notamment à l’ouverture de plus de vingt lignes en Afrique et au Moyen-Orient.
Le troisième danger pour la RAM, selon Addou, vient d’Ethiopie. Ethiopian Airlines vient de passer une commande de 65 nouveaux avions, qui viendront s’ajouter aux 110 déjà en sa possession. La compagnie éthiopienne vient aussi d’annoncer un partenariat avec le gouvernement du Ghana pour créer un hub dans la capitale Accra pour desservir la sous-région Afrique de l’ouest où le Maroc est bien implanté. “On ne peut pas rester les bras croisés face à cette concurrence”, a averti Abdelhamid Addou. Un appel du pied à son ministre de tutelle pour la finalisation d’un deuxième contrat-programme ?
L’ex-DG de l’Office national marocain du tourisme (ONMT) a aussi assuré que la RAM travaille à consolider son paramètre d’action historique qui est l’axe Europe-Afrique de l’Ouest, et à développer de nouvelles positions. Autres chantiers prioritaires : la transformation digitale pour répondre aux exigences des clients, et l’intégration à l’alliance internationale de transport aérien One World.
Des difficultés et quelques réalisations
D’un autre côté, Abdelhamid Addou a rejeté les critiques sur les retards fréquents des vols de la RAM. “La compagnie respecte 81% de ses horaires”, s’est-il défendu, avant d’ajouter : “Il y a eu quelques retards, dont la cause est le retard de quelques clients, c’est pour cela qu’on a pris la décision d’embarquer un quart d’heure avant le décollage”. Le PDG de la RAM a expliqué qu’un retard de décollage s’avère très coûteux financièrement, puisque l’avion doit passer du temps dans le ciel de l’aéroport de destination en attendant l’autorisation d’atterrir, ce qui provoque une consommation excessive de kérosène.
D’après les chiffres de la compagnie présentés par Abdelhamid Addou, la RAM a transporté 7,5 millions de voyageurs en 2018, ce qui représente une progression de 16% par rapport à 2017. Il en a résulté une progression du chiffre d’affaires de plus de 15% par rapport à 2016, pour atteindre 16,7 milliards de dirhams l’année dernière.
Des chiffres réalisés malgré les difficultés que rencontre la compagnie. Parmi elles, la hausse astronomique du prix du pétrole qui est passé de 30 dollars à 70 dollars le baril en 2017, sachant que le combustible représente 30% des charges d’exploitation. A cela s’ajoute le conflit social qui a opposé la direction de la RAM aux pilotes l’été dernier. Une situation qui a provoqué des retards et des annulations de vols.
Selon son PDG, la RAM réalise 1.900 vols hebdomadaires vers plus de 80 destinations, 60% des clients sont des touristes étrangers, et 25% des Marocains résidents à l’étranger.